Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/383

Cette page n’a pas encore été corrigée

■VUL

— 1000 —

VUL

Fig. 7577. — Vulcain étrusque.

l’existence d’un dieu étrusque Vel/âns : c’est le templum (foie en bronze) de Plaisance ’. Il convient toutefois d’ajouter que ce témoignage est corroboré par un texte de Martianus Capella : cet auteur, qui a puisé, pour sa description des seize régions du ciel, à des sources étrusques ^, place dans la V« région, à côté de Ceres, Telluj’us, Terme pater Volcanns ^

Si l’on s’en rapporte à celte dénomination, le ]’olcanus étrusque serait un dieu de la terre, de la chaleur fécon- dante. Un autre passage du même auteur semble le présenter comme un dieu lanceur de la foudre’ ; on sait d’ailleurs, par un commentaire de Servius, que les Étrusques attribuaient à Vulcain le pouvoir de lancer la foudre °. L’un et l’autre ■ de ces caractères sont étrangers à l’Héphaistos grec. Et, de fait, ce n’est point Vel/dns, mais un autre dieu, Sel/ilâns^, qui correspond, chez les Étrusques, à Héphaistos. Sethldns est constam- ment représenté, sur les miroirs (fig. 7380), sur les monnaies*, sur les gemmes ’ (fig. 7377), dans les fonctions ou avec les attributs du dieu forgeron. Depuis longtemps, on a rapproché le Vo/- canus romain du dieu crétois Te/yavoç ’^ Peut-être le Vei/dns étrusque correspond-il à rel’/iriiq : celui-ci présente, en effet, les deux caractères d’un dieu de l’éclair et d’un dieu de la végétation. Il nous est connu : l»par une glose d’Hésychius, qui le définit : b Zeù ;, ■KX’A KpTfitJÎv " (dieu de l’éclair) ; 2" par un assez grand nombre de tuiles, trouvées aux environs de Phaestos, portant la mention : Psu/ivoç ’^ ; 3° par trois monnaies de Phaestos, représentant un jeune homme nu assis dans un arbre, la droite posée sur un coq, avec la légende TêX/avoç ’^ (dieu de la végétation) (fig. 7578).

L’origine Cretoise du dieu romain Volcanus, par l’in- lerinédiaire des Étrusques, impliquerait l’hypothèse générale de la provenance méditerranéenne et orien- tale des Étrusques. Nous n’avons pas à discuter ici cette hypothèse. Nous nous bornons à constater une parenté de nom et de fonctions entre le dieu crétois et le dieu étrusque d’une part, une parenté de nom entre le dieu étrusque et le dieu romain d’autre part. Quant aux fonc- tions du Volcanus latin, si elles sont plus complexes que celles du Vel/âns étrusque, nous verrons néan- moins que parmi elles figurent celles du dieu étrusque, étrangères au dieu grec.

Mais avant d’analyser les fonctions de Volcanus, il convient de dire quelques mots du nom de Mulciber, qui remplace souvent, dans la poésie latine, le nom

i ainlc, Rôm. Mittheil. X. (190S), p. 365, y lit vel ; Thulin, Die GàtUr des Marlianus Capella u. der Jironzcleber von Piacenza, dans Beliaionsgeschichlt. Vers.icheu. Vorarbeilen. n,t (ItUiO), p. 53-54, et Sillig,/)e Groccorum nominiius iheorihoris. Dit». Balenses, XX (1911), p. tOI-105, complètent : tic/ (x«iis). — 2Cf. Thulio, l. c. —3 Slartiao. Capella, /Je niipl. A/erc. et p/iilol. I, 19. — » Id. ibitl. I, 42 : Voleanum vero Jovialem ipse Jupilerposcil, licet nunquam ille de sede co- rnsea descenderet. — 5 Scrv. in Virp. Aen. I, 4i. — 6 0. Pauli, daiis’Rosclicr, .4 lis/’. Lexic. IV, p. 785-788, chcrclic à iSlablir la con cspondaiico linguistùpio : lyc. <r,5i,o ! = pélag. élr. saitala. Solblàiis sciait lo ,lioii du fer. — ’ Kabretti, o. c. 4J9 = Gerhard, Etr. Spiegel. I, pi. isn cl III. p. tjT ; Fabrctti, o. c. 477 = (Jcrhard, o. c. I, pi. xc et III, p. 9.1 : Falirelti, o. c. ai :ii = Gerhard, o. c. Il, pl. i ;cxxxv, Gerhard, o. c. V, pi. xi.ix et p. !is. Cf. Dnrny. Uial. des Orccs, I, p. ’A-1. — » Cat, of gr. coins, Jtaly, monnaies de l’opuloiiia, p. 5, n" 2i) et f. 6, n" 27, 28. — 9 PiirlwSngler, Die ani. Gemmen, pl. xvii, n» 23 (= notre <ig. 7577), — 10 idée exprimée pour la première fois en 1840 par Seeclii, Giove

