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signes placés dans un arc de cercle derrière son char rappellent seuls quelle est sa carrière céleste[1]. Un beau torse du Vatican [Balteus, fig. 770] porte le zodiaque en guise de baudrier ; car le « cercle oblique » est le baudrier étoile du monde[2].

C’est comme dieu solaire, dispensateur des fruits de l’année, que Bacchus est figuré sur une mosaïque d’Hippone, au milieu de vignes fécondes, avec une Fig. 7597. — Le zodiaque sur une monnaie.
Fig. 7597. — Le zodiaque sur une monnaie.
corne d’abondance, tenant de la main droite un grand anneau zodiacal[3].

L’importance que l’astrologie avait prise en Égypte à l’époque alexandrine explique naturellement que les mystères d’Isis et de Sérapis, comme ceux de Mithra, l’aient introduite dans leur symbolisme. Le myste y était vêtu successivement de douze robes, et ensuite, paré des attributs du Soleil, il était offert à l’adoration des assistants. Par la vertu de ce rite il était devenu l’égal du dieu, et les douze robes dont on l’habillait figuraient son passage à travers les douze signes que parcourait éternellement l’astre divin[4]. Un bronze, frappé la huitième année du règne d’Antonin à Alexandrie et qui rappelle le début d’une nouvelle période sothiaque, porte un buste de Sérapis, qui est entouré de ceux des sept planètes, enfermés dans le cercle du zodiaque, parce que, suivant la cosmologie des anciens, la sphère des étoiles fixes embrasse les sept autres sphères (fig. 7588)[5]. Sur un autre on voit au milieu de deux cercles concentriques, décorés chacun des douze signes, les bustes de Sérapis et d’Isis, dieu solaire et déesse lunaire, que deux cours différents conduisent à travers les mêmes constellations[6]. Le langage figuré de ce genre de représentations peut suggérer tour à tour l’idée de la carrière annuelle des divinités sidérales, celle de l’éternité de leurs révolutions ou celle de leur domination sur toute la nature soumise à la puissance des étoiles.

C’est certainement cette dernière idée qui prédomine dans les compositions où apparaît Jupiter siégeant entre le Soleil et la Lune, qui parcourent l’espace, et au-dessus de la Terre et de l’Océan, étendus à ses pieds. Cette image abrégée du monde est encerclée par le zodiaque, qui en marque la sphère extérieure (fig. 7597) Zeus est ici[7], commeFig. 7598. — Le zodiaque sur une pierre gravée.
Fig. 7598. — Le zodiaque sur une pierre gravée.
dans le panthéisme stoïcien et oriental, le dieu universel, intelligence qui pénètre et transforme toutes les parties du grand Tout. Ce symbolisme cosmique se complète parfois par l’adjonction des planètes. Une cornaline du Cabinet des Médailles montre, toujours dans la ceinture du zodiaque, Jupiter avec Mars et Mercure au-dessus de l’Océan[8] ; une autre pierre, de l’ancien Cabinet d’Orléans, Jupiter entouré des sept planètes traînées par des attelages d’animaux divers[9]. On pourrait multiplier les citations[10].

Pan, à la faveur d’un calembour, était devenu dans la théologie stoïcienne un dieu panthée [pan, p. 299]. C’est pourquoi une série de pierres gravées le représentent jouant de la flûte au milieu du cercle du zodiaque, et la musique du dieu semble bien être une allusion à l’harmonie des sphères (fig. 7598)[11].

Rien d’étonnant à ce qu’on figure dans le zodiaque, aussi bien que le Soleil, la Lune, qui y a ses mansions[12], ou les planètes, qui en font perpétuellement le tour et combinent leurs influences avec les siennes[13]. À l’astre des nuits on substitue parfois une tête de Méduse : une interprétation astronomique de date récente faisait de sa large face une image de la pleine lune[14]. Au contraire, c’est en tant que

    myst. Mithra, t. II, mon. 298). — Sol sur son quadrige entouré du zodiaque ; Mosaïque de Munster, cercle de Coblence (Westdeutsche Zeitschr. f. Gesch. und Kunst, 1901, p. 114 et pl. III ; Blanchet, Invent. mosaïques de la Gaule, t. II, 1909, no 1622) ; pierre gravée de Florence (Gori, Museum Florent. II, pl. 88 ; S. Reinach, Pierres gravées, 1895, p. 67 et pl. 59 ; Visconti, Museo Worsleiano, Milan, 1834, pl. xxvii, no 21). Raphaël a reproduit ce type antique dans son Jugement de Pâris » (Müntz, Raphaël. 2e éd. 1886, p. 609). — Buste radié de Sol entouré du zodiaque (Gori, op. l. pl. 88, 2 = S. Reinach, ibid.). On trouvera d’autres représentations analogues énumérées dans le catalogue de Gädechens, op. cit. nos 28-48. — Comparer la pierre du Cabinet d’Orléans (I, pl. 49-50 = S. Reinach, op. cit. p. 125) : buste d’Apollon ailé avec une corne d’abondance, entouré du zodiaque : au revers, lyre, chouette (?) avec l’inscr. Τύχη πρωτόγ(ονος) [= Fortuna primigenia] Κολοσσαί(ων).

