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KATio[p.680], il a été question de ceux qui poursuivaient le gibier à travers la campagne, soit par plaisir, soit pour vendre leurs captures. Le même nom s’appliquait aussi à l’homme armé qui luttait contre les bêtes sau- vages dans les jeux publics de l’époque romaine [cf. VE.ATio, p. 700] ’. Il était assimilé en tout elpour tout au gladiateur ; la même flétrissure s’attachait à la condition do l’un et de l’autre ; comme le gladiateur, le venator était en général un forçat ou un esclave ^ ce qui n’empêchait pas du reste qu’il y eût parmi les gens qui faisaient ce métier, comme dans la gladiature même, des alTranchis et des engagés volontaires (nuclorati) [gladiator, p. l."572] ’ ; on cite des empereurs qui non seulement rivalisèrent d’adresse avec eux, mais encore s’associèrent publiquement à leurs exercices*. Toute- fois, malgré le rapport étroit qui les unit, le venator n’est pas un gladiateur et n’en porte pas le nom, parce que son arme la plus ordinaire n’est pas le glaive [gla- dius) et qu’il n’en connaît pas l’escrime ; à Rome les venatores de l’empereur n’habitent pas la même caserne {Indus) que ses gladiateurs, évidemment parce qu’ils re- çoivent une instruction toute différente [ve.natio, p. 707]. Dans les troupes privées, par exemple dans celles des grands-prêtres provinciaux, les venatores et les gladia- lorcs sont reçus, après leur mort, dans le même tom- beau ; mais l’épitaphe les distingue soigneusement les uns des autres ^ Bref les deux professions voisinent sans cesse, mais ne se mêlent pas.

Il est beaucoup plus délicat de distinguer le veiui/or du bestiarius. Nous voyons par le témoignage des auteurs que celui-ci était l’objet d’un mépris général ; l’opinion publique le plaçait au dernier degré de l’échelle sociale, au-dessous même du gladiateur". On en a con- clu que le venator était d’un rang plus relevé ; le bestia- rius aurait été un condamné, le venator un salarié ou un volontaire’ ; mais rien ne justifie cette hypotllèse^ On a pensé aussi que le bestiarius n’était pas armé, comme le venator, qu’il était jeté nu et sans défense dans l’arène’ ; c’est le confondre avec le condamné à mort ; en réalité le bestiarius peut avoir subi une condamna- tion infamante, mais c’est un combattant ; il ne vient pas directement de la prison pour être mis à mort ; il a passé par le ludus et on lui a appris à manier des

armes pour di’fcndre sa vi Ilnliii, suivant une autre

opini le bestiarius aurait élc’ moins armé (pic le

venator" ; simple conjecture, qui aurait besoin d’être appuyée par des textes. Tout ce qu’on peut retenir jusqu’ici comme probable, c’est que venator, bien que pri’sentant exactement le même sens que beslia-

VENATOn. — 1 Juv. IV, 99 ; Capilolin. Macvin. 4 ; Tcrlull. .1(( mnrl . 5 ; Pasiio S. Fdicit. et Perp. XVlll, 33 ; Corp. inscr. Int. VI, 0010, lOilO ; XII, 1590. — 2 Édils spteiatii (ic Marc-Aurèlc cl d’Anlonin limitant l’cmplui des esclaves cl des condamnés d.iiis les vemitiones : Di(j. XI, 4. S ; XI.VIll, 8, 11 ; 19, 31, 28 ; l.S ; cf. Dio r.ass. LXXVI, 10 ; Snel. Clavd. 10 ; Front. Ad M. Cacs. Il, 1 ; Min. Ntit. Iiist. X.WIII, 53. Altraiicliifsenicnt et ri’Compcnscs : Front, l. c. — -"^ Ajoutez ip. liiTU) les nonvcaux Iracmeuls de la Luj : llalicncis : Kcil et von l’rcmcrstein, Veiiknclir. d. le. Akad. d. Wisa. Wien, pliilus. hitl. Masse, LUI (1910), p. l(i, n. ÏC. — 4 Juv. IV, 99 ; Sud. Dom. 19 ; Capitolin. M. Anton. 8 ; A/acrin. 4 ; l.amprid. Commoil. 8, IS ; Ilio Cass. LX.XII, 17-21 ; l,XXVIII, 21 ; Sen. Episl. «7, 9 ; Apnl. AJelam. IV, 72 ; Synim. tCpitl. V, 59 ; Claudian. Cons. Mail. 293 ; Ulpian. Di ;/. III, I, (1 ; Tcrtull. i. c. — " Cngnat et I.afajo, Inscr. gr. nd res rom. perlin.

n. 1073. — >l Cic. pro Seat. Cl ; Fclron. 43 ; Tcrtull. Apol. IX, 42 ; Pollack 

s V. iip. Pauly et Wissowa, Ileat Enci/clop. V. en outre Cic. Vatin. 40 ; l.acl. /««/.0, 12, iO ;Amm.XV.3,23 ; Augustin 6’crM. 32,20. -’ Friedliiiider, A’if/eiij/ejr/i. /lonn. II, p. 391, noie 10 ; l’olhiek, l. e. — < lillc ne repose que sur les textes cités plus liant (note I), particulièrcmcul sur Juv. /. c. dont on force le sens. — ’J llcnzen, Dissnrl. délia poiUcf. Accud. di nrcli. Xll (1832 ;, p. ll«. — 1» Cic.

