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bonheur dans sa décoration. C’est le caractère dislinctif qui lui donne sa véritable physionomie et le sépare de notre « art décoratif » moderne, où l’on ne vise guère d’autre but que le beau.]
[3° LES V.SES A RELIEFS ’ . — Plus que les vases plas- tiques, les vases à reliefs se rapprochent des vases peints ; le décor en est souvent analogue et substitue simplement l’appli- cation d’un modelé à l’emploi des couleurs. L’usage du relief, comme celui du modelé en ronde bosse, remonte aux périodes les plus anciennes. Dans l’Élam-, comme dans l’Egypte préhisto- rique l’ornementation magi- que et talismanique en serpents, en scorpions, ou en personnages, s’exprime dès la plus haute épo- que aussi bien par des reliefs que par des couleurs. En Ciialdée radmirai)le gobelet de Goudéa (vers l’an ;2 400j, en pierre scul- Fig. 7331. — puhos crùiois piée, est le type déjà perfectionné des vases à reliefs de destina- tion religieuse et protectrice *. L’art susien a produit aussi de véritables chefs-d’œuvre dans ce genre, vers la même époque, comme le bol aux taureaux du Louvre, taillé dans un calcaire gris °. A llissarlik. dans les vases à forme humaine, c’est le relief qui exprime les détails, plus encore que le modelé en ronde bosse". A Chypre, les reliefs en ornements géo- métriques et petits animaux’, sont des essais timides qui préludent à des recherches plus savantes. Mais, comme pour la catégorie précédente, dans la Méditer- ranée le centre le plus ancien et le plus productif est l’ile de Crète. Dès le second millénaire, les ateliers de Cnossos ont fabriqué en abondance les grands pithoi, où Ton conservait les provisions d’huile et de denrées sèches, et dont on décorait la panse soit avec des lacis ondulés imitant des cordelettes, soit avec des bossages (tîg. 7331), soit avec de beaux bouquets de tleurs et de feuillages, soit encore avec une frise d’animaux ou di’ petits personnages*. C’est là aussi qu’on juge avec quelle supériorité travaillaient les artisans qui, à coté des po- tiers, ciselaient des vases de pierre ou de métal précieux : le vase dit des Moissonneurs ou des Guerriers’, le rhyton de la Tauromachie (fig. .’iitiS)’", le gobelet du Chef militaire", sont des chefs-d’œuvre aujourd’hui cé- lèbres. En Grèce, de .Mycènes et de Vaphio sont sorties pareillement d’étonnantes pièces d’orfèvrerie en or et en argent, telles que la Chasse aux taureaux sauvages ’-, le Siège de ville (lig. 33-231 ", tandis que la ciselure sur pierre produisait l’admirable (lacon où nage un polype
I l’our cette catégorie, consulter Ka>el-Oolllgnoii. Céramiq. p. 261-2 :0, :i3ïl-364 ; Pollier, dans Mon. publ. par Assoc. Etud. grecq. 1885, p. 43 ; Bail, corr, hell. IhSS, p. 491 ; Walters-Birch, Hiat. of anc. Pottery. I, p. 4ilC ; R. Pag. n- slccher, Die CaUnischi Itdiefkrramik. Berlin. 1909 ; H. DragcndorlT, Terra si ;il- /a/n, dans 7a/ir4ùcA«- de Poun, .CVI-XCVII, 1895, p. ISsq. ; J. Détlicielle, Les Vases ornrs de la Gaule romaine, 19ot. — 2 Mim. de la Ditég. en Perse, XII, p. 210- 211. — 3( ;.iparl, les Ùébtits de l’art, p. 97-W, 121. — 4 De Sancc cl Heuze ; . Décuutertes en CliaUée, pi. 44. — i Péiard, Les Antiquités de la Susiane, n« i24. — ’ Scbliemann, /lios, trad. Kggcr, p. 673 sq. — 7 Aih. Mitt. XI, I8»C, Bcilagc 11, n" « à 9, 13. — » Annuat llrit. Scliool Athens, VIII, p. 1 1 : IX, p. .19 ; Jalirethelte de ViCDoe, X, p. 81 ; Ath. Mitt. iSHH, pi. 4. I.a fi ;. 7331
Fig. 7332. -V
parmi des coraux ’^. Dans aucun temps la science du relief n’a été poussée plus loin.
