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DUE

On s’est toujours récrié, et avec raison, contre cette coutume barbare du DUEL.

Les papes, les évêques, les conciles, ont souvent con- damné ces désordres ; ils ont prononcé am thême contre les Dyellistes : entr’autres le concile de Valence, tenu en 855 ; Nicolas I, dans une épitre à Charles-le-Chauve, Agobard, dans les livres contre la loi Gombette, et con- tre le jugement de Dieu. ; le pape Célestin III, et Alexan- dre III, et le concile de Trente, sess. 25, chap. XIX ; Yves de Chartres, dans plusieurs de ses épitres ; l’auteur du livre appelé Fleta, et plusieurs écrivains contemporains.

En France Louis VII fut le premier qui commença à restreindre l’usage des DUELS. C’est ce que l’on voit dans des lettres de ce prince de l’an 1168, par lesquelles, en abolissant plusieurs mauvaises coutumes de la ville d’Or- léans, il ordonna, entr’autres choses, que, pour une dette de cinq sous, ou du moins une dette qui serait niée, il n’y, aurait plus bataille entre deux personnes, c’est-à-dire que le Durl ne serait plus ordonné.

Saint-Louis alle plus loin ; après avoir défendu les guer- res privées en 1245, par son ordonnance de 1260 il dé- fendit aussi absolument les DUELS dans ses domaines, tant en matière civile que criminelle ; et au lieu de DUEL il en- joignit qu’on aurait recours à la preuve par témoins : mais cette ordonnance n’avait pas lieu dans les terres des barons, au moyen de quoi, il était toujours au pouvoir de ceux-ci d’ordonner les DUELS, comme le remarque Beaumanoir qui écrivait en 1283, et suivant le même auteur, quand le plaid était commencé dans les justices des barons, on ne pouvait plus revenir à l’ancien droit, ni ordonner les gages de ba- taille. Saint-Louis accorda aussi aux habitants de Sait-Omer, qu’ils ne seraient tenus de se battre en DUEL que dans leur ville.

Les seigneurs refusèrent long-temps de se conformer à ce que Saint-Louis avait ordonné dans ses domaines. Le motif qui les retenait est qu’ils gagnaient une amende de 60 sous, quand le vaincu était un roturier ; et de 68 livres quand c’était un gentilhomme.

Alphonse, comte de Poitou et d’Auvergne, suivit néan- moins en quelque sorte l’exemple de Saint-Louis, en accor- dant à ses sujets en 1270, par forme de privilége, qu’on ne pourrait les contraindre au DUEL et que celui qui refuserait de se battre ne serait pas pour cela réputé convaincu du fait