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Les Sabots, de Sedaine (1768), marquent le principal succès : Philidor, principalement connu par Le Maréchal Ferrant (1761), Sancho-Pança (1762), Tom Jones (1765), œuvres où l’excellence du chant et la justesse de la déclamation n’ont d’égal que le piquant de l’orchestre, très souvent descriptif ; Monsigny, qui, après Les Aveux indiscrets (1759), repris avec succès en 1913, compose la même année que Gluck Le Cadi dupé (1761), et On ne s’avise jamais de tout ; puis Rose et Colas (1764) et enfin Le Déserteur (1769), bien des fois remis à la scène, et où la critique moderne voit « l’ébauche du drame lyrique » (Cucuel) tel qu’il est représenté au xixe s. par Le Freischütz et Carmen ; Grétry, qui, de 1768 à 1797, approvisionne l’O.-comique : de ses productions, il faut mettre à part le fameux Richard Cœur-de-Lion (1784), repris encore assez fréquemment, et, pour les rapprochements curieux à en tirer, La Rosière de Salency (1793) où l’on trouve avec étonnement nombre de thèmes employés par Beethoven, ce qui s’explique, ce maître en sa jeunesse ayant été l’accompagnateur du théâtre de Bonn au moment où tout ce répertoire de l’O.-comique français y était en usage, nouveau témoignage de la diffusion du genre à l’étranger. De l’ancien O.-comique on pourra encore citer Nina ou la folle par amour, de Dalayrac (1786). Quant à la plus grande partie du répertoire O.-comique pendant le siècle qui suivit, il n’innova rien, et périclita plutôt, tombant petit à petit au rang de l’opérette.

L’O.-comique moderne cherche sa formule. « Ce que l’ancien O.-buffa italien a de tout spécial, et, en un sens, d’inégalé, c’est le débordement de la verve joyeuse, la faconde intarissable, une active belle humeur toujours aise de chanter et de rire… L’O.-comique français, en ses meilleurs exemplaires, est d’une coulée beaucoup moins pleine, d’une inspiration moins libre, moins spontanée, moins brillante ; plus sobre, préoccupé davantage de justesse et de finesse, moins grisé de joie et d’éclat, il dose adroitement l’émotion, la gaîté, l’esprit ; il y réussit quelquefois d’une manière exquise, réalisant à merveille ce qu’on appelle au théâtre le demi-caractère… Mais des ouvrages tels que les Nozze et Les Maîtres chanteurs marquent, en leurs genres respectifs, deux cimes… Ces deux œuvres témoignent d’une égale perfection, mais le but a changé. Dans Les Maîtres chanteurs, la musique a résolu des problèmes nouveaux ; elle a montré tout d’abord qu’il n’existe pas plus de « genres » pour elle que pour la poésie libérée des vieux formalismes (Ernst). Sancho, « comédie musicale » en 4 actes, de Jacques-Dalcroze (1898), et Le Bonhomme Jadis, du même (1906), sont au nombre des meilleurs essais d’O.-comique moderne. (voy. Comédie). || Opérette ; O.-bouffe. L’O.-buffa et l’O.-comique ont parfois été nommés « opérette » au xviiie s. Ce dernier a pris aussi à l’occasion le nom d’O.-bouffon. C’est en ce dernier sens que le terme O.-bouffe a prévalu depuis 1855, avec Jacques Offenbach et Hervé. L’opérette moderne est ce dérivé de l’ancien O.-comique où la musique retourne à la simplicité de la musique empruntée : il a comme division l’ « opérette-bouffe » qui représente le dernier degré musical du genre, guère au-dessus du vaudeville. On peut citer de Hervé L’Œil crevé ; d’Offenbach, comme O.-bouffe, La Belle Hélène (1864), Orphée aux Enfers (1855) ; comme opérettes, La Périchole (1868), La Chanson de Fortunio (1861) ; de Lecoq, La fille de Madame Angot (1872) ; le Petit Duc (1878) ; de Cl. Terrasse, Les Travaux d’Hercule (1901).

Ophicléide, n. m. Instrument à vent en cuivre, à clefs. Il se construit à l’état d’alto et de basse (et même de contrebasse). Son principe est identique à celui du bugle à clefs ou trompette à clefs ; mais, grâce à la différence du nombre des clefs, qui est porté à onze, il possède toute une octave grave de plus. L’échelle chromatique obtenue sur l’O. basse en ut s’étend de l’ut au-dessous de la portée en clef de fa jusqu’à l’ut placé trois octaves au-dessus.


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L’O. alto se construit en mi bémol. Son nom signifie « serpent à clefs », (du grec ophis, serpent, et cleides, clefs). Il fut inventé en Angleterre par un facteur français, Frichot, en 1800, sous le nom de Cor-basse (bass-horn) et proposé en 1806 au ministre de la guerre, en France, pour les musiques militaires. L’O. servit de basse à la famille des bugles à clefs ; de 1815 à 1848, il fut le principal instrument grave des bandes militaires. Asté (dit Halari) prit en 1821 un brevet pour des ophicléides à huit clefs. Spontini l’introduisit en 1819 dans l’orchestration de son opéra Olympie ; Meyerbeer fut un des derniers à s’en servir dans Robert le Diable (1831). Men-