Quand, après la tourmente qui mit fin à cette magni- fique civilisation, l’art renaît dans les lies et en Grèce, on peut juger de ce que le monde a perdu, en voyant les barbares recommencements du décor à relief. A Cliypre, ce sont de grandes amphores, où se logent, sur la panse, de minuscules figures de femmes occupées aux travaux du ménage ’■', qui préludent à la fabrication plus tardive (vi" siècle) des œnochoés au type de « la verseuse », femme assise sur l’épaule du vase et tenant une petite cru- che qui forme le bec de la poterie (fig. 7311)’" ; le sujet se transformera au iv’ siècle en groupe d’Aphrodite et Éros ’". En Grèce, dans les amphores de style géométri- que, l’ornementation en relief est assez souvent représentée par un serpent (symbole pro- phylactique), qui grimpe le long des anses ou s’enroule autour de l’orifice". Les ateliers qui di’veloppent le mieux, à partir du vif siècle, le décor à relief sont les ateliers béotiens qui reprennent la tradition Cretoise. Leurs grands pithoi, copiiis sur des modèles de métal aujourd’hui disparus, décorés de frises, de personnages et d’animaux, de files de guerriers, de processions de femmes, de sujets mythologiques sur le devant du col et de la panse, comptent parmi les plus beaux produits de l’art grec pour l’époque archaïque (lig. 7332j : c’étaient des vases monumentaux que l’on plaçait comme cyîaaxa sur les tombeaux [sEiTLCRUM, p. hili]. D’autres fabriques en Grèce, à Rhodes elsur la côte d’Asie Mineure, ont pro- duit des poteries analogues dont nous n’avons guère conservé que des fragments *". Il est curieux de consta- ter qu’à Corintlie, si féconde en vases plastiques, on n’a pour ainsi dire pas pratiqué le décor à reliefs ; cha(|ue région avait ses préférences et ses spécialités. Au contraire, en Élrurie, dans le groupe de vases dits de bucc/iero nero, c’est pendant tout le vi« siècle une dt’bauche d’ornements en reliefs qui couvrent la panse des vases et même les anses des amphores, reliefs obte- nus soit au moyen d’un cylindre portant un sujet en creux et répétant le même motif sur toute la surlace à décorer (lig. :28 :2 !)), soit au moyen d’une applique exécutée à part, poussée dans une matrice et collée ensuite sur la panse ou sur le col avec un peu de barbotine (fig. 2830. 2831 ; cf. FiGUNUM, p. 1127, H28) ; le style de ces reliefs, comme nous l’avons dit pour les vases plastiques, pré- sente un mélange d’éléments gréco-ioniens et d’éléments
dapiTS Ccnot, IX, p. 2US, lig. 131. — AJon. Lincti, Xlll, pi. I à 3 ; iHissaud, Civilisations prélielléniq. (ig. 1 et 32. — 10 Uussaud, lig. 33. 30. — n IJi.sjaud, lig. 37. — 12 Pcnol-Clijpicz, VI. fig. 31)9, 370. — 13 Ibid. lig. 3iî3. — > l’errol- Cliipiez, VI, fig. 4S7 (cipliqiié coiiiiiie pipette pour le iii dans Jahrbvch /Itst. 1911, p. -209). — 15 auU. corr. Iiell. 1900, p. 514. — m (Ja :elte arch. 1889, pi. i ; Perrol-Cliipicl, III, p. 098, fig. 506. — " Ga :. arch. l. c. pi. 2. — is Jahrburh Insl. 1886, p. 135 ; cicmplaiies au Louvre, Salle A. - 1» Sur l’ensemble voir Pcrrot. IX. p. 161 si|. La fig. 7332 daprés Perrol, IX, p 167, fig. t-3. — 2fi Voir les deni li-les diessi-es dans .Von. piiljl. par fAss. EhKt. i/r.cii. tSSS, p. ol, et lUiU. corr. lull. l>8f, p. 191 ; cf. Liriol, IX, p, 102 8q.J