Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/377

Cette page n’a pas encore été corrigée

VUL

— 994 —

VUL

Fig. 7575. — Hi^phaislos forgeron.

des masses de fer en fusion, nûSpot ’ ; il n’est pas si^ir malheureusement qu’on puisse le reconnaître, activant une forge, sur la frise du trésor de Siphnos -. Son costume varie ; dansV/Uade on voit qu’il revêt unchiton pour recevoir une visite ’. Les bronzes, les reliefs, les vases le représentent fréquemment nu *. Comme arti- san, il porte Vexomis ou la chlamyde, quelquefois une courte tunique sans manches (fig. 16"")) ". C’est seule- ment dans la Gigantomachie, ou en quelques circon- stances exceptionnelles de sa vie légendaire, qu’il est figuré en vêtements d’apparat*. Dans l’épopée, il est représenté comme un artisan vigoureux, velu ■". En conformité avec ce signalement, les anciennes représentations lui donnent une barbe pointue ’ (fig. 75G8 à 7574). Mais, bientôt, la peinture des vases attiques en fait un séduisant jeune homme imberbe, à la mode du temps d’Euphronios et de Dou- ris ’. Sur les monnaies Héphai- stos, on l’a vu (fig. 7573), est représenté le plus souvent assis et forgeant ; plus rare- ment il est debout, plus rarement encore il ligure en coureur de lampadédromie ’".

Outre ces attributs ordinaires et spécifiques, il con- vient d’observer quHépliaislos a reçu le droit de porter quelques symboles qui se rapportent à des épisodes par- ticuliers de la légende, ou au rôle de certaines associa- tions cultuelles locales. Du premier type est la double

• Aeschyl. {Ath. 303 c.) ; Arislote, De mundo, IV, 25, emploie le mot au sens des masses incandescentes que rejcltenl les volcans. — 2 Cf. ci-dessus, p. 982. — ^Iliad. XV1H,416. — 4Bauraeister, Denkm. 643 ; Bliimner. /. /. IS, 22 ; Roscher, Lexic. I, p. 2042, bronze archaVsant, d’après AJus. Capitol. 4, 22 ; cf. p. 3043, I. 9 (le dieu porte la double bâche ; chevelure en croOylos) ; cf. aussi le relief de sarcophage, II. et les Cyclopes, d’après Mus. Capitol. 4, 25, reproduit par Koscher, Lexic. l. l. p. 2070, cf. p. 2071, 1. 12 ; 2052, 1. 52 : le dieu, qui forge sur l’enclume, a un pagne autour de la ceinture et est coilfé du pilos (notre fig. 4036).. — 5 Bliimner, l. l. 18. Notre lig. 7575 reproduit la statuette de Berlin, d’après Koscher, Lexic. p. 2044 = Hirt, Bilderbuch, 6, 2 (H. avec le marteau et les tenailles) ; tunique courte serrée à la ceinture, rattachée sur l’épaule gauche ; id. dans la scène de la naissance d’Athéna, Roscher, Lexic. p. 2062 (d’après Gerhard, Auserles. Vasenb. I, 3, 4 = notre (ig. 7570). — 6 Cf. la représentation archa’isnnte, reproduite par Roscher, Leric. I, 2041, d’après Mon. dell’lnstit. VI, 45 ; H. nu avec la double bâche, enveloppé dans riiimation, qui découvre seulement la moitié de la poitrine ; H. en hiniatiou brodé, sur le vase [rauçois, cf. notre lig. 7568 ; relief du Vatican, d’après Mon. dell’lnsl. 1, 12, 3 : H. à la tenaille, le bas du corps enveloppé dans l’himation. — 7 lliad. XVIll, 415 : aà/.iiv i7ti ?«fi< ; XX, 36 : (je£,., p’* !i««.’.u» ; XVIll, 410 : ,ii’(,uj «r^ioï. —S Cf. le vase François, et Bliimner, l. l. H sq. ; cf. aussi le relief archa’isant, Roscher, l. l. p. 2041 ; et Stackelbcrg, Or/iber d. Uellencn, pi. 40 (notre (Ig. 7571). Le lorsc du Vatican montre un H. barbu ; cf. aussi la statuette de bronze, Roscher, l. l. 2044 (notre fig, 7575). — 9 Walters, Ux$t. ofanc. pottery. 11, p. 190 ; cf. la coupe H. parant Pandora, dans Roscher, Lecic. 1, p. 2058 (notre (ig. 7314), d’après Gerhard, Festdanken au Winckelnmnn, 1(.41, pi. t, et la statuette de bronze archaïsante. Mus. Capit. 4, 22 (Koscher, Lf.cic. p. 2042) ; cf. aussi le relief i l’entrée de l’Académie, d’après la description d’Apollod. Schol. Œdip. Col. 50 ; cf. encore le cratère du temps de Fériclès, ii Mnuich, Furtwaengler-Reichhold, 1, 7, où 11. est représenté à cheval, (|uoiquc caractérisé par son vêtement comme dieu des artisans ; les monnaies de Lipara représentent aussi un 11. jeune et imberbe. — lu H. debout : monnaies d’Héphais- lia (l.emnos), Corinthc, Nicée, Thyatirc ; H. marchant, Lipara ; H. lampadé- dromc, Mothonc (Imhoof-Blumer, Ltjdische .Stadlmûnzen, l.’i4). — Il Cf. Gerhard, Auserles. Vasenb. I, 34 ; Roscher, Lexic. p. 2002 (notre fig. 7570). Cet attribut Ciceptionnci, à distinguer soigneusement du marteau de forgeron, ligure sur le vase du musée de Berlin, reproduit par Malien, Arch. Jahrb. l. l. p. 257, fig. 11 (notre lig. 7574), et sur l’amphore attiquc, ibid. fig. 10 ; cf. aussi le relief et le bronze archaïsants reproduits dans Koscher, Lexic. p. 2041, 2042. — 12 Roscher, Lexic. lig. de la p. S058 (notre fig. 7314). — ’3 Par oiemple sur le vase François z= notre fig. 7508. — ’» Cf. l’u^noclioé altique, Furtwaengler-Kcichbold-Uauser, II,

