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cependanl presque unanimement acceptée’. [En tous cas, d’autres monuments de la plastique ^, comme aussi une série de témoignages littéraires ^ mêlent Héphaislos à la bataille des Olympiens et des fils de la Terre : il est rare qu’il n’y fasse pas usage de ses armes spéciales de forgeron [gigantes, p. 1538] *. C’est le même rôle que lui attribuent certains épisodes secondaires, soit qu’il attache Ixion à la roue», soit qu’il participe, en Étrurie, à la création de Pégase^.

Le cycle des traditions légendaires groupées autour de la vie d’Héphaistos étant ainsi à peu près épuisé, il convient de relater à cette place les alliances et les parentés mythiques. On n’est pas surpris que les alliances soient nombreuses, pour un dieu dont les instincts génésiques ont été remarqués’. L’association avec les Silènes du thiase dionysiaque, mise en évidence par la légende du retour dans l’Olympe (fig. 7369, 7571), est, à ce sujet, indicatrice’. Dans l’hymne homé- rique à riépliaistos, Aphrodite est donnée en récompense au dieu après la délivrance d’Héra’ ; de cet amour passionné, que ridiculisa l’adultère, Êros, d’après cer- taines traditions, aurait été le fruit ’". L’idée d’associer, pour des suites malencontreuses, le plus laid des dieux à la déesse de la beauté, avait dii naître dans la poésie homérique ; il est peu vraisemblable qu’elle soit d’origine lemnienne". h’ Iliade donne d’ailleurs pour épouse à Héphaistos une Charité que certains textes nomment Aglaia, « la Brillante ». La seconde tra- dition s’est maintenue jusqu’à une époque assez tar- dive, certains auteurs, par esprit de conciliation, accor- dant au dieu le privilège de bigamie’-. Dans l’île de Lemnos s’était constituée une tradition spéciale de

