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4 DICTIONNAIRE DES SYNONYMES

APAISER, CALMER. Le vent s’apaise ; la mer se calme. On apaise le courroux, la fureur ; on calme l’émotion. Une soumission nous apaise ; une lueur d’espérance nous calme.

APOCRYPHE, SUPPOSÉ. Ce qui est apocryphe n’est ni prouvé, ni authentique ; ce qui est supposé est faux et controuvé.

APOTHÉOSE, DÉIFICATION. L’apothéose était nne cérémonie qui plaçait des hommes au rang des dieux ; la déification est l’acte d’une imagination superstitieuse qui suppose la divinité où il n’y a que la créature, et qui, en conséquence, lui rend un culte de religion.

APPAREILS, APPRETS, PRÉPARATIFS. Un cuisinier commence dès la veille les préparatifs d’un festin ; il en fait les apprêts le matin, et n’en dresse l’appareil qu’au moment du service.

APPAS, ATTRAITS, CHARMES. Les attraits inspirent le penchant ; les appas excitent le désir ; les charmes produisent la passion. Les appas, au figuré, tiennent plus de l’art ; on doit les attraits, les charmes à la nature. La vertu a des attraits, la richesse a des appas ; le plaisir a des charmes. Appas se dit des beautés matérielles et palpables ; cachez vos appas.

APPÂT, LEURRE, PIÉGE, EMBÛCHE. L’appât et le leurre agissent pour tromper ; le piège et l’embûche attendent que nous y donnions : on est pris dans le piège, et surpris par l’embûche.

APPELER, ÉVOQUER, INVOQUER. Nous appelons, les hommes, les animaux qui vivent autour de nous ; nous évoquons les esprits ; nous invoquons la divinité.

APPLAUDISSEMENTS, LOUANGES. Le premier semble plus propre aux choses, le second aux personnes. On applaudit en public et au moment où l’action se passe ; on loue dans toutes sortes de circonstances. Les applaudissements partent de la sensibilité ; les louanges ont leur source dans le discernement de l’esprit.

APPLICATION, MÉDITATION, CONTENTION. L’application est une attention suivie et sérieuse ; la méditation est une attention détaillée et réfléchie ; la contention est une attention forte et pénible.

APPOSER, APPLIQUER. Appliquer, c’est imposer une chose sur une autre ; apposer n’est que du style de pratique. On appose le scellé ; on applique un emplâtre.

APPRÉCIATION, ESTIMATION, ÉVALUATION, PRISÉE. L’estimation se fait par experts, et se dit de toutes sortes d’objets ; la prisée se fait par huissier, et se dit des meubles ; l’évaluation se fait des choses qui consistent en poids, nombre et mesure ; l’appréciation se fait des marchandises dont les parties ne sont pas convenues du prix.

APPRÉCIER, ESTIMER, PRISER. Apprécier, c’est juger du prix courant de la vente et de l’achat des choses ; estimer, c’est juger la valeur ; priser, c’est mettre un prix.

APPRENDRE, ÉTUDIER. Étudier, c’est travailler à devenir savant ; apprendre, c’est y travailler avec succès.

APPRENDRE, S’INSTRUIRE. On apprend d’un maître ; on s’instruit par soi-même. On peut apprendre sans étude, on ne s’instruit que par elle. Il faut plus de docilité pour apprendre ; et il y aplus de peine à s’instruire. Qui sait écouter, sait apprendre ; qui sait parler, sait s’instruire. Celui qui apprend un art ou une science, est dans le rang des écoliers ; celui qui s’en instruit, a le mérite de maître.

APPRÊTER, PRÉPARER, DISPOSER. On apprête pour ce qu’on va faire ; on prépare pour être en état de le faire ; on dispose pour s’arranger à pouvoir le faire.

