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Anoblissement par le ventre de la mère. La perte de la bataille de Fontenai en 841, fut si funeste à la France, par le grand nombre de gentilshommes qui y périrent et notamment de la province de Champagne, que les anciennes coutumes de cette province établirent que désormais (parmi les filles de condition), le ventre, c’est-à-dire la mère, anoblirait les enfants, quoique le père ne fut pas noble.

La coutume de Barrois, fondée probablement sur de semblables motifs, avait introduit le même privilège ; mais avec cette condition, que les enfants, pour reprendre la noblesse du côté de leur mère, étaient obligés de renoncer, au profit du fisc, à la succession du père : encore fallait-il que le prince confirmât cette reprise par lettres-patentes, conformément aux anciennes lois de Lorraine et à l’arrêt du conseil rendu par Louis XIV.

Cette noblesse utérine ou coutumière, consacrée par les établissements de Saint-Louis, eut lieu dans une grande partie de la France ; l’usage s’en perdit insensiblement, excepté en Champagne, où il se conserva jusqu’en 1750 environ, quoique dès 1566 on eût commencé à l’attaquer, parce que les pertes avaient été réparées, et qu’il y avait alors suffisamment de noblesse. Meynier, historien de la noblesse de Provence, dit « que les enfants d’une mère noble et d’un père roturier, quittent le nom du père, prènent celui de la mère avec ses armes et continuent ainsi la postérité ; que c’est ainsi que la noblesse de Provence la plus ancienne se trouve usurpée, en noms et armes, par des familles dans lesquelles les illustres maisons ont fait passer leurs filles, avec peu de dot ».

Les grands services rendus à la France par Jeanne d’Arc, dite Du Lys ou la Pucelle d’Orléans, firent anoblir tous ses descendants en ligne, masculine et féminine ; mais par un édit de 1664, l’anoblissement fut réduit à ses descendants mâles, vivants noblement. Henri et Thibault, comtes de Champagne, anoblirent également, par édit des années 1175 et 1198, les descendants en ligne masculine et feminine d’Anne Musnier, femme de Gérard de Langres, parce qu’elle avait sauvé la vie au premier de ces princes, en se battant contre trois gentilshommes qui avaient conspiré contre sa vie.

On voit combien il y avait autrefois de moyens d’anoblissement, et voici un tableau qui porte au-delà de trois