— 1 Celle explicalion esl Je M. Rliomaios, ’E=, ;|i. 4fx- 1908, i.’.i. On inlcrprélail auparavant le personnage comme Éole déchaînant les vents. — 2 Autel de Per- garae ; cl. AUert. v. Peryamon, 1112, Die Friese d. grossen Attars, Beitrâge, 3. De l’épO(|ue iiellénislLi|ue est aussi la frise du Maga ::iTio comnnale du Caelius, Helbij ;, /uhrer, 727, où Héphaistos est représenté tenant un marteau, tandis qu’un autre marteau et des pinces sont à terre prés de lui. — 3 ,poll. Hhod. 111, 3S3 sq. Ératosthène, Ca(<is(. 11. raconte que Héphaistos, avec Dionysos et les Satyres, rencontra les Géants, qui furent etVrayés par le braiement des ânes ; sur Hélios, associé d Héphaistos dans la Gigaulomaclue, ApoUodor. 1, C, 3 ; Élite céramogr. 1, p. tCO ; Gerhard, Trinkschttl. pi. Itl-ll. — * Cf. cependant la coupe à ligures rouges n" 2293 de Berlin, où Héphaistos est représenté en hoplite poursuivant un géant. Dans l’épisode de l’adultère d’Aphrodite, Héphaistog invente encore un lilet magique, pour ridiculiser les amants surpris. — ^ Cf. un vase à Hgnres rouges italiole de Cumes (Berliu, Catal. 3U23 ; S. Ueinach, Jiép. de vases, 1, 330), où Héphaistos est représenté avec la chlamys et le pilos, un mar- teau à la main. — •> Cf. un miroir étrusfjue, Gerhard. Etrusk. Spiegel, III, 219, l. 235, 2 ; Blumner, De Vulc. in veteribus art. figur. 1S7U, 23 (H. = Sethlans, cf. ci- dessous, p. 1 000). — ■■ Malien, Beph. p. 353 ; L. von Schriider, Aphrodile, Eros, und Beplt. 81. — 8 Wilaniowitz, /. /. 237 ; Kédalion appartient aussi à ce thiase (dérivation du mot, de xf|S(x’A.ov, membre viril, Hesych. s. v.) ; Kédalion a sa patrie à Naxos où se sont établies les relations entre Dionysos et Héphaistos ; Scftol. ad Iliad. XIV, Ï9l) ; cl. Malten. op. i. p. 353, pour le rôle du mulet ithyphallique dans le thiase (ibH. Ijg. S et 10) et son rapport avec Héphaislos (une représenta- tion avec le vase à boire ne porte pas le phallus) : il le ramène dans l’Olympe ; il est mêlé aussi à la Gigantomachie où combattent Héphaistos et Dionysos (Eratoslb. Cat. 11). Malten tend à diminuer l’importance attribuée à la lubricité du dieu dans ia légende attique d’Érichthonios ; pour la légende d’Ocrisia (Dionys. Halicarn. IV, 2 ; l’iularch. De fortuna Roman. lOj, légende d’origine latine, c’est le Lare qui a le rôle principal, antérieur à celui d’Héphaistos ; la critique de Malien sur des telles de Servius, arf Aeneid. Vlll, 389 et Lydus, De mens, IV, 5i, ne doit pas faire oublier l’élément plus primitif, dont témoigne l’association d’Héphaistos an thiase salace de Dionysos. — 9 Cf. le vase François et le poème que chante Démodokos dans le palais des Pbéaciens [Odyss. VIII, 366 sq.) ; la tradition est suivie par Apollonius Rhod. 111, 37 sq. ; Virgil. Aeneid. VIII, 37S sq. ; Valer. Flacc. II. 313 ; Philostr. Beroic. p "40. — 10 .onn. V, 138 sq. ; XXIX, 328 sq. ; Serv. ud Aen. I, 664 ; sur Hélios. qui dévoile à Héphaislos l’adultère, cf. Decharme, Mythol. p. 1C6 ; sur l’explication d’Héphaistos feu, par l’identification avec le soleil, Malien, op. l. p. 339. — 1’ Wilaraowitz, 238 ; l’idée de l’ori- gine lemnicnne esl «primée par Preller-Roberl, 176. — 12 Uiad. XVIII, 382 ; pour le nom d’Aglaia, cf. Hesiod. Theogon. 943 sq. (Wilaraowitz, Berakl.^, J, 90, 1) ; suivant d’autres traditions, le nom serait Thaleia (Schoi. Town. XVIll, 383), ou Pasitliéa [Schol. XIV, 231). Sur les filles nées de cette union, cf. Proel. ;

l’union d’Héphaistos avec Cabeiro, union dont seraient nés les Cabires [cariri, p. 737 sq.j’^ ; il est douteux que ce soit là une légende primitive, si du moins l’apparition des Cabires, à Lemnos comme à Imbros, n’est pas elle-même très ancienne : on aurait tardivement établi une généalogie arbitraire, pour relier les uns aux autres les grands cultes de l’île ". Les rapports amoureux avec Alhéna, relatés plus haut, tiennent dans la vie my- thique d’Héphaistos une part non moins importante, quoique ce soit vraisemblablement une légende locale. On connaît diverses adaptations de cette tradition".

Les fils du dieu sont assez nombreux : Périphétès àÉpidaure ’", Ardalos àTrézène", Palaemon ", Pylios’% Olénos-" ; Eschyle nomme aussi une fille, Thaleia, qui aurait enfanté, de Zeus, les Paliques siciliens^*. En dehors du monde des dieux et des daimones secon- daires, des familles comme celle des ’ETEoëouxoéSai, à Athènes, se réclamaient d’Héphaistos comme d’un ancêtre^-.

