Page:Dictionnaire général de la langue française de François Raymond-T1-0-Introductions 01.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE II.Seconde espèce de mots.


L’Article le, la, les.

L’article est un petit mot que l’on met devant les noms communs, et qui en fait connaître le genre et le nombre.

Nous n’avons qu’un article le, la, au singulier ; les, au pluriel : le se met devant un nom masculin singulier, le père ; la se met devant un nom singulier féminin, la mère ; les se met devant tous les noms pluriels, soit masculins, soit féminins : les pères, les mères. Ainsi l’on connaît qu’un nom est du genre masculin, quand on peut mettre le devant ce mot : on connaît qu’un nom est du genre féminin, quand on peut mettre la.

Il y a deux remarques à faire sur l’article.

Première remarque. — On retranche e dans le mot le ; on retranche a dans la, quand le mot suivant commence par une voyelle ou un h muet.

Ainsi l’on dit l’argent pour le argent, l’histoire pour la histoire ; mais alors on met à la place de la lettre retranchée cette petite figure (’) qu’on appelle apostrophe.

Deuxième remarque. — Pour joindre un nom à un mot précédent, on met de ou à devant ce nom : fruit de l’arbre ; utile à l’homme.

Alors, au lieu de mettre de le devant un nom masculin singulier qui commence par une consonne, on met du.

Au lieu de à le, on met au.

Devant un nom pluriel, de les se change en des ; à les se change en aux.

Exemples : singulier masculin. — Le roi. Palais du roi, pour de le roi. Je plais au roi, pour à le roi.

Pluriel masculin. — Les rois. Palais des rois, pour de les rois. Je plais aux rois, pour à les rois.

Singulier féminin. — La reine, de la reine, à la reine.

Pluriel féminin. — Les reines. Des reines, pour de les reines. Aux reines, pour à les reines.

Au contraire, de et à devant la ne se changent jamais.

Lorsque le mot suivant commence par une voyelle ou par un h muet, on retranche e dans l’article le et a dans l’article la, et l’on met à la place une petite figure, ou apostrophe (’), comme il est dit ci-dessus à la première remarque. Ainsi on dit l’ami pour le ami, l’horloge pour la horloge, etc.

CHAPITRE III.Troisième espèce de mots.
L’Adjectif.

L’adjectif est un mot que l’on ajoute au nom pour marquer la qualité d’une personne ou d’une chose, comme bon père, bonne mère, beau livre, belle image : ces mots bon, bonne, beau, belle, sont des adjectifs joints aux noms père, mère, etc.

On connaît qu’un mot est adjectif, quand on peut y joindre le mot personne ou chose : ainsi, habile, agréable, sont des adjectifs, parce qu’on peut dire personne habile, chose agréable.

Les adjectifs ont les deux genres masculin et féminin. Cette différence de genres se marque ordinairement par la dernière lettre.

Comment se forme le féminin dans les Adjectifs français ? Règle générale.

Quand un adjectif ne finit point par un e muet, on y ajoute un e muet pour former le féminin : prudent, prudente ; saint, sainte ; méchant, méchante ; petit, petite ; grand, grande ; poli, polie ; vrai, vraie.

Première exception. — Les adjectifs suivants, cruel, pareil, fol, mol, ancien, bon, gras, gros, nul, net, sot, épais, etc., doublent au féminin leur dernière consonne avec l’e muet : ainsi, cruelle, pareille, folle, molle, ancienne, bonne, grasse, grosse, nulle, nette, sotte, épaisse.

Beau et nouveau font au féminin belle, nouvelle, parce qu’au masculin on dit aussi bel, nouvel, devant une voyelle ou un h muet ; bel oiseau, bel homme, nouvel appartement.

Deuxième exception. — Blanc, franc, sec, frais, font au féminin blanche, franche, sèche, fraîche.

Public, caduc, font au féminin publique, caduque.

Troisième exception. — Les adjectifs bref, naïf, font au féminin brève, naïve, en changeant f en v ; long fait longue.

Quatrième exception. — Malin, bénin, font maligne, bénigne.

Cinquième exception. — Les adjectifs en eur font ordinairement leur féminin en euse : trompeur, trompeuse ; parleur, parleuse ; chanteur, chanteuse ; cependant pécheur fait pécheresse ; acteur fait actrice ; protecteur, protectrice.

Sixième exception. — Les adjectifs terminés en x se changent en se : dangereux, dangereuse ; honteux, honteuse ; jaloux, jalouse, etc. ; cependant doux fait douce ; roux fait rousse.

Comment se forme le pluriel ?

Le pluriel dans les adjectifs se forme comme dans les noms, en ajoutant s à la fin : bon, bonne ; au pluriel bons, bonnes, etc.

