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latitude au vituose de suivre sa fantaisie pour l’exécution d’un fragment.

Accell. Abréviation pour accellerando.

Accellerando, part. prés. du v. tr. ital. accellerare, = en accélérant, en pressant le mouvement.

Accent, n. m. 1. En grammaire, élévation ou abaissement de la voix sur certaines syllabes. Les A. aigu, grave, circonflexe et anticirconflexe figurés dans la prosodie grecque et latine donnèrent au moyen âge naissance à la notation neumatique (voy. ce mot). || 2. En musique, intensité donnée aux sons essentiels d’une phrase ou d’un fragment, pour en souligner l’importance tonale, rythmique ou expressive. Sauf dans la musique de danse ou de marche, l’A. n’a pas de place fixe dans la mesure ; il n’est aucunement lié au retour symétrique du temps fort ; au contraire, il souligne souvent l’effet d’un contretemps :


\language "italiano"
melody = \relative do''' {
  \clef treble
  \key fa \major
  \time 4/4
  \omit Staff.TimeSignature
  la4 sib2^> la4 | la fa2^> la4 | la do2^> la4 |
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
   \midi {  }
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  print-page-number = ##f
}
(C. Franck, Symphonie.)

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \clef treble
  \key mib \major
  \time 6/8
  r8 do re mib sol4^> | r8 fa sol lab \stemUp do4^> |
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
   \midi {  }
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  print-page-number = ##f
}
(Saint-Saens, 3e Symphonie.)

Dans la musique ancienne, le lieu de son emploi était entièrement laissé au goût et au savoir de l’interprète : on ne l’exprimait pas dans la notation. C’est de l’extension prise peu à peu par la culture de la musique dans un monde d’amateurs plus nombreux et moins instruits qu’est né le besoin de guider l’exécutant d’une manière plus étroite et plus précise. Les éditions modernes font un usage fréquent de l’abrév. sf (sforzando), du crochet, du soufflet et du signe de liaison (voy. ces mots), pour désigner les principales notes à accentuer. Le petit trait en forme de l’accent aigu grammatical, qui s’emploie, posé verticalement au-dessus de la note, n’y conserve pas le caractère d’un accent, mais désigne un son détaché ou piqué (voy. ces mots). || 3. Dans l’ancien art du chant français, l’accent était un agrément analogue à la plainte, appartenant au genre de l’appogiature et consistant en une légère inflexion de la voix sur le degré supérieur, avec retour au son principal. On le notait par une virgule retournée :


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \clef treble
  \key fa \major
  \time 3/4
  \omit Staff.TimeSignature
  \partial 2 sib4. sol8 | re'2(^\markup { "˒" } re4) \bar "||"
  \partial 2 sib4. sol8 | re'2^\markup \italic "effet" \grace mib16 re4
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
   \midi {  }
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  print-page-number = ##f
}
(L’Affilard, Principes, 1635)

À la même époque, M. Praetorius, en Allemagne, ne classait sous le nom d’Accenti pas moins de 46 formules de notes de passage, destinées à faire ressortir l’importance d’un mouvement mélodique. Exemple, dans le cas du mouvement ascendant sol-ut :


\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \clef treble
  \key fa \major
  \omit Staff.TimeSignature
  \time 8/4
  sol2. la8. sib16 do1 \bar "||" sol2 sol8. do16 sol4 do1 \bar "||" 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
  }
   \midi {  }
}
\header { tagline = ##f}
\paper {
  print-page-number = ##f
}
(Praetorius, Syntagma, 1618.)

|| 4. On traduit communément par A. ou accents cantoraux le mot hébreu tâmin, par lequel sont désignés les signes de ponctuation et ceux qui représentent les formules mélodiques mêlées aux passages récités, dans le chant de la Synagogue.

Accentuation, n. f. Manière de placer les accents dans l’exécution musicale. Une bonne A. est une partie essentielle de l’art de phraser. (Voy. Phrasé.)

Accentuer, v. tr. Faire sentir les accents. Mettre en relief les sons essentiels.

Acciacatura, n. f. ital. formé du v. acciacare = écraser, aplatir. Nom d’un ornement en usage chez les clavecinistes et organistes du xviiie s., qui le combinaient souvent avec l’arpège. Il consistait à faire précéder la note accentuée, dans un passage mélodique, ou la note centrale ou terminale, dans un accord arpégé, d’une petite note de courte durée, ou appogiature brève, placée un demi-ton au-dessous. L’A. se figurait soit par une petite note transversale, oblique coupant l’accord au lieu de son introduction. Elle est ainsi notée dans les anciennes éditions de Bach. (Voy. Appogiature.)

Accident, n. m. Signe d’altération par lequel un son de la gamme naturelle se trouve élevé ou abaissé d’un ou de deux demi-tons chromatiques. Le dièse et le double dièse marquent l’élévation, le bémol et le double bémol double bémol, l’abaissement. Le retour au son naturel après un son diésé ou bémolisé se marque par un bécarre ou un double bécarre et par un bécarre avec un dièse , s’il s’agit du passage du double dièse au dièse, un bécarre et un bémol dans le cas où l’on passe du double bémol