Le cercle s’étend, si l’on veut énumérer tous les dieux ou héros avec lesquels Héphaistos se serait trouvé en rela- tions. C’est d’abord le nain Kédalion, que certaines tra- ditions nomment comme père du dieu forgeron ^’^ La légende naxienne en fait seulement le maître du fils d’Héra, mis en apprentissage à Naxos-*. Le même Kéda- lion reparaît avec un rtjle difi’érent dans la légende d’Orion ; donné comme guide par Héphaistos au géant aveugle, il le conduit vers l’occident, où Orion doit recouvrer la vue - Kédalion, comme son nom nous l’ap- prend, appartenait au groupe des c ?aù«o/ift>i phalliques de la suite de Dionysos". La rencontre entre Hépliaislos et lui s’est faite visiblement à Naxos, où Dionysos était

Plat. Tim. 11. 101 D (Orphie, fragment. 140 a-b). C’est Lucien, Dial. deor. 15, qui prête à Héphaistos deux épouses, Cliaris et Aphrodite. Sur Cliaris, cf. Cornut. 19 ; Nonn. XXIX, 328 sq. — 13 Akousilaos, dans Strab. 472, et Ptcph. Byzant. s. 1’. Ka^tipi». Le fils d’Héphaistos et Cabeiro serait Kamillos, dont seraient nés les Kàjiiisoi et les Kafeie’S'î ; d’après Phérécyde (Strab. /. /.), la descendance serait directe, les Cabires et leurs sœurs étant nés de l’union d’Héphaistos avec la fille de Proleus. Nombreuses mentions dans Nonnus des personnages issus de cette union ; cf. Malten, op. t. p. 334 ; dans Nonn. XIV, 22, les Cabires sont appelés Sar.jAovi- Iffyajîwvo ;, à cause de la forge d’Héphaistos, que l’on croyait située dans le Mosychlos(Aeschyl. f rome(A.Nauck2, 193 ; Cic. De nat. deor. Ill,’55 ; adSchol. Iliad. XIV, 231) ; cf. aussi Photius, Kijtipoi. "IlaaisToi. — " L article de Leuormant, cAi.iHi, p. 757, esl à compléter ; cf. Fredrich, Athen. MM. XXXI (1900), p. 77 sq. : XXX11I(I908), 100 ; Petlazoni, Le origini dei Cabiri. Rome, 1909. Malten note que le désir d’associer les Cabires et Héphaislos n’a pu avoir une fin culluelle, Héphaislos ayant son temple au pied du Mosychlos, tandis que les Cabires habitaient sur la hauteur (Accius, Pllitoct. 525 R.). Malien ne souscrit pas à l’hypothèse de Fred- rich (i. /. 1906, 80), d’après laquelle Cabeiro aurait remplacé une phis ancienne déesse, la Grande Mère ( ?) de Lemnos, primitivement associée à Héphaislos ; on peut admettre du moins que les poètes homériques n’ont pas dû, eu donnant Aphrodite ou Charis comme épouse au dieu, transformer une plus ancienne versioa lemnienne ; sur l’interprétation de ce mariage dans la philosophie antique, cf. Malten, op. l. p. 340. — 15 Par exemple, la légende qui montre Thétis pour- suivie et fuyant le dieu forgeron, Phylarch. Frai/m. hist. gr. I, 357 ; Tzetzes, ad Lyeophr. 173. Sur Apollon Patroos, descendant d’IIéphaislos et d’Athèna, Arislot. ap. Clément. Aleiand. t’ohort. p. 24 P. ; Cic. De nat. deor. III, 53, 57 ; Lyd. De mens. IV, 80. Sur Hélios, né d’un même rapprochement, Cic. De nat. deor. III, 32 ; Gerhard, Auserles. Vasenb. 1, 53-36 : Palaephat. De incred. 53.

— 16 ApoUod. III, 217 ; Hygin. Fab. 158 ; Pausanias, II, 1, 4 ; Ov. Melain. VII, 436 sq. — ’7 Pausan. II, 31, 3. — 18 Apollon. Khod. I, 202 sq. ; Orph. arg. 212 ; Hygin. Fab. 138 ; Malten, op. l. p. 353 ; Rapp, dans Roscher, Lexic. p. 2066.

— m Ce Pylios soigne Philoctète à Lemnos ; cf. Malten, op. l. p. 335. — 20 Hygin. Astron. Il, 13.-2’ Aeschyl. ANuki, .Nauck2, 7 ; Macrob. Saturn. V, 19, I» ; Schol. Jliad. XVIII, 383 ; Servius, ad Aeneid. IX, .584 ; cf. aussi le vase Overbeck, Kunit- myth. