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le peuple, surtout celui des campagnes, pourront croire que, pour enrichir mon Dictionnaire, j'ai été chercher des Barbarismes chez les Micmacs et les Abénaquis. Je puis pourtant assurer qu'une proportion considérable des locutions vicieuses ou surannées que je signale ici, je les ai entendu sortir de la bouche de personnes plus ou moins instruites ou je les ai recueillies dans des livres ou sur des journaux imprimés en ce pays.

Entourés de tous côtés par des peuples parlant la langue anglaise, mêlés à une population venue des îles britanniques, parlant ou balbutiant nous-mêmes cette langue de Swift et de Fennimore Cooper, il est impossible que notre idiome n’en ait pas souffert. Aussi les anglicismes abondent-ils dans le français que nous parlons : tellement que, si nous n'y mettons ordre, bientôt, sans parler encore anglais et tout en croyant nous exprimer en français, nous parlerons un langage qui ne sera ni l’anglais ni le français ; tout comme nos ancêtres croyaient s’énoncer en gaulois ou en latin lorsqu’ils ne parlaient qu’un jargon qu’on a appelé la langue romane. Qui ne dit pas, par exemple, parmi nous : payer une visite, transiger des affaires, cet homme vaut 100,000 dollars ?

J’ai plus d’une fois interrompu et repris cette tâche désagréable, et je l’aurais sans doute, à la fin, tout à fait abandonnée, si quelques-uns de