  1. Cornaline de Florence (Gori, op. l. II, pl. 87 = S. Reinach, op. l. pl. 69, 11 : Sol parcourant le ciel sur son quadrige au-dessus de la Terre étendue ; derrière lui, Taureau, Gémeaux et Cancer. De même, sur un médaillon d’Antonin, cinq signes du zodiaque figurent le Ciel par opposition à la Terre (Grueber, Roman medall. in the British Mus. 1877, p. 9, no 14 et pl. xi ; cf. p. 25. no 20, pl. XXXII, 1). Cf. Gädechens, nos 37-41, 43. Sur le zodiaque comme indication du lieu de la scène figurée cf. infra, p. 1058, n. 10.
  2. Amelung, Catal. Vatic. t. I, Chiaromonti, no 592, pl. 70 ; cf. Manilius, I, 677 (stellatus balteus) ; III, 361. Autres marbres : Gaine surmontée d’une tête du Soleil ; sur la gaine, cercle du zodiaque ; trouvée à Carthage (Louvre, Catalogue sommaire des marbres, no 1833). Fragments de Sol et des signes du zodiaque â Aix (Espérandieu, Bas-reliefs de la Gaule, I, no 98). Un marbre inédit du Museo Nazionale à Rome no 9086) porte sur son bord circulaire la bande du zodiaque, tandis que le milieu, qui est évidé, ne contient plus qu’un petit gocle, oii était probablement placé autrefois un buste de Sol ou de Jupiter.
  3. Gsell, Mon. antiques de l’Algérie, t. II, p. 106, no 28 ; De Pachtère, Invent. mosaïques de l’Afrique, t. III, no 41. Pour le type, cf. la monnaie de Constantin citée infra, p. 1060, note 8.
  4. Apul. Metam. XI, 24 (duodecim sacratus stolis) : cf. Reitzenstein, Archiv. f. Religionswiss, VII, 1904, p. 408. Sur les idées eschatologiques qu’on attachait à cette cérémonie, cf. infra, p. 1058.
  5. Millin, Gal. mythol. pl. xxix, no 90 = Müller-Wieseler, t. II, pl. II, no 27 = Duruy, Hist. des Romains, VI, p. 97 ; cf. Dattari, Rivista ital. di numism. 1901, p. 166.
  6. Poole, Cat. greek coins Br. Mus., Alexandria, pl. XII, no 1078, cf. p. LVI. Une variante remplace Sérapis et Isis par Hélios et Séléné ; cf. Dattari. l. c. Pierre gravée avec Sérapis dans le zodiaque : Gori, Gemmae Florent. I, pl. CXLII ; cf. Gädecheus, l. c. nos 20, 21.
  7. Bronze d’Hadrien à Nicée (Babelon et Th. Reinach, Recueil monn. d’Asie Mineure, t. I, p. 407, no 68 = notre fig. 7597) ; même type à Périnthe (Head, Hist. nummorum, 2e éd. p. 518). Cf. à Tium : Zeus et signes du zodiaque (Babelon et Th. Reinach, op. l. t. I, p. 633, no 130) ; à Amastris ; Zeus et Héra, autour les signes du zodiaque (ibid. p. 155, no 168).
  8. Mariette, Recueil de pierres gr. I, 1 = S. Reinach, Pierres gravées, pl. 82 = Chabouillet, Catal. des camées, no 2391, Cf. Babelon, Catal. des camées de la B. Nat. 1897, p. 395.
  9. Cabinet d’Orléans, I, pl. 97 = S. Reinach, Pierres gravées, pl. 127.
  10. L’Atlas de la villa Albani, si la restauration est exacte, supportait un Jupiter trônant au milieu du zodiaque (la Vierge et la Balance sont seules antiques) ; cf. Helbig, Führer Samml. Rom., 3e éd. no 1929 ; Thiele, Himmelsbilder, p. 25. Sur le globe d’Arolsen : aigle et foudre de Jupiter avec le zodiaque (supra, p. 1032, n. 2). Comparer la liste de Gädechens, op. l. nos 11-27.
  11. Gori, Mus. Flor. II, 88, 3 = S. Reinach, Pierres gravées, pl. 79 et p. 67 ; cf. ibid. pl. 86 et p. 96 ; Wernicke dans Roscher, Lexikon der Myth. s. v. « Pan, » col. 1467 sq.
  12. Cf. Gädechens, op. l. nos 65-71.
  13. Gädechens, op. l. p. 51 sq. ; cf. supra, notes 5, 7 et 9. Mars, planète protectrice des soldats, dans le zodiaque : amulette dans Matter, Hist. du gnosticisme, pl. VIII, 8 ; cf. supra, note 8.
  14. Monnaie d’Aegae : Müller-Wieseler, t. II, pl. LXXII, no 920 ; cf. Pick, Jahrb. arch. Instit. 1898, p. 142, n. 15. Intaille : Mariette, Pierres gravées, II, 35 = S. Reinach, op. cit. pl. 100 et p. 106 ; Chabouillet, Catal. des camées, no 2382 ; cf Gädechens, op. l. nos 60-64 et p. 45 sq. ; Pauly-Wissowa, Realencycl.