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Les chasses offertes en spectacle avaient ordinairement lieu dans la matinée ; elles commençaientaveclejour : les amateurs, comme l’empereur Claude par exemple, y accouraient dès l’aurore’ : de là l’épithèle iiiutii/inus appliquée à tout ce qui s’y rapportait -. Leur durée, naturellement, était variable ; elle dépassait souvent quatre heures mais tout devait être terminé à midi, si un combat de gladiateurs suivait la venntioK

Xomhre des animaux. — Le nombre des animaux lâchés dans l’arène était proportionné à l’importance du muntis. Les anciens nous ont laissé sur ce sujet des renseignements curieux ; mais dès l’antiquité même on se menait des chliFres énormes transmis par certaines traditions"’. Il est trop clair que ces chifTres, pompeuse- ment annoncés avant le spectacle, étaient ensuite rappe- lés avec complaisance, cités avec admiration% et enfin grossis démesurément, à dislance, par la vanité des uns, par la crédulité et l’imagination naïve des autres, en dépit de la comptabilité, dont les pièces authentiques étaient probablement, comme celles de la gladiature et pour les mêmes raisons ’GL.Di.Ton, p. 1597], conservées dans les divers dépôts d’archives ’. Une de nos sources les plus sûres, c’est encore le monument d’Ancyre : Auguste y dit lui-même qu’il a donné pendant tout son principat 26 ve7}alinnes, dans lesquelles on a tué environ 3500 bêles sauvages, ce qui donne une moyenne de 134 bêles par cenatio^, chilTre qui parait bien modeste quand on songe que Pompée, s’il faut en croire l’histoire, avait fait tuer avant lui 500 lions en cinq jours, César 400 dans une seule fête ’ ; pourtant Auguste passe pour avoir aimé ces sortes de divertissements". .près lui, surtout lorsque les Flaviens eurent construit le Colisée, ces hécatombes, comme il est naturel, prirent de plus larges proportions" : pendant les fêtes données pour l’inauguration de l’éditice 9000 bêtes furent abattues, dit-on’- ; on en compta 11000 dans les i^enatioiies par lesquelles Trajan célébra un de ses triomphes en l’an 106 ’^ En notant ces chiffres avec tant de soin, comme .ugustelui-même, les historiens des empereurs " nous donnent une idée de l’importance que le peuple y attachait. Si desjeux des princesnouspassons à ceux des particuliers, nous voyons dansles municipes de modestes magistrats, suivant l’exemple venu d’en haut, rappeler fièrement le nombre des animaux immolés à leurs frais sous les yeux de leurs concitoyens, celui-ci deux ours, celui-là dix, un autre quinze bêtes de toute espèce ’^ C’est qu’en effet à la gloire d’avoir amusé la multitude se joignaitcliez eux une satisfaction d’un ordre plus relevé, celle d’avoir rempli une tè.che d’utilité publique en débarrassant les provinces lointaines d’animaux très

lal. VI, I7(i5 ; X, C365 ; Colagrossi, p. 50. Il va do soi ci-pcndant que là où il ny .ivail point de subslruclions les ca^cs (levaient ôtro amenées Jusqu’à l’une des deux entrées ménagées à chaque bout du grand axe de l’aniphilhéâtre, par où on péné- trait de plain-pied dans larène. Dio Cass. I.X.VII, 10, distinguo les oniuiaui lancés directement sur l’arêue, nfoa^vi^f.a. de ceux qu’on y portail dans leurs cages, iv St3c ;j’,i ; i :»-.0sts6jAfva. Les deux systèmes étaient donc employés, même «u Colisée. Cf. suppi.icicii, lig. 6Cb7. Sur les porlcs du podium de Trêves v. Fried- liindcr, op. ci(. p. SOL — <Ovid.J/e(. XI, iù ; Seucc. £’/) ?««. : ;ShcI. C’/aud. 34 : Lurian. jToj-nr. .îri. — 2iu./„j(v. plusbas, p. TOT) ; arsiin, Ot.ilel. XI, iC ; /erne, Slarl. X, a, XIII, 03 ; ivenaloreii Corp. imcr. lot. IV, liOO. — 3 Jlarl. VIII, 67, 4. — l Cas contraire : Corp. iiiser. lal. X, 7i93. — ’ Dio Cass. .VLIII, ii. — 6 Corp. inscr. lat. IX, iiiT : X, 1074 rf, 1815. 3704, Coii, 7iO.-,. — 7 Les historiens y ont pcut-41rc puisé quelquefois ; mais beaucoup plus souvent ils ont répété, sui- vant la coutume, les témoignages de leurs prédécesseurs. — 8 Mon. Ancyr. l.c. —"> bio Cass. XXXIX, 3S ; l’Iin. Xnt. Iiist. VUI, 5.t. — 10 .urel. Vicl. Epil. I, 25. — Il V. les chilTrcs réunis par Fricdlinder, p. 395, 53S sq. — 12 Dio Cass-

