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tique, n’est pas, en définitive, beaucoup plus iustructif, Prométhée n’étant pas non plus, croit-on aujourd’hui, un liéros d’origine attique [prometueus] *.

Ce que du moins nous pouvons suivre, c’est le pas- sage d’Ilépliaistos vers rOccident. On notera d’abord, mieux qu’il n’a été fait traditionnellement, l’importance du centre de transition lemnien, patrie primitive des tri- bus de Sintiens, qui sont des tribus thraces. Le rôle de la Tlirace dans la dilTusion de la métallurgie agricole, la parenté avec les Ligures, civilisateurs de la Gaule, de l’Italie, et indirectement de la Sicile, sont des faits qui ont été indiqués plus haut ^ Mais quelque importante que soit cette transmission trop négligée, il ne faut pas pas- ser sous silence une autre origine, qui n’est pas moins probable. En Occident, c’est aux iles Lipari que le culte d’Héphaistos semble le plus enraciné (tig. 7581). Il n’y était pas venu assurément par la Grèce propre. Malten indique raisonnablement que des Grecs asiatiques de Guide avaient colonisé les iles Lipari ’ : ils avaient amené, semble-t-il, le dieu avec eux, et ils le retrou- vèrent dans le feu des volcans. Les histoires racontées à Lipara sur le forgeron mystérieux, qui façonnait la nuit le métal abandonné le soir à l’état brut, ne procèdent sans doute d’aucune poésie savante ; ce sont des légendes originales, qui se rencontrent chez d’autres peuples, sous la même forme*. Les iles Lipari étaient appelées Héphaestiades°. Trois surtout sont mises en relation avec Héphaislos :

1° Lipara d’abord, siège des légendes du forgeron nocturne^ ; 2° Hiéra, où Thucydide mentionne déjà l’atelier du dieu, ancienne ©épjAEiaa, semblet-il, qui aurait troqué son nom primitif d’ile chaude contre le nom d’ile sacrée’ ; 3° Slrongylé enfin’. Là, comme en Argolide, Héphaistos était en rapport avec le feu des volcans, phénomène auquel il était resté étranger dans les régions orientales ; pourtant celte relation ne fut jamais complètement acceptée, même en Occident : Héphaislos incarnait surtout encore l’apparence exté- rieure de la flamme, tandis qu’un géant était sup- posé exciter de l’intérieur l’activité du cratère. Des volcans des Lipari Héphaistos fut amené enfin u l’Etna voisin ’" : mais, là encore, il ne devait qu’être substitué à un démon indigène, .^dranos, divinité locale, dont plusieurs textes signalent le sanctuaire sur l’Elna. Le fait que ce sanctuaire était habité par des chiens sacrés, animaux étrangers au culte d’Héphaistos", prouve assez

ï Sur ProméLbée, symbole de la « Fréméditatioa n réflécliie, et son rapport avec Héphaislos rarlisan i Banausos), cf. Malien, /. c. p. 243-5, qui explique bien que ce caraclire esl aussi à l’origine du rapprochement entre Hépllai^tos et Athéna, asso- ciésensuiledans la protection desarts, p. 244, note t ;dansla2* moiliédu vi« s. se développe la légende qui cherche à créer des relations physiques entre Héphaistos et Athéna. Sur l’origine de frométhée cf. Malten, p. 244, note î. — 2 Cf. ci-dessus, p. 9bii, note 5. — 3 Tbucyd. 111, s8, 2, _ 4 Malien, ;. c. p. 243 et 258. — 5 Cic. Ùe nut.deorurn, 111,33 ; Plin. A’. Aii(. 111,92. —6 Les textes sont recueillis par Malten, heph.f. 322 : Theocr. U, 133 ; Callinoach. Hymn. in Artem. III, 4C. et Scliol. ; Callias de Syracuse, dans Scliol. Apollon. Rhod. 111, 41 ; cf. Schol. IV, 4G ; Valer Flacc. Il, 90 ; Juvenal. I, 8 ; Xlll, 44 ; Claudiau. De tertio consul. Honor. lai, 196 ; De rapiu Proserp. II, 174 sq. Très nombreux témoignages par les monnaies ; cf. Greelc coina in the Sunterian eotlect. I, 261, 7-12 ; Cat. rjreek eoins, Sicity. 236, 1 ; 238, 17-19, 2000 (H. au cantharel ; cf. aussi Bunterian collect. I, 260, 1-4 ; 263, 77, 78, 79 ; en général, Head, Uist. num. ’2, 191. — 7 III, 88, 2 sq. ; Agalhoclès. Schol. Apollon. Rhod. IV, 761 ; cf. Schol. III, 41 ; Ptoicm. IV, 4, 17 ; SIrab. 273. — «Strab. 273 ; Malien, p. 322. — » Agathoclcs, Scliot. Apoll. Rhod. IV, 761. — lu D’après Euphonon, flertin. Klassikertexte, V, I, 60, les Tolcansdes Lipari et l’Etna communiquent sous terre. Cf. E. Ciaceri, Culti e miti nella storia deU’antica Sicttia. — Il Sur Adranos cf. Aelian. De nat. anim. XI, SO : i=./.5,« ; S« :^., ; Diodor. XIV, 37. 5. Sur les 1000 chiens du léménos, Aelian. t. l. XI, 3 : ’Hcai»- !. !, -îii^ÎTo. ...i >«’. Tirti ,i.c ;8.-<«c ■.ai tMio. ,t,ii ,„-, «J» i,>,„i.

qu’Adranos n’avait rien à voir, à l’origine, avec son substitut, dieu du « feu éternel ». La confusion ainsi établie fit rattacher d’ailleurs par la suite les Paliques sici- liens, fils du démon de l’Etna, à Héphaistos, qui devint leur père à l’occasion ’-. Dans la région de l’Etna, il est sûr qu’Héphaislos n’a jamais été considéré non plus comme le dieu qui provoquait les éruptions du volcan ; ce rôle était dévolu aux Géants, ensevelis sous le cratère, d’après la tradition courante *^ Héphaistos avait seulement son atelier dans la zone des flammes’*. Les Cyclopes, qui devaient devenir ses serviteurs (fig. 2258), furent d’abord ses voisins’^ [cyclopes].