ordinaire du dieu. L’étymologie de Mulciber ’^ reste incertaine. Les anciens le dérivaient soit de mulcare (endommager), à cause de la chute qui rendit Héphaistos infirme, soit, plus souvent, de niulcere (amollir), parce que le feu amollit tout ’°. Festus, adoptant la dernière explication, la précise d’une façon qui a fait fortune chez les modernes : il commente : molliendo sciticet ferro ^. Toutefois il nous parait difficile de considérer Mulciber, selon l’opinion traditionnelle ’^ comme un surnom appliqué à Vulcain forgeron. D’une part, en effet, on ne trouve pas, dans toute la poésie latine, un exemple où les deux noms soient associés : on emploie l’un ou l’autre, jamais les deux ensemble ; Mulciber est un nom^substitut de Vulcain. D’autre part, il est sub- stitué à Volcanus en toute occasion, et non point seule- ment quand il s’agit du dieu forgeron.

Mulciber n’est mentionné que deux fois dans les inscriptions " : les dédicants ont fait figurer ce nom à côté de celui de Volcanus, pour que l’invocation fût complète. On a tiré argument de l’une de ces inscriptions ", qui porte : Volk(ano) miti site Mulcibero, pour prétendre que Mul- ciber désigne Vulcain éteignant les incendies ’-" ; mais dans cette hypo- thèse on donne à mulcere un sens forcé, auquel les commentaires an- ciens contredisent’-'. D’autre part, Fig. -57s. — Veiehanos le nom de Volcanus est remplacé crétois.

par celui de Mulciber aussi bien quand il s’agit du dieu qui déchaîne l’incendie qui’ quand il s’agit de celui qui l’apaise " ; et les poète.s qualifient Mulciber de flammeus ■^, ai’dens’^, fero.v"-^.

Il est possible que Mulciber ait été d’abord un dieu distinct de Vulcain, avec qui il s’est par la suite absolu- ment confondu : Marlianus Capella le place dans la iV’ région du ciel, alors que Vulcain est dans la V ^’. Nous avons vu que cet auteur s’est inspiré de traditions étrusques ; d’autre part, une des deux inscrip- tions qui mentionnent Mulciber provient d’Étrurie -^ Peut-être l’origine de Mulciber est-elle étrusque.

2° Le rôle de Vulcain. — .’. Le dieu de la foudre. — Alors qu’Héphaistos est essentiellement le feu terrestre, Volcanus est essentiellement le feu issu du ciel. Rien ne permet de supposer que Vulcain ait été considéré comme l’habitant des volcans avant l’importation du culte d’IIéphaislos, par l’intermédiaire des îles de l’Italie méridionale. Au contraire, plusieurs indices le montrent commandant, chez les populations primitives du Latium, à l’éclair et à la foudre. L’area consacrée à Vulcain sur le Forum romain et appelée, de son nom, Volcanal,

rEAXANOE. — *’ Hesych. Lexicon, s. v. reîk7_âvo ;. — ^2 liendic. deU’Accad. dei Lincei. XIV (1905), p. 381. — 13 Svoronos, Numism. de la Crète ancienne, p. 259, 11" 29-31 et pl. xiii, n" 24-26 (= notre fig. 7578). — ^^ Mxdcifcr dans Corp, gloss. lat. IV, p. 539, 24 et Martian-Capella, o. c. VI, 576. AfHlciuer dans Corp. gloss. lat. IV, p. 259, 33-33. — 15 Servius, in Virg. Aen. VIII, 724 ; Donat. in Ter. Hcc. 1. 1, S ; Id. in Ter. Ad. I, 2, 10 ; Corp. gloss. lat. II. ce. et

IV, p. 120, 21 ; V, p. 224, 3, p. 312, 18. — 16 Paul. Diac. Bxcerpta, XI, p. 144. — 17 Cf. Pauly-Wissowa, Hcal-Encycl. art. Volcanus, p. 2727 ; Preller-Jordan, Rôm. Mythol. Il, p. 14s. — 18 Corp. inscr. lat. V,4295 ; ibid. XI, 5741.— 19 Ibid.

V, 4295 (Urcscia). — !» Wissowa, De feriis anni Rom. p. xiv ; Id. Relig. u. Cuit, der Rimer, p. 186 ; Id. dans Uiischer, Ausf. Lexic. art. Mulciber. — 21 Cf. Scrv. l. c. : quod iijnis omnia muleeat ac domet. — 22 Cf. Sil. Ital. Punie. XVII, 96 sq. ; Ovid. Melam. IX, 262-263 ; XIV, 632-533. — 23 Slat. Silv. III, I, 132-133. _ !» Id. Tlieb. X, 100-101. — 2ii Lucan. Phars. I, ,i45. — 26 Mart. Cap. o. c. I, 48 ; cf. Preunor, Ilestia-Vcsta, p. 221. — 2i Corp. inscr. lat XI, 5741 (Senlinum)-