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resta la déesse delà chasse par excellence’ ; c’est qu’elle avait commencé par être la, polnia thérûii, la reine des bêles sauvages, que l’art égéen lègue à l’art ionien, accos- tée de lionceaux ou de daims, de lièvres ou d’oiseaux de proie, sous cette forme si expressive qui, à l’époque classique, a abouti d’une partà l’Artémis d’Ëphèse rigide dans sa gaine décorée d’animaux multiples (iig. ^387), de l’autre à la Diane à la biche (tig. 2377). La ciiasseresse divine elle-même avait probablement été représentée jadis le front chargé de ces bois de cerf qu’elle fil porter à Acléon- ; on montrait ses « chasses sacrées » à Thérai dans le Taygète ^ à Agrai sur l’Ilissos * et près de Lébadée Comme déesse de la chasse en général, elle por- tait le vocable A’Agrotéra’^ l’intérêt particulier qu’elle prenait à la poursuite du cerf et du lièvre lui valut ceux d’Élap/iébolos’ et de Lagobo/os’. C’est en son honneur qu’on célébrait les ELAruÉDOLiA ’ ; il est pro- bable qu’on y représentait d’abord une chasse sacrée de cerfs, apparentée aux taudokatuapsia ’", celte fête que laThessalie availgardée en liéritage des temps égéens où l’on prenait dans des filets les taureaux sauvages, comme on le voit sur le gobelet de Yaphio (fig. 5928) : peut-être ces taureaux étaient-ils destinés aux courses rituelles qui se célébraient sur l’arène de Cnossos ".

A côté d’Arlémis, Apollon ’-, Iléraklès " et les Dios- cures’* jouèrentunrôle, d’ailleurs fort restreint, comme patrons de la chasse. Ils furent éclipsés comme tels à l’époque hellénistique par la popularité grandissante du Pan arcadien ’■'. Par une extension naturelle. Pan a cédé parfois ses fonctions de protecteur de la chasse à d’autres génies agrestes, Priape "■’, Silvain ", Yer- tumne’*. Sur 17 dédicaces de chasseurs que contient

1 On lui en alliibuait linvinlion, Gcoig :. Mon. Chron. Il, 4, 15. Si :r Arléniis chasseresse voir l’art, diaxa, p. 143. Elle est dile KwaYoç, Sopli. Electr. 563. — 2 Elle porte ces cornes sur la patère de Lampsaque (S. Rcinacb, Jlép. Jteliefs, II, p. 17-» ; cf. ibid. III, p. 484), œuvre byzantine qui s’inspire peut-âlre d’un modèle arclia’i'quo. Sur Actèoti, comme ancien dieu-cerf, voir S. Ueinacli, Cultes, mythes et religions, III, p. ’ii. Sur Cjrènc. hypostase d’Ai-lémis. mère el giand’mèro des héros chasseurs Aristéc et Actéon, tous deux élèves, comme tels, de (Jhiron.cf. Malten, A’î/rt-He (1911). Outre Oy rêne et .talaute, on peut considérer comme une forme locale d’Arténiis chasseresse l’rokris qualifiée de xv.i-i ; : Uxyryiiclt Papyr. VI, p. 30. — 3 paus. III, in, 3. — ’ l’aus. I, 19, 6. C’est là que se trouvait le temple d’Arlémis Àf/i’a'a ou Âyrotèra. — >' l’aus. IX, 30, 14. I.a 0 ;,5. Kis^i ; me parait celle d’Arlémis Hécate, vénérée sous le nom à.’ Afjrotis â Léliadée ; les déesses de l’Éleusinion de .•’parle portent aussi le vocable d’ajro<<rai {liiscr. gr. V, I, 13351. — G Artémis est adorée sous ce vocable à Athènes, à Mésare. en Eubée, à Olympie, a Sparte, à Mégalopolis, il Ai* :tu-a, à liéroia (cf. Vood«ar.l. Àmiuat Ur. School ,WA. XVlll, p. | :i3i ;on lui sacrilie des chèvres. Voir l’art. Agrotern de la Jteal-Encyclopaedte. Sur les trophées de chasse consacrés à Arlèrais à Delphes, cf. l’omlo»’, Philol. l’Mi, §15.-1 Artémis est adorée comme Élaphébclos^ É/aphia ou Laphria à Athènes, Olympie el Caly- don. Voir les art. Ki.Ai’nÉBoi.ii et ai.icotkhas iuvsia. — * Artémis est dite A»--...C- ;>..5 par Xen. Cyn. V, I 4. — 9 On connaît des Éltiphéboliai à Athènes el à Myampolis.

