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moins d’une manière satisfaisante. Luscinius écrit trummscheit (1536). Glaréan trouve cet instrument ridicule (1547). Mersenne le dit difficile à jouer, tellement qu’on rencontre peu d’hommes qui le jouent bien (1636). Cependant on cite de nombreux joueurs pendant le xviie s.

Selon le mémoire de J.-B. Prin, (1742), la longueur totale de l’instrument à cette époque atteignait 6 pieds, dont 4 pour le corps et 2 pour le manche, sa largeur en bas était d’un pied. La corde unique de 5 pieds 4 pouces était une 4e corde de basse non filée, que l’on accordait en ut ou en ré. Il n’y avait ni ouïes, ni échancrures. À l’intérieur de la caisse, Prin tendait une série de 21 à 24 cordes de laiton accordées à l’unisson de la grosse corde à vide et qui vibraient par sympathie. Le chevalet, d’une forme particulière, était retenu par une petite corde appelée guidon. L’instrument se jouait debout, avec un archet dont ne parle pas spécialement Prin, et qui devait être un archet de contrebasse. Prin, dernier et peut-être seul virtuose sur cet instrument, y obtenait, dit-il, des sons de trompette, de flûte et des effets d’écho fort admirés. Il y a au Musée du Conservatoire de Paris deux trompettes marines dont une avec cordes vibrantes dans la caisse. En 1768, J.-J. Rousseau oublie d’en parler.

Trompettiste, n. m. Joueur de trompette.

Tropaire, n. m. Livre contenant un recueil de tropes.

Trope, n. m. 1. Dans la musique antique et le haut moyen âge, synonyme de ton de transposition, ou de ton d’une façon absolue. || 2. Pièce liturgique formée par l’intercalation de paroles et de notes nouvelles dans le cours d’une mélodie et d’un texte préexistants. Les tropes furent en grande faveur pendant les ixe-xie s. On en forma des livres entiers appelés tropaires. Tous les chants de l’Ordinaire de la messe furent ornés de tropes qui en paraphrasaient le texte et qui en allongeaient la mélodie. Certains restèrent en usage jusqu’au xviiie s. On peut citer un exemple moderne d’intercalation analogue aux tropes dans la Messe de Sainte-Cécile, de Gounod (1855). Dans l’Agnus Dei, le ténor introduit les paroles Domine, non sum dignus, etc., qui sont reprises par le soprano après le second Agnus. Bien qu’admirée et vantée par Saint-Saëns, cette intercalation est extra-liturgique.

Troppo, adv. ital., = trop.

Trou, n. m. * Désigne, dans la culture de la voix, les notes d’une voix inculte qui se produisent mal et dont le timbre ou la puissance sont inférieurs ou inégaux aux autres sons de la même tessiture. Les trous de la voix se comblent par une pose appropriée.

Troubadour, n. m. Poète-musicien de la France méridionale aux xiie et xiiie s. Le mot, d’origine provençale, est formé du verbe trobar = trouver, de même que son synonyme du Nord de la France, trouvère, est formé du verbe trover = trouver. Le troubadour et le trouvère sont ceux qui inventent les paroles et la musique de leurs chansons. Le plus ancien des troubadours dont les œuvres littéraires aient été conservées est Guillaume VII, comte de Poitiers (1071-1127) ; on ne possède la musique que d’une seule de ses chansons. Les premiers troubadours étaient limousins et écrivaient dans le dialecte de leur province. Ils étaient des hommes cultivés, pour la plupart instruits dans les écoles monastiques ou épiscopales. Un auteur moderne a prétendu que l’art des troubadours n’est pas d’origine populaire : cependant leur type de chanson a tout de cette origine, ce qui n’exclut pas qu’elles fussent écrites par des chansonniers au courant de l’art savant. Les airs de troubadours dont on possède la notation sont dispersés dans une vingtaine de manuscrits qui ne sont pas antérieurs à la fin du xiiie s. Leur notation, dérivée des neumes aquitains, offre les mêmes caractères que celle des trouvères du Nord, quant à l’interprétation, la mesure (mode rythmique) étant réglée, dans les chants syllabiques, par la corrélation entre les accents métriques du texte et les temps forts de la mélodie. (Voy. Mode.) Les chansons des troubadours sont des mélodies chantées en solo, accompagnées à l’unisson, avec quelques doubles et triples cordes, sur la vièle, la harpe, le luth. Les genres selon lesquels on classe ces pièces correspondent la plupart du temps aux paroles, et non à la musique. On peut seulement remarquer que la pastourelle et la romance sont en général alertes et légères, au chant syllabique ou presque, tandis que les chansons d’amour, d’aube, d’histoire ou de toile, le sirventès sont plutôt développés, avec des passages vocalisés expressifs. Les troubadours les plus célèbres sont : Guillaume VII, comte de Poitiers (1071-1127), le plus ancien dont on possède les œuvres (une seule avec notation), Bernard de Ventadour (1145-1195), Jaufré Rudel (1130-1141), Gau-