hache (fig. 737 ’t), qu’on voit reposer sur l’épaule du dieu,, après la scène de la naissance d’Athéna (fig. 7570) ; elle ca- ractérise le plus souvent Héphaistos comme i.o-(0( !T :6if.ii’^. Dans la scène de la naissance de Pandora, il porte un ciseau d’orfèvre ou de sculpteur (fig. 7314) ’-. Sur quelques représentations archaïques du retour dans l’Olympe, on voit <à sa main un fouet, qui sert à ce dieu peu cavalier pour guider sa monture (fig. 75()8) ’^ C’est au syncrétisme local de Samos-Naxos qu’IIéphaistos doit la fréquence des divers attributs bachiques qui lui sont donnés, à l’occa- sion : couronne de lierre (fig. 7374), rameau de pampre, canthare (fig. 7574), coupe ou rhyton’* ; à cause de la même association avec Dionysos, Héphaistos se trouve chevaucher quelquefois l’âne ou le mulet ithyphallique, par qui il est ramené dans l’Olympe (fig. 7568, 7569) ’°. En tant que cavalier, le dieu est caractérisé par sa posture maladroite d’infirme (fig. 7376) : il n’est pas rare qu’il chevauche comme un homme, mais il monte aussi à la manière dite « en amazone » .

IV. Le rôle et Vhisloire du dieu. — Après avoir ras- semblé ce que peuvent nous apprendre les textes, les inscriptions, les monuments figurés, sur la vie légen- daire d’Héphaistos et sur son culte, on doit essayer de se représenter la nature de ce dieu, de conclure sur son origine et, s’il se peut, sur son histoire. Les tliéories présentées pour l’explication de la nature d’Héphaistos ont participé naturellement des variations des grands systèmes d’exégèse mythographique. Les anciens nous en font connaître plusieurs. Pour ne mentionner que les théories modernes, on trouvera dans les études anté- rieures les traces de linlerprélation védique ", de l’inter- prétation par les« mytiies solaires» ’*, mais surtout d’une théorie naturaliste plus vraisemblable, qui fait d’Hé- phaistos à la fois l’éclair céleste et le feu souterrain’".