— 10 Sur les T>i ;noKATHAPSlA, cf. .M. Mayer, Arch. Juhrb. ISOi, p. 73 ; A. Keichel, Atli. mit. 101 1, p. 03. — Il Cf. liurro«s, The Discoveries m Crète, p. Ii9

— I-Apollou est nomm : Agraios à .Mégarc, Agrêtés kLhios, Agretts parXcnophon, Cyn.l, I ; VI. 13. Ladodicaccdc trois bois de cerf, .InfA.Pa/.Vl, 110 (cf. I5i),ra<lressc à l’Apollon ,Ie Kelphes ; il csl ligure sur l’un des médaillons des chasses d’Ha- drien qui décorent l’arc de Conslanlin, S. licinach. //ep. «t/ie/i, l,p. Î50. — U Voir l’eivoto par l’hilippe de Macédoine à Iléraklès de cornes de bison, Anlh. Pal. VII, 114-7, cl un ex-voto trouvé près d’Hérakteia l.ynkeslis, ’llsaa’/.îî Kuva- ;;5’1 (ri&a/- -...d. lOli.p. iSI). De même on consacre des massues à HérakIès, Anlb. Pal. VI, ’1 cl 351 : l’Hercule sur un des métiaillons susdits d’Hadrien s’explique par la peau de lion qu’on lui consacre. — I» Voir ci-dessus n. 1 4, p. 680, et l’épisode de la chasse des Dioscures et des Apharides. On trouve des lacets et collets dédiés à Hermès, .ln//i. Pal. VJ,i06. — 1^ f’Iusieurs des chasseurs qui sont censés faire ces dédicaces sont expressément désignés comme Arcadiens, Jn(/i. /’ai. VI, II-IC, H(i ; 188 csl offerte par un Cretois à Pan du Lycée ; 17G et 233 à fan uni aux .Xyqiphcs Dryades. Voir à l’art. Pis, p. 598, n. 5 ; p. 300, n. 9. Pan reçoit aussi les oITranilcs des oiseleurs, Anth. Pal. IX, 8i5 ; X, il. — 16 Dans un bas-relief alexandrin (S. Reinacb, /lép. Heliefs, III, p. 153,5) on voit un chasseur arrêté devant un arbre consacré à Priape. Sur Priape et l’an, voir l’art, phiapls, p. 640. — l^ Silvain reçoil le sacrifice d’Hadrien à l’un de ses relours de chasse, cf. n. M. Sur Silvain el Pan voir l’art, «ir vA>ts, p. 1G46. — 18 Verlumne élail du moins représenté

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VAnt/w/ogie, 13 s’adressent à Pan, 2 à Arlémis, I à Apollon, i à HérakIès". Encore ce dernier figure-t-il sans doute à titre d’ancêtre du roi de Macédoine, auteur de la dédicace. Au nord de la Macédoine et en Thrace s’élendaitje domaine du « héros cavalier »,donl le culte parait s’être introduit en Grèceau iii^ siècle. On le repré- sentait accompagné d’un ou de plusieurs chiens, parfois suivid’un écuyer portant des dépouilles, souventfon( ;ant sur un sanglier-". Il ne portail pas de nom spécial ; en Thrace on se bornait à accoler à Héros un vocable tiré du nom du lieu ou de la tribu dont il était le prolecteur ; en Grèce on n’ignorait pas qu’il était apparenté au Dio- nysos thrace et à ses hypostases,Lycurgue ou Rhésos-’. Dionysos est appelé Kynéyos à Priène ’^'^

A ces protecteurs de la vénerie, quel que fût leur nom spécial, on consacrait en prémices (irpcoTctYpia, ■ttocoto- Xstx) une part des dépouilles. Elle pouvait se présenter sous cinq formes, soit : 1° les prémices de lâchasse, une biche, un lièvre, une grue-’ ; 2" ce qu’il y avait de plus beau el deplusdui’able, el aussi de non comestible, dans le gibier : peau d’ours, hure de sanglier, bois de cerf" ; 3° un monument représentant le chasseur-^ ou sa vic- time-’ ; i° une des armes-’ ou un des engins -’qui avaient aidé à prendre le gibier de poil ou de plume ; o° la laisse et le collier d’un chien qui s’était distingué". Le plus souvent c’est à un arbre sacré, dominant une clairière, qu’on suspendait ces dépouilles, près du théâtre de la chasse’" ; une image attachée à l’arbre", comme on le voit encore dans nos forêts, un hermès grossier dressé à son pied’-, ou un autel rustique orné de tètes de cerf, recevaient le sacrilice ; quand les trophées de chasse étaient des curiosilés"ou quand ils émanaient de grands

parfois tenant rets el gluaux, Prop. IV, i, 33. — 19 Je parle de 17 dédicaces en complaut pour une les 15 relatives au même ex-volo des trois fltiptu-raî d. Pan (cf. p. (195, n. 10) et pour nue les 4 qui conimémorenl l’cx-volode Philippe, cf. noie 13.

