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l’exécution de M., jusque dans la seconde moitié du xviie s. Pour les chanteurs d’opéra, chanter de M. est une obligation inéluctable. Bien que rien ne l’impose aux instrumentistes, l’habitude s’en établit peu à peu pour les solistes et devint si générale, qu’en certains lieux le public s’étonna de voir entre autres Raoul Pugno jouer un concerto « avec la musique », et que l’une des causes pour lesquelles Antoine Rubinstein cessa ses tournées de concerts, fut l’usure de sa M., qui ne lui permettait plus d’interpréter par cœur tout un répertoire pianistique. Beaucoup d’amateurs se laissent impressionner par la vue d’un chef d’orchestre qui conduit sans partition les symphonies classiques, ou même, comme le fit Toscanini, un opéra de Wagner tout entier. Cependant, au début de cette coutume, Hubert Le Blanc (1740), dénonçait « le par cœur » comme étant « la plus grande ânerie des musiciens ». Les virtuoses les mieux doués ne sont jamais à l’abri d’un défaut de M., qui met en danger leur exécution et l’œuvre même qu’ils interprètent et dirigent. Mais il est rare que le public s’aperçoive des erreurs d’un soliste. Les faits de M. les plus marquants et qui sont indispensables se remarquent chez les aveugles-musiciens, pour lesquels le travail de mémorisation d’après la notation en relief est un triomphe de la patience.

Mémorisation, n. f. Opération destinée à fixer un objet dans la mémoire.

Ménestrandie, n. f. Anc. n. français par lequel les écrivains des xive -xve s. désignent l’exercice de la profession musicale. Froissart parle entre autres plusieurs fois de « grand’foison de ménestrels » faisant « leur devoir de leur ménestrandie » dans les fêtes publiques. Au xviie s., Couperin intitule « les Fastes de l’ancienne Ménestrandise » une composition descriptive et à demi satirique pour le clavecin.

Ménestrel, le, anc. n. fr. 2 g., avec quelquefois le plur. menestreux. Nom désignant au moyen âge, toute espèce de musicien, les chanteurs étant appelés « M. de bouche », les joueurs d’instruments militaires « M. de guerre », etc. Depuis le xive s., le mot Menestrier, employé d’abord indifféremment avec le mot Ménestrel, l’emporta et ne servit plus à désigner que des instrumentistes. Très nombreux en tous pays et détenteurs de la profession musicale, qu’ils exerçaient soit en entrant au service des princes ou des villes, soit en menant par groupes ou isolément l’existence ambulante des jongleurs, dont ils étaient les successeurs et les héritiers, les M. s’organisèrent en chaque contrée en associations florissantes. Fondée en 1321, la Confrérie et corporation des M. de Paris ne disparut qu’en 1776, par l’abolition du régime des corporations sous le ministère de Turgot. Celle de Ribeaupierre, en Alsace, établie vers la fin du xive s., subsista jusqu’en 1789. Des sociétés analogues existaient en quelques provinces de France, en Allemagne, en Angleterre. Leurs membres obéissaient à des statuts réglant les conditions de l’apprentissage, et l’exercice de la profession. Ils étaient placés quant à l’observation de ces statuts, sous la juridiction de l’un d’entre eux, désigné ou agréé par l’autorité souveraine et qui portait généralement, à l’étranger comme en France, le titre de « roi des menestriers ». (Voy. ce mot.) Des assemblées corporatives, appelées au xive s. écoles, et, en mauvais latin, scolas, tenues pendant le carême, période de chômage pour les divertissements publics, réunissaient chaque année en grand nombre, en des lieux déterminés, les ménestriers venus quelquefois de fort loin, pour s’occuper des intérêts de leur profession. L’élévation du niveau de la culture instrumentale marqua la décadence de l’état de Menestrier. On vit en Angleterre la reine Élisabeth reléguer les M. dans la catégorie des mendiants et des vagabonds (1597). En France, le nom de ménétrier ne fut plus appliqué qu’aux musiciens populaires, jouant des airs de danse dans les bals de village.

Ménétrier, n. m. Voy. Ménestrel.

Meno, adv. ital., = moins. Meno mosso, indication de mouvement, = moins vite.

Mensuraliste, n. m. Théoricien de la notation proportionnelle, à la fin du moyen âge. (Voy. Notation.) || Partisan de diverses doctrines modernes, qui prétendent plier l’ancien chant grégorien à des mesures rigoureusement déterminées.

Mentonnière, n. f. * Petite pièce de bois que l’on adapte par le moyen de crochets, à la base du violon, pour permettre à l’élève de prendre l’habitude d’une bonne tenue, en y appuyant le menton. La mentonnière est creusée en conséquence.

Menuet, n. m. Ancienne danse française, de rythme ternaire, qui apparaît au xviie s. et semble un dérivé du « branle à mener » poitevin.