Mais la plupart des adjectifs qui finissent en al, n’ont pas de pluriel masculin, comme filial, fatal, frugal, pascal, pastoral, naval, trivial, vénal, littéral, conjugal, austral, boréal, final. Ainsi, l’on ne peut pas mettre au pluriel les phrases suivantes : Un combat naval, un cœur vénal (cependant on trouve, dans le dictionnaire de l’académie, offices vénaux), l’amour filial, etc., parce que les adjectifs naval, vénal, filial, etc., ne peuvent pas être joints à des substantifs masc. plur. Il faut alors substituer à ces substantifs masc. des substantifs féminins qui leur soient synonymes, comme batailles navales, âmes vénales, tendresses filiales, etc.

Accord des Adjectifs avec les Noms.

Règle. — Tout adjectif doit être du même genre et du même nombre que le nom auquel il se rapporte.

Exemples. — Le bon père, la bonne mère : bon est du masculin et du singulier, parce que père est du masculin et du singulier : bonne est du féminin et du singulier, parce que mère est du féminin et du singulier.

De beaux jardins, de belles fleurs : beaux est du masculin et au pluriel, parce que jardins est du masculin et au pluriel, etc.

Quand un adjectif se rapporte à deux noms singuliers, on met cet adjectif au pluriel, parce que deux singuliers valent un pluriel.

Exemple. — Le roi et le berger sont égaux après la mort (et non pas égal).

Si les deux noms sont de différents genres, on met toujours l’adjectif au masculin.

Exemple. — Mon père et ma mère sont contents (et non pas contentes).

Quant à la place des adjectifs, il y en a qui se mettent devant le nom, comme beau jardin, grand arbre, etc. D’autres se mettent après le nom, comme habit rouge, table ronde, etc. L’usage est le seul guide à cet égard.

Régime des Adjectifs.

Règle. — Pour joindre un nom à un adjectif précédent, on met de ou à entre cet adjectif et le nom : alors on appelle ce nom le régime de l’adjectif.

Exemple. — Digne de récompense, content de son sort, utile à l’homme, semblable à son père, propre à la guerre. Récompense est le régime de l’adjectif digne, parce qu’il est joint à cet adjectif par le mot de. L’homme est le régime de l’adjectif utile, parce qu’il est joint à cet adjectif par le mot à, etc.

Degré de signification dans les Adjectifs.

On distingue dans les adjectifs trois degrés de signification : le positif, le comparatif, et le superlatif.

Le positif n’est autre chose que l’adjectif même, comme beau, belle, agréable.

Le comparatif, c’est l’adjectif avec comparaison : quand on compare deux choses, on trouve que l’une est ou supérieure à l’autre, ou inférieure à l’autre, ou égale à l’autre.

Pour marquer un comparatif de supériorité, on met plus devant l’adjectif, comme la rose est plus belle que la violette.

Pour marquer un comparatif d’infériorité, l’on met moins devant l’adjectif, comme la violette est moins belle que la rose.

Pour marquer un comparatif d’égalité, on met aussi devant l’adjectif, comme la rose est aussi belle que la tulipe.

Le mot que sert à joindre les deux choses que l’on compare.

Nous avons trois adjectifs qui expriment seuls une comparaison : meilleur, au lieu de plus bon, qui ne se dit pas ; moindre, au lieu de plus petit ; pire, au lieu de plus mauvais : comme la vertu est meilleure que la science ; le mensonge est pire que l’indocilité.

L’adjectif est au superlatif, quand il exprime la qualité dans un très-haut degré, ou dans le plus haut degré. Pour former le superlatif, on met très, ou le plus devant l’adjectif, comme Lyon est une très-belle ville, et alors le superlatif s’appelle absolu ; ou Lyon est la plus belle des villes, et ce superlatif s’appelle relatif, parce qu’il marque un rapport aux autres villes.

Noms et Adjectifs de nombre.

Les noms de nombre sont ceux dont on se sert pour compter.

Il y en a de deux sortes : les noms de nombre cardinaux, et les noms de nombre ordinaux.

Les noms de nombre cardinaux sont un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept, dix-huit, dix-neuf, vingt, trente, quarante, cinquante, soixante, quatre-vingts, cent, mille, etc.

Les noms de nombre ordinaux se forment des cardinaux : ces noms sont premier, second, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième, neuvième, dixième, etc.

Il y a encore des noms de nombre qui servent à marquer une certaine quantité, comme une dizaine, une douzaine, etc.

Il y en a encore d’autres qui marquent les parties d’un tout, comme la moitié, le tiers, le quart, etc.

Enfin, il y en a qui servent à multiplier, comme le double le triple, etc.