— 20 Sur le héros cavalier voir en dernier lieu G. Scure, Itev. et. ano. 1012, p. 2.tU : Archéologie thrace (extrait de la Jtev. arch. 1913), p. 110. La liste des vocables du dieu cavalier a été dressée par G. Kazarow dans les Xénia de l’Université d’Athènes, 1912, I. Cf. S. Reinach, Itrp. Iteliefs, 11, p. 153 (Sofia), 4IS (Korsoia : porc offert à un héros cavalier), 419 (Athènes : cavalier fonçant sur un sanglier).

— ’J' Voir Pcrdrizct, Cultes et mythes du Pangi’e (1010) ; A. Hcinach, Itev. Hist. /tel. 1011, 11, p. 08. Faut-il en rapprocher les Oto" : àYjtr ; ou àysoTiOM de Lycie (Journ. hell. stud. X, p. 32, .’i3 ; /(<■ !>. ,-,iigr. 1014, p. 300), les génies x»v,YtT«i d’Athènes iSylloge, 031)1 — ’^s Inschr. von Prime, 313 et 334. Sur Dionysos comme " chasseur sauvage», cf. Cruppe, Gricch. Afylhol. p. 400, 840, 1290. — 23 Grue, /jie.mos. /l/’r. H, 007 ; lièvre, /tnWi.Pd/. VI, 32,72 ; sanglier, l’aus. Vil, 18, lî. Sacrifice il Diane au relour de lâchasse, très bien figuré sur la mosa’i'qiic de Lillebonnc dont provient la fig. 73(il. Voir p. 691, n. 5. Sur le gibier offert à Arlémis, cf. Stengel, Oriech. Opfergebrâuche, p. 200. - à’» J ;i(/i. /’a/. VI. 57 (peau de lion ; à Pau, cf. n. 19), 106 (peau de loupi, lit (bois de cerf ;, 114 (cornes de bœufj ; Plut. Quaest. rom. Il (bois de cerf, à D.ane) ; Arrian. Cyneg. V (eximiae d’une biche à Diane) ; Virg. Fcl. Vil, 29 (andouillier à Diane) ; Stat. 7heb. IX, 189 (peau de lion) ; C. i. l. H, 2660 (défenses de sanglier, bois de cerf, peau d’ours, à Diane) ; Vita sancti Oermani dans Acta sanct. 31 juillet, 1, p. 213 (poirier où pondent ramad’a ccrvi, apri spiculn, cnpita ferarum, à Auxerrc).

— 2, (Jiasseur portant du gibier dédie à Aphrodile (Xaucratis, II, pi, xiii, 5) ; homme au lièvre à l’Acropole, Inscr. gr. Il, 742, 13 ; le pinax du chasseur el de son chien, Ant. Oenkm. Inst. I, pi. mu, 13. — 26 Voir le lièvre de Samos rcpr. i l’art. DDNAiiiLM, fig. 253, el le relevé d’offrandes semblables qui y est donné p. 374, n. 130. Ajoutez le cerf déchiré par des chiens, Uronzen von Olympia, XIV, 217, 220 ; la tête de sanglier consacrée à Hermès, ii Pbénéos, !nscr. gr. V, 2, 3i.ii.

— 27 An(/i. Pat. VI, H. 35, 78, 121, 170, 188 (massue, lagobolon, javelot, arc, car- quois). Les armes lrouée3 dans de petits sanctuaires arcadiens, comme ceux de Lousoi,dcLykosouraetdc Bassae, peuvent’êtrc des armes de chasse. — 2SAn(A. Pa/. Pal. H, 110 (instruments d’oiseleur), 107 el 107 (filets et collets). Cf. une offrande failc par des chasseurs au temple de Mylasa, 4(A. i/in. XIV, p. 108.- 29 Ant/i. /’a/. Vl,34 33. On pouvait consacrer le chien on en personne(Jn/A. Pa/. VI, 176 ; Luciirus, A’ ;). I , ou en effigie, /nscr. ijr. XII, 2, 514 (chienne à Artémis). — ’0 Plalanu de Pan, .inth. Pal.l, 34, 106. Cf. HoeUicUer, Baumkultusder Hellcnen,pl.9, [n, :i6, 38. — 31 Gf. Boetlicher, op. cit. A la fig. 190 (art. aciioteha) on cloue unandouiller dj cerf au toit d’une chapelle. —32 Voir la Dg. 3997 cl d’autres à l’art, ne rmes. — aj Voir les fig. 2374 el 3097. Dans Pbiloslr. /m. l, 28, il est question d’une tête de sanglier attachée à l’autel d’Arlémis. — 31 Criincd’éléphant à Capoue. Paus. V, 12, 3 ; hure du sanglier dcGalvdon à Rome, Vlll,46. 1 ; sa peau àTégée, Vlll, 47, 2. Cf. Anth. Pal. VI, 11 2.

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