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12 PRÉFACE.

a donné à un fameux Paradiste des boulevards ; Daphné, plante, celui de la Daphné de la fable Fontanges, espèce de parure de femme, celui de Madame de Fontanges, célèbre favorite de Louis XIV Porus, plante, le nom propre de Porus, roi des Indes ; Villette, une petite ville, le nom propre d’une banlieue de Paris, etc.

Sans prodiguer les exemples, l’on n’a pas négligé ceux qui ont paru nécessaires pour l’intelligence plus rationnelle des mots, soit dans leur emploi le plus curieux, soit dans leurs alliances les plus remarquables. D’ailleurs, les exemples ont le mérite de faire lire les Dictionnaires en ajoutant de la clarté aux définitions et aux différentes acceptions des mots, et en diminuant la sécheresse naturelle des travaux de lexicographie.

Il serait trop long ici de discuter la valeur des orthographes différentes adoptées dans les divers Dictionnaires. L’auteur a généralement suivi celle de l’Académie, mais sans servilité. Il s’est attaché à conserver celle des ouvrages qui lui ont fourni des mots nouveaux, et surtout celle des Traités de médecine, de chimie, de pharmacie, sciences dont l’étude a besoin d’être entourée de tous les secours possibles.

Un grand nombre de mots, tels que Diguiale, Diguiaux, Digniaux, Erminette, Herminette, Écarrissoir, Équarrissoir, Eccarthartique, Eccorthatique, Sannequin, Samequin, etc., se représentent quelquefois écrits dans le même Dictionnaire avec deux orthographes différentes, mais avec une définition identique : a-t-on craint de se prononcer, ou sont-ce seulement des erreurs commises par les premiers lexicographes qui, arrivés, par exemple, à la lettre H, et au mot Herminette, ont peut-être oublié que ce mot était déjà classé sans H à la lettre E ? On a dû laisser subsister les deux orthographes en faisant suivre l’une de la définition du terme, et l’autre de l’expression de renvoi V. (Voyez.)

Une Grammaire, dont fait partie le Traité de Ponctuation déjà publié par l’auteur, est placée en tête du Dictionnaire, qui est suivi d’un Recueil de Synonymes, dont les matériaux ont été extraits des ouvrages les plus estimés ; d’une Liste alphabétique des Personnages les plus remarquables jusqu’à nos jours : enfin, d’un Abrégé de Géographie. Au résumé, l’auteur a pensé qu’un Dictionnaire universel devait avoir pour but de marquer le cadre des connaissances humaines sans aller jusqu’à en présenter l’Encyclopédie. Ce cadre est si vaste aujourd’hui, que l’on se dirait près d’atteindre le terme des progrès, si l’on ne savait, par la philosophie de l’histoire, que l’horizon des idées recule toujours à mesure que l’on avance. Notre langue, on peut l’avouer avec orgueil, se montre, dans cet ouvrage, riche, monumentale ; pour les étrangers, pour la France elle-même qui ignore tout ce qu’elle possède, ce sera une découverte : n’aurait-ce pas été toutefois une étrange anomalie que le Vocabulaire fût resté pauvre, tandis que notre civilisation faisait une si large acquisition d’idées ?

Arrivé au terme de ses efforts, et ayant la conscience de ses longs et pénibles travaux, l’auteur, qui n’a eu que la pensée d’être utile, et qui n’a pas oublié que les Dictionnaires sont de ces ouvrages d’où jaillit peu de gloire, sans chercher les honneurs qui n’appartiennent qu’à une haute science et à une profonde érudition, espère pourtant que quelques suffrages amis viendront témoigner de sa persévérance et de son dévouement.


IMPRIMERIE DE THOUAU