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mariage. D’après l’ordonnance de Saint Louis, de l’an 1270, le Bâtard ne devait point hériter, de ses parents. Cependant on a vu les Bâtard des nobles jouir, dès les plus anciens temps et jusqu’à l’année 1600, des priviléges de la noblesse, et conserver les prérogatives des noms et des armes dont ils tiraient leur origine ; mais ils étaient obligés de charger leurs armoiries d’une brisure. Par édit du mois de mars 1600, les Bâtards de nobles ne pouvaient s’attacher le titre de gentilshommes, s’ils n’obtenaient des lettres d’anoblissement.

Les enfants légitimes issus de pères et aïeuls aussi légitimes, jouissaient du privilége de la noblesse dans la province du Dauphiné, quoique leur bisaïeul fût Bâtard (Édit du 24 octobre 1639).

Dans l’ancien temps, l’état des Bâtard était tel, peine faisait-on quelque différence entr’eux et les enfants légitimes. C’est sur ce fondement qu’eux-mêmes employaient pour désigner leur état, un terme peu usité aujourd’hui dans notre langue, et on en trouve une foule qui se qualifient Bâtard. La chambre des comptes et le cabinet de l’ordre du Saint-Esprit, contenaient une infinité d’actes qui prouvent ce fait, ainsi que leur rang et leur noblesse, On les voit servir dans les armées avec les autres gentilshommes, parvenir ainsi qu’eux à la chevalerie, aux places de capitaines de compagnies de l’ancienne ordonnance, de chambellans de nos rois et de gentilshommes de leurs maisons, à celles de capitaines et de châtelains des villes. Entre un nombre d’exemples qui établissent la considération qu’on accordait aux enfants naturels des grandes maisons, on a choisi les quatre suivants :

Le premier est tiré d’un registre des chartes du Roi. Il apprend que Garciot, fils naturel de la maison de Comminges, capitaine de cinquante hommes d’armes, au service du comte de Pardiac, se battit, vers l’année 1409, avec Jean de Lautar, parce que celui-ci lui avait reproché qu’il n’était pas digne d’être appelé Bâtard de Comminges.

Le second est celui de Jean de Lescun, fils naturel d’Arnaud-Guillaume de Lescun et d’Anne d’Armagnac (dite de Termes), lequel se faisait appeler le Bâtard d’Armagnac. Il fut maréchal de France et comte de Comminges et de Briançonnais, gouverneur de Dauphiné, et lieutenant-général en Guyenne, premier chambellan du roi Louis XI et chevalier de l’ordre de Saint-Michel à son