APPRÊTÉ, COMPOSÉ, AFFECTÉ, AFFÉTÉ. L’homme apprêté est recherché dans ses manières et

dans ses discours ; l’homme composé est grave, froid, réservé, circonspect, recherché dans son air et sa contenance ; l’homme affecté n’a point la modération, la mesure qu’il convient de garder ; l’homme affété se distingue par de petites manières recherchées. La précieuse est apprêtée ; la prude, composée ; la petite maîtresse, affectée ; la minaudière, affétée.

APPROBATION, AGRÉMENT, CONSENTEMENT, RATIFICATION, ADHÉSION. Approbation se rapporte également aux opinions de l’esprit et aux actes de la volonté : il s’applique au présent, au passé et à l’avenir ; agrément ne se rapporte qu’aux actes de la volonté, et s’applique aux trois circonstances du temps ; consentement et ratification sont relatifs aux actes de la volonté ; ratification ne se dit que des actes du passé ; adhésion n’a rapport qu’aux opinions et à la doctrine.

APPROPRIER (s’), ARROGER (s’), ATTRIBUER (s’).

S’approprier, prendre pour. soi, se dit de tout ce qui peut constituer une propriété matérielle ; s’arroger, est aussi se rendre propre, mais avec hauteur, avec insolence ; s’attribuer une chose, se l’adjuger, se dit des talents, de toutes les dispositions de l’âme ou de l’esprit. L’homme avide s’approprie ; l’homme vain s’arroge, et l’homme jaloux s’attribue. On s’attribue une intention ; on s’arroge des titres, on s’approprie un champ.

APPUI, SOUTIEN, SUPPORT. L’appui fortifie, on le met tout auprès ; le soutien porte, on le place au-dessous ; le support aide, il sert de jambage. Une muraille est appuyée par des arcs-boutants ; une voûte est soutenue par des colonnes ; le poids d’une maison est supporté par les gros murs. Dans le sens figuré, l’appui a pIns de rapport à la force et à l’autorité ; le soutien en a plus au crédit et à l’habileté ; le support en a davantage à l’affection et à l’amitié.

APPUYER, ACCOTER. Appuyer indique l’élévation d’un corps à côté d’un autre ; accoter exprime la position à côté. Accoter, c’est appuyer contre. On appuie un mur ; on accotte un arbre.

APTITUDE, DISPOSITION, PENCHANT. L’aptitude vient de l’esprit ; la disposition, du tempérament ; le penchant, du cœur. La disposition fait entreprendre ; l’aptitude fait réussir ; le penchant attache à ce que l’on fait.

ARIDE, SEC. Une longue sécheresse cause l’aridité. Un terrain sec peut redevenir fertile par l’arrosement ; un sol aride est frappé de stérilité : il absorbe inutilement l’eau dont on l’arrose.

ARME, ARMURE. Arme, est proprement l’instrument qui sert pour l’attaque, pour la défense ; armure n’est d’usage que pour ce qui sert à protéger, à couvrir le corps ou une de ses parties.

ARMES, ARMOIRIES. On dit, armes, lorsqu’il s’agit de telles armes en particulier : les armes d’Espagne ; on dira plutôt armoiries, si l’on considère ces symboles en général.

AROMATE, PARFUM. L’aromate est le corps d’où s’élève l’odeur ; le parfum est l’odeur qui s’élève. Parfum se prend aussi pour le corps qui parfume ; mais aromate ne se dit jamais de l’odeur même. Le parfum ne s’adresse qu’à l’odorat ; l’aromate flatte l’odorat et le goût.

ARRACHER, RAVIR. On arrache un arbre, une dent, un clou, une fille des bras de sa mère ; on ravit des biens, une proie, des choses mal gardées. Arracher suppose toujours l’emploi de la force, de la violence ; ravir ne suppose souvent que celui de la ruse, de l’adresse.

ARRANGER, RANGER. On range ce que l’on met à sa place, à son rang, un livre, un habit ; on arrange ce que l’on met en ordre, une bibliothèque, îles meubles, un appartement.

ARRÊTER, RETENIR. Pour arrêter, il suffit d’interrompre momentanément le mouvement ; pour

retenir, il faut le suspendre : on arrête un voleur on le retient en prison.