120, 1 (retour dans l’Olympe) ; H. a par-dessus son bonnet d’artisan la couronne de lierre ; il porte un pampre ; cf. Bliimner, /. /. 23, 29, Il est couronné de lierre sur un vase de Stackelberg, Oraeb. Meli. pi. 40 = Roscher, Lexicon, p. 2055 (notre (ig. 7671). Pour le canthare, cf. ibid. et Malien, 4rcA. Jahrb. fig. 11 = notre fig. 7574 ; sur la fig.9, ibid. H. tient une coupe ; cf. Laborde, Vases Coll. Lamberg^ I, 62 ; Inghirami, Vasi fittili pi. 263 ; Bluraner, (. l. 20, 23 ; et les monnaies de Lipara ; pour le rhyton, cf. Lœschcke, Athen.MM. XIX (1894), p. 511, pi. vin ; Malien, fig. 6, à la p. 247. — lii Cf. l’œuochoé attique, Furtwaengier-Reichhold- Hauser, II, pi. 120, 1 ; c’est sur des ânes qu’il, et Dionysos poursuivent ensemble les géants ; cf. aussi l’hydrie de Caeré il Vienne, Malien, Arch. Jahrb. l. l. fig. 5 (notre fig. 7576) ; le vase François, fig. 7 et 8 (notre fig. 7568) ; l’aniphore à fig. rouges de la coll. CaslcUani, fig. 9. — 16 Vase François (Furtwaengler-Keichhold, 1, 1 ut 2) ; cratère du Louvre, Mon. dell’lnsl. Suppl. pi. sxiv ; Pottier, Catalog. vas. p. 1010, G 162 ; cf. Beazley, Journ. liell. stud. XXX (1910), p. 66 ; H. il cheval (amphorisque corinthien de la U* moitié du vi« s.), cf. Loescli- cke, (. l. ; cratère attique, Furtwaengler-Reichhold, I, 7. — n pour l’an- tiquité, cf. Malien, Beph. p. 338 sqi ; pour les hypothèses modernes, cf. par exemple Decharmc, Mythol. p. 161 : H. forme grecc|ue d’une des épitbètis d’Agni, le dieu védique du feu (note 1, d’après Max Millier) ; à propos de la naissance de Pandora, ibid. ■ p. 169, on rapproche le dieu Ahrigu des Védas, dieu de l’éclair et créateur ; son fils Cyavanà, ancêtre de la rai-e humaine et symbole de la foudre ; cf. aussi Eni. David, Vulcain, Paris, 1838 (vieilli) ; Alfred Maury, JJ. de la relig. gr. 1, p. 103 sq. — 18 Cf. Decharme, l. l. p. 162, il propos de la naissance il’ll. : il est le fils d’Méra irritée, c’est-à-dire du ciel eu tempête ; p. 166, ’.-VvXai’Ti, femmed’ll., est la personnification des rayons de l’aurore ; Aphrodite serait elle-même d’une nature analogue (p. 166) ; les objets forgés par H. sont les images de certains phénomènes solaires (char d’ilélios, cuirasse d’or d’IIéraklès, celle de Diomèdo, armures, sceptres, trijni’s des dieux, etc.) : » il est l’artiste divin qui a créé tout ce qu’il y a de beau et de brillant dans la région céleste, comme la flamme du soleil est l’ouvrière de ces mille teintes qui colorent le ciel à l’occident et à l’orient, de ces reflets éclatants dont se parent les nuages dorés par ses rayons, u Ce genre d’explications est encore mélangé par Decharme aux exégèses naturalistes ; cf. M. Millier, Conlrib. to llie science of mythol. II, p. 791 sq. — ’9 Prellcr-Roberl, Griech. Mythol. p. », 174 sq. ; Petcrsen, finrgtempeld. Athene, 87 ; Kapp, dans Koscher, Mythol. Lexic. ^ i, p. 2036 sq. [théorie d’H. éclair] ; ce point de vue est abondamment développé par Decharme, /. /. p. 161 sq-, qui s’ingénie à expliquer par de subtiles analogies avec les phénomènes du feu céleste ou terrestre les évéuemculs de la vie légendaire d’ii ; c’est à ce point de vue que se sont ralliés en partie (jruppe, Griech. Mythol.