Les traces du culte de l’IIéphaistos grec en Italie (voir sect. II), ne sont pas nombreuses ; le plus souvent, on l’identifie avec le Vulcanusi.

(Volcanus) qui, comme 

Adranos de l’Etna, a des analogies avec Héphaistos sans pouvoir lui être assimilé. C’est en Êtrurie que l’Héphaistos gréco-oriental garde le mieux son originalité : peut-être la transmission s’élait-elle faite par Lemnos’^ La forme étrusque du nom est Selhlana (fig. 7577 ; ", et le Sethlans étrusque est, comme Héphaislos, associé quel- quefois à Dionysos-Bacchus. Dans le Samnium, des traces d’Héphaistos ont été constatées à Aesernia, d’après les monnaies". En Campanie, la région de Dicaearchia- Puteoli s’est appelée ’HcpaïuTou k-(o^i, à cause de la nature volcanique des solfatares ". A Rome et dans l’Ombrie, les indices relevés sont presque insignifiants-".

H. RUes et fêles. — Ce qui est connu des rites du culte d’Héphaistos et de ses fêtes est encore important. En Asie, principalement, le silence des textes, des inscrip- tions, est particulièrement regrettable. On a déjà men- tionné le rôle d’Héphaistos comme protecteur des tombes lyciennes (ci-dessus, p. 089). A Magnésie du Méandre, les monnaies révèlent des processions à la mode asia- tique, où la statue était portée hors de son temple (fig. 7573). Sans doute les mêmes documents nous font connaître aussi l’existence des corporations d’ouvriers habitant autour de l’Héphaisteion, cela du moins pour l’époque impériale tardive. Ces corporations étaient chargées de porter la statue dans les processions, à certains jours de fêtes qui rappellent les ’IIç.a !7Tta athé- niennes. Il est probable (|ue de telles cérémonies devaient être célébrées partout où divers indices nous révèlent l’adoration du feu hépliaistien. Vraisemblablement aussi elles existaient dans les endroits où le nom d’un mois était tiré du nom d’Héphaistos ; par exemple, semble-t-il,

T« xat etîf0(’ ;AiiT0V tîff’i Se KÛve ; sept xe tô>* viiov x«t xi à"/.flo ; tEçoî. — 12 Cf. ci-dessus, p. 983. — UAeschyl. Prometh. 306 (c’est Typhon qui esl sous la monlagne) ; Pindar. Pyth. 1, 25 (Typhon symbolise la lave ; cf. l’expression ’Açai^Tow ron^tti). Pour Callimaque, c’est Briarée qui est enseveli sous l’Etna (IV, 141 sq.) ; Malten, fermes, XLV, 1910, 392 ; Héphaislos n’a là que son atelier ; Euripid. Cyclop. 394. — U Cf. note 7. — 15 Euripid. Cyclop. 594 ; Virgil. Aeueid. VIU, 440 ; Georg. I, 471 ; IV, 170 sq. ; Cic. De divinat. 11, 19, 43 ; Stal. Siiv. 111, I, 130 ; Malien, p. 323, 339 ; Ilias latin. 857 sq. ; Briining, Arch. Jahrb. IX (1894), 1 il sq. ; Simonid. fragm. 200 Bergk 4, Malten cite une monnaie de Milystratos de Sicile, tète d’Héphaistos, Irahoof-Bluraer, Monn. grecques^ 23 sq. ; Cat. of. ijr. eoins, Sieily, 110, 1-3 ; sur un nom théophore à Syracuse, cf. Inscr. gr. XIV, 269 ; à Centuripa de l’Etna, 2393, 26s. - 16 Appian. Bell. cii V, 49 : Dio Gass. XLVIU (14) ; pour les monnaies de Populonia avec H. cf. Hunterian coll. 1, 17 : Cat. gr. coins, Italy, V, 26 ; VI, 27. — I7,G. Kiirle, Mm. JUilt. XX (1905). p. 363 ; cf. C. Pauli, dans le Lexic. de Roscher, IV, 7b3 sq. — ’» H. jeune, avec le pilos, Cat. gr. coin3, Italy, 67, 1-4 ; Hunterian collect. I, 22. — 19 Strab. 240 : Lydus, De mens. IV, 115 ; Sil. liai. Xll, 141 ; pour la région, cf. Hess, Golf V. Neapel 2, 96 sq ; Beloch, Campanien 2, 123 ; nom théophore sur une inscr. de Naples, Inscr. gr. XIV, 701 ; l’Héphaislos du relief de Naples (.IrcA. Zeit. 1873, p. 133 ; Farnell, Cuits, V, 3t !8) est idenlilié par VVilamowili avec le Volcanus latin. — .20 A Rome, Inscr. gr. XIV, 1643 ; pour les monnaie» d’Ariminum (Ombrie), cf. hunier, coll. 1, 19.