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teurs, ils se crurent au dernier instant de leur vie, et à la fin de leur triste attente.

33. Ainsi touchés d’une compassion mutuelle, et gémissant sur leur disgrâce commune, ils embrassaient leurs proches ; les pères, les mères, les enfants s’embrassaient pour la dernière fois, tous fondaient en larmes.

34. Les mères présentaient à leurs enfants nouvellement nés une nourriture dont ils allaient être bientôt privés.

35. Tous ensuite rappelant ce que le ciel avait déjà fait en leur faveur, se prosternèrent contre terre[1].

36. Et par des cris éclatants, ils conjuraient le Dieu tout-puissant d’avoir compassion de l’état où ils étaient réduits, et de les tirer des portes du tombeau.

CHAPITRE VI.

Au milieu des cris horribles que ces Juifs faisaient retentir vers le ciel, le prêtre Éleazar, respectable par son grand age et par sa piété, élevant sa voix, impose silence, et fait sa prière à Dieu ; à peine a-t-il achevé que Ptolémée entre dans l’Hippodrome suivi des éléphants et de toutes ses troupes alors les Juifs redoublant leurs cris, le prince en est touché jusqu’à répandre des larmes, et deux anges s’étant présentés au-devant des soldats et des éléphants les jettent dans une si horrible crainte, que s’enfuyant sans ordre, ils sont pour la plupart etouffés et foulés aux pieds des éléphants. Alors Ptolémée, changeant d’esprit, accuse ses confidents de l’avoir trompé et de l’avoir exposé à commettre la plus horrible perfidie contre des peuples qui lui avaient toujours été fidèles, et accorde aux Juifs la liberté de s’en retourner, après les avoir régalés magnifiquement pendant sept jours, et écrit à ses gouverneurs en leur faveur.

1. Alors un prêtre, nommé Éléazar, également respectable par son grand âge et par toutes sortes de vertus, fit cesser les cris des vieillards qui l’environnaient, et, s’adressant au Dieu tout-puissant, il le pria en ces termes :

2. Souverain monarque du ciel, Dieu tout-puissant, qui gouvernez tout l’univers avec tant de bonté ; père de miséricorde, regardez favorablement la race d’Abraham, les enfants du juste Jacob, ce peuple choisi, qui a été transporté d’une terre étrangère, où il est prêt à succomber sous l’injustice de ses ennemis.

3. Vous signalâtes autrefois votre puissance en faveur d’Israël dans ce même empire, et vous punîtes un roi superbe, cruel et endurci, en l’ensevelissant sous les eaux avec son armée et ses chariots de guerre. (Exod. XIV.)

4. Vous frappâtes Sennachérib qui avait mis sa confiance dans le nombre de ses soldats, et qui, après avoir soumis presque toute la terre, osa, dans son orgueil, blasphémer contre la ville sainte, vous en fîtes, aux yeux des nations, un exemple terrible de vos vengeances. (IV Reg. xix, 35)

5. Vous versâtes une douce pluie sur la fournaise de Babylone, et vous en fîtes sortir, sans aucun mal, ces trois jeunes hommes qui y étaient entrés avec joie pour y mourir, plutôt que de sacrifier aux idoles ; mais vous ordonnâtes aux flammes de se répandre contre les ennemis de votre nom. (Dan. iii, 49 et seq.)

6. Vous retirâtes de la fosse aux lions Daniel, votre serviteur, que l’envie y avait fait descendre pour servir de proie à ces animaux cruels, et vous rendîtes Jonas à ses frères, après l’avoir retenu avec rigueur dans le ventre d’une baleine. (Dan. vi, 21 et seqq.)

7. Et maintenant, Seigneur, vous qui détestez le crime et qui protégez l’innocence, Dieu de miséricorde, ne différez point de secourir un peuple que des nations abominables traitent avec tant d’injustice. (Jon. 1, 1 et seq.)

8. Si nous avons commis l’iniquité dans cette terre étrangère, tirez-nous des mains de nos ennemis, et loin de leurs yeux, vengez vous vous-même,

9. De peur que ces nations orgueilleuses ne se vantent d’avoir anéanti le peuple que vous aimiez, et qu’ils ne disent : le Dieu même qu’ils servent n’a pu les délivrer de nos mains.

10. Vous donc, Seigneur, qui, dans l’éternité de votre être, possédez la force et la souveraine puissance,

11. Regardez-nous dans votre miséricorde, nous qui, par l’injustice et l’impiété de nos ennemis, allons perdre la vie comme les plus criminels de tous les hommes.

12. Que les nations soient saisies de frayeur, en voyant aujourd’hui les effets d’une puissance à qui rien ne résiste, et que votre force éclate enfin pour le salut de Jacob : les enfants mêlent leurs larmes avec celles de leurs parents, pour obtenir de vous cette faveur.

13. Apprenez aux nations que vous n’avez point détourné votre visage de dessus nous,

14. Et accomplissez la promesse que vous fîtes autrefois à votre peuple, en l’assurant que vous ne l’abandonneriez jamais, quand même il aurait été transporté dans une terre ennemie. (Levit. xxvi, 44, 54.)

15. À peine Éleazar eut-il cessé de prier que Ptolémée entra dans l’Hippodrome, suivi des éléphants et de toutes les troupes.

16. À cet aspect, les Juifs poussèrent des cris vers le ciel ; tous les lieux voisins en retentirent, et toute l’armée du roi en fut touchée jusqu’à répandre des larmes.

17. Alors, celui à qui la gloire, la vérité et la puissance appartiennent, fit sentir sa présence salutaire ; il ouvrit les portes du ciel, et il en sortit deux anges[2] revêtus d’un

  1. Litt. : Et les mères se détachant de leurs enfants qui pendaient à leurs mamelles.
  2. Josèphe dit que Ptolémée vit un homme dont l’aspect lui parut terrible, qui lui défendit d’insulter aux Juifs.