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On a fait honneur à Cyrus et à Mithridate de connaître de nom tous les soldats de leur armée, exagération qui doit, je crois, souffrir quelques réductions. Il n’est pas douteux que ce ne soit un mérite dans un général, et c’est une connaissance qui n’est pas inutile à un prince. L’empereur Adrien avait une telle mémoire, qu’il redressait souvent les erreurs de ses nomenclateurs. Brantôme assure qu’il n’y avait grande maison dans le royaume que Catherine de Médicis ne connût, à l’exemple de François Ier, qui savait les généalogies de toutes les familles illustres de France ; et de Henri II son mari, à qui il suffisait de voir une fois un homme pour ne plus oublier ni ses traits ni sa réputation.

Les Espagnols ont eu de tout temps la manie de porter beaucoup de noms ; ce qui fait dire à Arlequin, en parlant d’un homme de cette nation qui en avait une litanie : « Il faut que cet homme-là ait eu bien des pères, puisqu’il porte tant de noms. »

On conte à ce sujet qu’un Espagnol, surpris par la nuit, se présenta à la porte d’une hôtellerie de village. L’hôte met la tête à la fenêtre et demande qui frappe à cette heure. « Ouvrez, dit l’Espagnol, à dom Alonzo, etc. » et il se mit à défiler une kirielle de noms. « Oh ! dit l’hôte, en refermant brusquement la fenêtre, je n’ai pas assez de lits pour tant de monde, » et l’Espagnol resta à la porte avec tous ses nobles aïeux.