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On peut ranger dans la classe des surnoms, les noms que les grammairiens appellent gentilitia, et qui se tirent, tantôt du lieu natal, tantôt de la ville ou l’on a reçu le droit de cité. Vossius cite pour exemple Phérécyde, qu’on appelait à la fois Lérien et Athénien ; Denys, surnommé le Thrace, natif d’Alexandrie, et connu sous le nom de Denys le Rhodien ; Apollonius d’Alexandrie, qui tirait également sou surnom de Rhodes, où il avait établi sa résidence.

Enfin, les Grecs employèrent jusqu’aux lettres de leur alphabet pour désigner divers personnages. En voici quelques exemples : Eratosthène, de Cyrène, disciple du poète Callimaque, contemporain des Ptolémée, Evergète et Philopator, jouissait d’une grande réputation comme grammairien, philosophe, poète et géomètre ; mais comme il n’était pas du premier ordre des littérateurs de son temps à qui l’on avait donné le nom d’Α, Alpha, il fut appelé Β, Bêta, de la deuxième lettre de l’alphabet. Pythagore fut surnommé Γ, Gamma ; Anténor, historien de Crète, Δ, Delta, du dorique Cretois Deltos, brave homme, bon citoyen. On nomma Ε, Epsilon, Apollonius, ceièbre astronome, qui vivait du temps de Ptolémée Philopator, pour avoir fait des recherches curieuses sur la figure de la lettre Ε, qui tourne avec la lune. Satyre, ami d’Aristarque, fut appelé Ζ, Zêta, des soins qu’il prit d’approfondir la nature des choses ; zêtein, chercher. Ésope fut dit Θ, Thêta, par son maître Idmon, parcequ’il réunissait les qualités d’un serviteur adroit et fidèle, thês, thêkos, serviteur à gages. La mère de Cypsèle fut nommée Λ, Lambda, par Apollon, parcequ’elle avait les pieds tournés en dehors. Saint-Pacôme, dit Sozomène, distribua ses religieux en vingt-quatre classes, et donna à chacun le nom d’une lettre grecque, selon qu’il la jugeoit convenable à leur humeur et à leur caractère.

Chez une nation aussi féconde en grands hommes que le fut long-temps la Grèce, il dut y avoir des noms qui furent plus particulièrement l’objet de la vénération publique. De ce nombre furent, chez les Athéniens, ceux d’Harinodius et d’Aristogiton, meurtrier du tyran Hippias, un des fils de Pisistrate. Ces noms étaient tellement respectés, qu’une loi défendait expressément de les donner aux esclaves. A cet exemple, Domitien, par une imitation aussi ridicule que barbare, punit de mort Métius Pomposianus, pour avoir avili les noms de Magon et d’Annibal, en les faisant porter par deux de ses esclaves ; excès de sévérité qui n’eût été excusable qu’à Carthage.

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