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des cours souveraines, ne prirent d’abord d’autre titre que celui de Maître, qui équivalait à celui de Noble ou d’Écuyer ; mais dans la suite, les gens de robe et autres qui jouissaient du privilége de noblesse, prirent les mêmes titres que la noblesse d’épée. Il y eut des chanceliers, des premiers présidents du parlement qui furent faits Chevaliers ès-lois, et depuis ce temps, tous les présidents ont pris les qualités de Messire et de Chevalier. Les conseillers et autres officiers jouissant de la noblesse, ont pris pareillement la qualité d’Écuyer. Il y en a même beaucoup qui prènent les qualités de Messire et de Chevalier, qui n’appartiènent néanmoins régulièrement qu’à ceux qui les ont par la naissance, ou à l’office desquels ces qualités ont été expressément attribuées.

Un arrêt du parlement, rendu sur les conclusions du procureur-général, le 13 août 1663, défend, en vertu des ordonnances, à tous gentilshommes de prendre la qualité de Messire et de Chevalier, sinon en vertu de bons, et légitimes titres, et à ceux qui ne sont point gentilshommes de prendre la qualité d’Écuyer, ni de timbrer leurs armes, le tout à peine de 1,500 livres d’amende.

Malgré tant de sages réglements, il ne laisse pas d’y avoir beaucoup d’abus, tant de la part de ceux qui étant nobles, au lieu de se contenter du titre d’Écuyer, usurpent celui de Chevalier, que de la part de ceux qui n’étant point nobles, usurpent des armories timbrées qui n’appartiènent qu’aux véritables nobles.

Il est également certain que le titre de Chevalier, exprimé en latin par celui de Miles, commence à paraître comme une espèce de dignité, et est donné à quelques seigneurs, dans certains actes, sur la fin de la seconde race. Le P. de Mabillon, dans ses Annales de l’ordre de Saint-Benoît, en fournit plusieurs exemples. Mais il est vrai aussi que ce fut sous les premiers Rois de la troisième race que les Chevaliers commencèrent à faire comme un corps distingué dans l’État et dans les armées, qu’il se forma une jurisprudence qui réglait leurs rangs, leurs droits, leurs prérogatives, l’âge, les qualités et les autres : conditions requises pour parvenir à cette dignité.

Du temps de Philippe-Auguste, sous le règne duquel on commence à faire plus souvent mention des Chevaliers, ce qu’on appelait Miles était un homme de naissance qui avait fait preuve de noblesse par de bons titres, et de