ART, MÉTIER, PROFESSION. Le métier constitue l’ouvrier, l’homme de travail ; la profession fait l’homme d’un tel ordre, d’une telle classe ; Part fait l artisan, l’artiste, l’homme habile. Le métier demande un travail de la main ; la profession un travail industriel quelconque ; l’art, un travail. de l’esprit, sans exiger le travail de la main. ARTISAN, OUVRIER, ARTISTE. L’artisan exerce ! un art mécanique ; l’ouvrier fait un genre d’ouvrage manuel ; le peintre, le sculpteur, sont des artistes., ASCENDANT, EMPIRE, INFLUENCE. L’ascendante est le pouvoir d’une supériorité légitime, celui d’un vieillard respectable, d’un père vertueux empire est le pouvoir de la force ; influence, celui de l’éloquence, de la persuasion, de l’insinuation, de l’entraînement.

ASILE, REFUGE. L asile est un lieu de sûreté, d’où l’on ne peut être arraché ; le refuge est un asile contre un danger pressant. Dans l’asile ~on est hors de danger ; dans le refuge, on n’échappe qu’à la poursuite.

ASPECT, VUE. Le deuxième se dit de celui qui voit ; le premier, de l’objet qu’il voit ; on a une belle vue, une vue très-étendue sur une campagne inondée ou stérile, dont l’aspect est désagréable.

ASPIRER, PRÉTENDRE. Le désir fait aspirer après la possession d’un bien ; si l’on y a dei droits, il est juste d’y prétendre ; tous les hommes aspirent au bonheur, la vertu seule permet d’y prétendre.

ASSEMBLER, RASSEMBLER. On assemble un armée par la réunion des corps épars, par des levées ; on la rassemble en rappelant les troupe qui en avaient été séparées par des opérations, ou en rappelant les semestres.

ASSEZ, SUFFISAMMENT. Assez a rapport à H quantité qu’on veut avoir ; suffisamment, à la quantité qu’on vent employer. L’avare n’a jamais assez d’argent ; le prodigue n’en a jamais suffisamment.

ASSOCIER, AGREGER. On associe à une entreprise ; on agrège à un corps : certains corps ont des agrégés, d’autres des associés ; tantôt ils constituent le même corps, tantôt ils n’y sont qu comme ajoutés.

ASSUJETTISSEMENT, SUJÉTION. L’assujettissement désigne un état habituel ; la sujétion marque la situation actuelle. Les lois, les bienséances nous tiennent dans l’assujettissement ; les soins, les travaux sont des sujétions.

ASSURER, AFFIRMER, CONFIRMER. On se sert du ton de la voix pour assurer, du serment pour affirmer, d’une nouvelle preuve pour confirmer.

ASTRONOME, ASTROLOGUE. L’astronome connaît le cours et le mouvement des astres ; l’astrologue raisonne sur leur influence, prédit les événements.

ATHÉE, MATÉRIALISTE. L’athée prétend croire qu’il n’y a point de Dieu ; le matérialiste voit Dieu dans la matière, ou comme intelligente et active, ou comme identifiée à Dieu qui en est l’âme ; dans le premier cas, il est athée ; dans le second, il devient presque théiste.

ATRABILAIRE, MÉLANCOLIQUE. Le mélancolique a le cœur attendri, sa tristesse est morne et inquiète ; l’atrabilaire a le cœur endurci, sa tristesse est sombre et farouche. Le mélancolique évite les hommes ; l’atrabilaire les repousse.

ATTACHE, ATTACHEMENT, DÉVOUEMENT. L’attacha est une sorte de passion forte et déréglée ; elle peut se prendre en mauvaise part. L’attachement est un sentiment plus tendre et plus durable. On a de l’attache au jeu ; de l’attache ment pour sa famille, ses amis. L’attachement unit à ce que nous aimons ; l’attache, à ce que nous estimons comme précieux ; Rattachement, le dévouement