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CHE

simple étoffe armoriée, était l’enseigne de leur prééminence sur tous les autres ordres de l’état et de la guerre.

Les Chevaliers avaient seuls le droit d’enrichir leurs vêtements, les harnais de leurs chevaux, leurs armes, d’ornements en or ; leurs femmes pouvaient aussi porter de pareils ornements sur leurs robes. On les distinguait dans le discours et dans les actes, par les titres de Dom, Sire, Messire, Monseigneur ; on donnait à leurs femmes, les titres de Dame, de Madame, etc. L’argent, destiné pour les écuyers que l’on qualifiait de Monsieur, de Damoiseau, et pour leurs femmes à qui l’on donnait le titre de Demoiselle, marquait aussi la différence qu’on devait mettre entr’eux, et les personnes d’un étage inférieur, qui ne portaient que des étoffes de laine, ou du moins sans or ni argent. Les seuls Chevaliers avaient droit de fourrer leurs manteaux de vair, d’hermine et de petit-gris : d’autres fourrures moins précieuses étaient pour les écuyers, et les plus communes pour le peuple.

La soie, interdite aux bourgeois, était dispensée avec un sage ménagement entre les Chevaliers et les autres nobles. Quand les Chevaliers paraissaient en cérémonie, vêtus de damas, les écuyers ne l’étaient que de satin ; ou si les derniers paraissaient en habit de damas, les premiers l’étaient de velours ; l’écarlate et toute autre couleur rouge était appropriée aux Chevaliers à cause de son éclat. Elle s’est conservée dans l’habillement des magistrats supérieurs et des docteurs.

Si les cérémonies observées dans la création d’un Chevalier étaient propres à faire naître dans le cœur de la jeune noblesse, l’amour de l’honneur et de la vertu, telles qui s’observaient dans la dégradation d’un Chevalier coupable d’un crime déshonorant, ne l’étaient pas moins pour inspirer de l’horreur pour le crime et pour la lâcheté.

Un gentilhomme qui avait déshonoré par quelque action honteuse, la chevalerie dont il était revêtu, était réduit à l’état le plus ignominieux par une espèce de dégradation, dans laquelle on remarque plusieurs traits de ressemblance avec celle des ministres de l’église.

Le Chevalier juridiquement condamné, pour ses forfaits, à subir cette flétrissure, était d’abord conduit sur un échafaud, où l’on brisait et foulait aux pieds, en sa présence, ses armes et les différentes pièces de son armure dont les hérauts et poursuivants d’armes le dépouillaient