nuisibles à la colonisation. 11 n’est pas douteux que les grands fauves, au début de l’Iimpire, faisaient encore de terribles ravages en Asie et en Afrique ; les ours devaient être redoutables dans les Alpes, en Germanie, et même en Gaule : il y avait un intérêt véritable à les détruire"’. Il con- vient d’observer aussi que ces exhibitions d’animaux exo- tiques, amenés de loin jusqu’au cœur de la capitale, ont rendu de grands services aux artistes et aux naturalistes, à qui elles fournissaient gratuitement des sujets d’étude ; on le voit assez par la lecture de Pline l’Ancien’".

Les espèces d’animaux. — .Iongez et, après lui, Fried- lànder ont catalogué, dans des listes très copieuses, les différentes espèces d’animaux sauvages exposées aux

Fig. 7371. — Animaux d’amphithéâtre parés de colliers.

coups des chasseurs dans l’amphithéâtre et ils ont indi- qué à quelle époque chacune d’elles y fit sa première apparition ’*. Sans entrer ici dans une énumération qui dépasserait les limites de cet article, quelque intérêt qu’elle offre d’ailleurs pour l’histoire naturelle, nous nous contenterons de noter que les liomains, dans leurs jeux, tenaient ordinairement compte de la division en herbivores et carnivores. Les herbivores {animalia her- batira, ferae lierbaticae, herbanae, herbariae)’^ sont souvent classés à part et désignés sommairement sous ce nom collectif ; c’étaient, pour la plupart, des animaux indigènes en Europe, et même, à cette époque, communs en Italie, des sangliers, des cerfs, des chevreuils, et jus- qu’à des lièvres-" ^fig. 7375). L’ne tradition toujours res- pectée voulait qu’on n’en tuàl point d’autres dans les fêtes de Flore [flor.li.j, célébrées annuellement du 28 avril au 3 mai-’. Il y eut quelquefois des chasses de ce genre, même dans le Grand Cirque ’-- ; mais il est assez probable que ce n’étaient pas celles qui excitaient le plus la curiosité et l’émotion des spectateurs. On s’arrangeait

LXVl, 23. — ’3 Ibil. LXVill. 15. — !’• Suétone, Dion Cassius, Hérodicn, les auteurs de l’Bisloire Augusle. etc , ilans FricdUodcr, t. c. — ’^ Corp. in$cr. lat. vin, 1S87 ; IX, Ji37 ; X, tOTt d ; IST3, 3i)74, 601J, 7203.— 16Jn(/io(. Pal. VII, 626 ; Slrab. 11,5, 34, p. lit c ; Plin. .V. U. XXVlll, 121 ; .mm. Marcell. XVIII, 7, 4 ; XVII, 13, 21 : XKIII, ti, 30 ; XXIV, 5, I ; XXXI, 10. 19 ; Claud.an. Consul. Stilich. III, 2S0-2S4 ; 343-3lt ; Thcmisl. Oral. X, p. 140 n ; Friediander, p. 397. Pendant la seule a :in>e ton les b^tc» fauves ont fait périr daus l’Indo

iS2 por»ounas et pris do IJUOOO télcs de bétail (statistique anglaise) ; il est vrai

que les indig^n.’S, retenus par leurs croyances religieuses, s’abstiennent de leur donner la chasse. — 1’ Voir les passages de sa Xut. hist.^ notamment du livre Vlll, cités dans ce qui précède ; cf. VXXVI, 40. Galcn. n. à>«j^ ;i. iu !> ?>.<’- Vil, 10, éd. Kiihn, II, p. 619 ; cf. IV, p. 3». — IS .Monget, M^’m. de fintt. X (1833), p. 3r,0 ; Friedliindcr, op. cil. p. 391, cl surtout p. 537-516, Anh’ing 7. Cf. BtsriAK ma5- suETAi, Ki.KPnA», vt.SATiu, p. 688, vivAiiiLii. — " Vopisc. Pnb. 19 ; Corp. inscr. lat. VI, 10 209 ; VIII, 7969 ; X, 6012, 729>. — SO Plaut. Pers. III, 3, 30 : Augustin. Civ. D. X, 35, 37. — 21 Ovid. Fait. V, 371. — « Varr. Ji. r. III, 13.