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à l’endroit où la corde doit être effleurée. Il y a donc une triple notation : note ordinaire pour le son fondamental, note losangée pour la place où la corde doit être touchée ; note de moindre dimension représentant le son réel, pour le lecteur de la partition. Lorsqu’il s’agit des sons harmoniques produits aux points de la corde où se forment les mêmes sons naturels, on ne marque que la note ordinaire surmontée d’un zéro. Ex. sur la 4e corde du violon, à vide :


(le sol grave est la corde à vide).

|| Sons harmoniques sur la harpe. Le 2e son (octave) s’obtient dans la région moyenne sur la harpe en touchant de la paume de la main le point milieu de la corde que le pouce ou l’un des deux premiers doigts ébranlent. On en prescrit l’emploi par un zéro au-dessus de la note fondamentale. Berlioz les emploie à la fin de la Valse des Sylphes de La Damnation de Faust (1848).

Sonate, n. f.  *Le sens du mot a varié avec les époques : depuis la seconde moitié du xviie s., il s’entend d’une série de morceaux ayant, à son origine, quelques rapports avec la suite, mais composée de pièces de musique pure, et non d’imitation de mouvements de danses. Pour l’origine du mot, on peut indiquer que Sonade voulait dire, au xvie s., toute musique sonnée par les instruments. Le chroniqueur anonyme du règne de François Ier parlant des fêtes données à Châtellerault en 1541 pour le mariage du duc de Clèves avec la princesse de Navarre, nièce du roi, rapporte que pour l’arrivée de François Ier on avait préparé deux « échaffaulx » couverts de « joueurs de trompettes, tabourins des Suisses, phiffres, clairons, haulboys, cornetz, doulcines, fluttes, buccines et toutes sortes d’autres instruments qui donnèrent la sonnade au Roy quand il entra » dans le pavillon qu’on lui avait destiné. Ce mot s’employa donc d’abord simplement par opposition à la musique vocale. Il se confondit avec les autres titres de pièces instrumentales, ou plutôt celles-ci furent englobées sous le titre de sonates. Sur les limites du xvie et du xviie s. apparut une distinction assez vague entre les mots Canzone et Sonate. Les Sonates d’André Gabrieli (1586) semblent perdues. Celles de son neveu Giovanni (1597 et 1615), de style plus libre que le ricercar, ressemblent absolument à ses Canzone. D’ailleurs, Praetorius (1619) assimile la sonate à la canzone. Ces sonates se composaient, comme les autres pièces instrumentales, à 3, 4, 5 parties, pour s’exécuter par des groupes d’instruments, ou par un seul musicien sur l’orgue ou l’épinette, etc. Les sonates écrites par Giov. Gabrieli sont, sous le rapport du nombre, de petites symphonies. Il a une sonate à 22 parties. La parité entre la canzone et la sonate s’explique par le fait qu’un certain nombre de canzoni dans la 1re moitié du xviie s., ont des épisodes de mesures et de mouvements variés. On rencontre successivement, dans une seule canzone par ex., un mouvement 4/4, suivi d’un 3 ou d’un 6/4, auquel succède un adagio, puis un allegro en 4/4 ou alla breve barré, le tout s’enchaînant. Il en est absolument de même dans la sonate à son premier âge : c’est un morceau assez étendu, où l’on observe la même variété de mouvements, qui seront appelés à être détachés les uns des autres, pour former des pièces ayant une individualité propre. Même à l’âge où la sonate sera constituée de morceaux distincts, on continuera longtemps d’écrire des sonates d’un seul tenant, fidèles au plan primitif, ainsi encore chez des auteurs de sonates de violon au xviiie s., tel Vivaldi. C’est un Italien, Legrenzi, qui, en 1667, donna le premier l’exemple d’une sonate pour violon, partagée en trois morceaux, Sonata da camera. Les livres de Sonate da camera et Sonate da chiesa que Corelli (1653 † 1713) publia alternativement de 1685 à 1694, pour violon également, font clairement comprendre la séparation des deux genres. Les Sonates d’église sont de la musique pure annonçant la sonate moderne avec sa symétrie de formes ; il n’y paraît pas de pièces de danse, du moins qui en portent les titres ou qui en révèlent nettement la coupe, mais on y trouve cependant des morceaux gais et aimables ; elles comprennent généralement 4 morceaux qui sont une introduction lente et majestueuse, un allegro fugué solide, un morceau lent expressif, un allegro final de mouvement vif. Les Sonates de chambre offrent le groupement des pièces à danser tel que l’ont rendu familier les