rius ’-, était plus général " et moins dégradant ". D’ordinaire les chasseurs de l’amphithéâtre sont vêtus et armés légèrement ; ceux qu’on voit sur la mosaïque Borghèse (fig. 7373, 737i) portent une courte tunique à manches, ornée de bandes et d’empiècements ; leurs jambes sont serrées dans des courroies ; ils n’ont aucune arme défensive, ni casque, ni bouclier, pas même le brassard [manica], dont se couvraient quel- quefois leurs pareils ’^ ; seulement leur poitrine et leurs épaules paraissent protégées par des plaques de cuir ou de métal. Ils foncent sur la bête avec un épieu [vENAiiULUMJ, tenu fortement à deux mains ; cette arme, qui ne dépasse pas la hauteur d’un homme, est traversée, au-dessous du fer, par une barre horizon- tale, recourbée en dedans, qui l’empêche de sortir de la blessure du côté où elle est entrée. C’est ainsi que combattent en général les bestiaires, si ce n’est que répieu,quandilsontafl’aireàun taureau (fig. 737 :2,7375), est remplacé par la lance, mieux proportionnée à sa taille et à ses moyens de défense. On connaît cependant des bestiaires dont l’armure, beaucoup plus pesante, offre de grandes analogies avec celle des gladiateurs ; ainsi ceux du bas-relief Torlonia (fig. 7371) portent, avec l’épée, un casque elunbouclier richement décorés ; on les prendrait pour des Samnites ; l’un d’eux, tombé à terre, est revêtu d’une cotte de mailles, serrant étroitement les bras et les cuisses, comme celle dont se couvraient les cataphracti chez les Perses et chez d’autres nations orientales. 11 est possible que ce bas- relief, où l’on aperçoit dans le fond le théâtre de Mar- cellus ’", rappelle les jeux donnés par Auguste quand il inaugura l’édifice (an H av. J.-C.)  ; à cette occasion, des modifications exceptionnelles, pour des raisons qui nous échappent, auraient pu être apportées à l’appareil ordinaire du spectacle ; mais il y a d’autres exemples de l’armure pesante chez les bestiaires". On a supposé qu’elle était réservée soit à des gladiateurs détachés pour prendre part à la venalio, soit à une catégorie de liestiaires désignée par un nom particulier ; jusqu’ici les preuves de cette conjecture font défaut ". Ce qui parait probable, c’est que les Romains se sont sans cesse (efforcés de rajeunir ces divertissements cruels, de sorte (|ue certaines fantaisies, qui ont laissé leurs traces sur les monuments, ont pu ne pas avoir de suite. Oiiel(|ue- lois, surtout dans les prciuicrs temps, on fît combattre les bêtes fauves par des hommes venus des pays mêmes où elles avaient été prises, parce qu’ils s’y entendaient mieux que d’autres : le roi Bocchus envoya à Sylla des Numides avec les lions (|u’ils devaient tuer,

pro Scsi. 04 ; nd Qii. fr. Il, C ; l’elron. 45. I.udus bestiarius : Sen. Episl. 70, 19 ; le b. peut môme y être magister, dompteur : Ucn. Benef. Il, 19, 1. (joetz, Corp. glossar. latin. Il, 328, 30 : Hestiarivs, Or.f.oca//, ;. — " Meicr, Bull, delf Jst. nrclt. di Borna, 1884, p. 139. — 12 (iocli, Corp. glossar. la’lin. IV, 25, 1 : Bes- litirius, venator liestinriim. — ’3 C’est en somme l’opinion de Fricdliinder, ’. c. p. 537, mais elle contredit colle de la p. 391, noie le. — IV D’où venator, cl non bestiariifs. dnns les inseriplions. Il y a même des renniores iminiines, soldats d’(Slite,cliarj ;i !s de la capture des animauï vivants [vf-katui, p. 706] ; bien entendu, ils n’ont de connnun (|ue le nom avec les rcn. de lamphithMiIrc. — 15 Fronlo, Ad M. Ca’S. 5, 3. Cf. l’nll. V, .i, p. 231, i. — i« Forlouicnt rcslaurii. — " Dio Cass. MV, 20 ; IleUH-n. .Xnn. delf ht. di coir. nrch. di Huma, XIV (1842), p. 12 ; Alonum. pi. wwm. — 1» Uciizen Uii-in(5nie cite la nn)nnaio de Kcgulus (fig. 7369), une gemme de Sloscli ol Sanli Barloli, Pitliire ant. d. grotte di /ioma, II, 27, 28. Cf. Ilcnzen, Dits. p. 118 ; I, oriipicl, jUos. rfe /ieinu, pi. vu ; Além. de ta .Soc. d’hist. de Chnlonsur-Saône, IV, pi. i : .l/iisco Campana, pi. 93 = S. Rci- nach, Répert. de reliefs. III, p. 270, n. i ; Di^chclclle, Vases de la Gauleront. Il, p. 97, n. 582 n ; p. 101, n. Ii09 «. Cf. Meier, donner Jahrb. I.XXI, p. 1 12. — ’9 Meier, Bull, dell ht. di. corr. nrch. di llomn, 18H4, p. 137 ; Friedliinder, /. c. p. 530.