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on se servait pour écrire des livres, était faite avec de la suie d’un bois résineux appelé tœda, mêlée avec celle que l’on tirait des tuyaux de cheminées, et dans laquelle on faisait fondre de la gomme. Les anciens faisaient encore de l’encre avec le sang de certains poissons qui l’avaient noir. Ils se servaient d’une liqueur rouge pour écrire les titres des livres et les grandes lettres : c’était, selon Ovide, du vermillon ou quelque autre liqueur dans laquelle on faisait infuser du bois. Les Hollandais attribuent à Laurent Coster, natif d’Harlem, l’invention de l’encre dont les imprimeurs se servent de nos jours. L’encre sympathique, que l’on observa la première, et que Waitz publia en 1705, est encore la plus jolie et la mieux caractérisée. On l’obtient en dissolvant de l’hydrochlorate de cobalt dans une quantité d’eau suffisante pour que la couleur de la solution soit à peine sensible. Les caractères invisibles tracés avec cette encre apparaissent en bleu dès qu’on chauffe légèrement le papier et disparaissent par le refroidissement.

Encre indélébile. On vend depuis longtemps, dans le commerce, des encres dites indélébiles, et cependant il n’en est aucune, jusqu’à présent, qui ne soit attaquable par quelques-uns des agents chimiques connus.

Encre de Chine. Autrefois l’encre se faisait avec de la terre noire, c’est pourquoi le signe dont on se sert encore aujourd’hui pour désigner l’encre, se compose de deux caractères superposés, dont l’un signifie noir et l’autre terre. On fait une encre très estimée avec du noir de fumée. On emploie de l’huile de pin à laquelle on mêle le suc de l’arbre kin (de l’huile de Gergélin, suivant le P. Du Halde) et de la colle animale pour la lier et lui donner de la consistance. Quelques personnes y ajoutent une préparation odorante… C’est sous la dynastie des Thang (de 618 à 904) que l’on commença à faire de l’encre de noir de fumée. Li-king-koueï réussit à la rendre dure comme la pierre. Sous la dynastie de Song (de 960 à 1278), Tchang-In commença à faire usage du camphre et du musc dans la fabrication de l’encre ; c’est aussi lui qui le premier appliqua des feuilles d’or sur les bâtons d’encre.

ENDUIT. La plupart des temples grecs, lorsqu’ils n’étaient pas construits en marbre, étaient couverts de plusieurs couches d’un enduit fait de pouzzolane et de chaux, et quelquefois d’un peu de brique pilée. On voit encore aujourd’hui, sur les murs des thermes de Caracalla, de Titus, trois couches d’enduits très-épais. La


première couche, d’environ trois pouces d’épaisseur, se compose de gros sable, de recoupe de pierre et de chaux ; la seconde, de chaux et de sable ou de pouzzolane très-fine, et la troisième, de sable très-fin, de poudre de marbre blanc, quelque fois, même d’un peu de craie. L’épaisseur totale de l’enduit était de quatre à cinq pouces.

ENGRAIS. On comprend sous ce nom toutes les choses qui, répandues sur la terre, servent à la féconder, comme sont les fumiers, les terres, etc. Les cultivateurs romains donnaient une grande attention aux moyens de se procurer des engrais. Ils en ramassaient de toutes parts. Leurs volières leur en fournissaient beaucoup. Au défaut du fumier des animaux, ils convertissaient en engrais les végétaux et les fossiles. Ils n’employaient· cependant pas la marne, soit qu’ils ne crussent pas qu’elle convint à leurs terres, soit qu’il ignorassent son utilité, ce qui est plus vraisemblable. Quand on nettoyait les cloaques de Rome, les immondices se vendaient jusqu’à six cent mille écus dans les derniers temps. Stercutius avait des autels à Rome pour avoir inventé l’art de fumer les terres, comme Triptolème en avait en Grèce pour avoir appris aux hommes à labourer.

ÉNIGME. Espèce de description allégorique qui laisse deviner la chose décrite par ses qualités, ses propriétés, son orgine ou ses effets. On vit les rois d’Orient mettre leur gloire dans les propositions obscures, et se faire un mérite de composer et de résoudre des énigmes. Leur sagesse consistait, en grande partie dans ce genre d’étude, « Un homme intelligent, dit Salomon, parviendra à comprendre un proverbe, à pénétrer les paroles des sages et leurs sentences obscures. » C’était un usage chez eux, pour éprouver leur sagacité, de se présenter ou de s’envoyer les uns aux autres des énigmes, et d’y attacher des peines et des récompenses. On connaît l’énigme que Samson proposa aux Philistins. Tout le monde sait que lorsque Œdipe arriva à Thèbes, il trouva la ville désolée par un monstre appelé le Sphinx, qui proposait une énigme aux passants, et les dévorait s’ils ne la devinaient pas.

ENREGISTREMENT. Un conseiller du parlement, nommé, Jean de Montluc, qui vivait sous Philippe-le-Bel, avait fait, pour son usage, un registre des anciens édits, des principaux jugements, et des choses mémorables dont il avait connaissance. On en a quelques copies.Ce recueil parut d’une très grande utilité dans un temps d’ignorance où les coutumes du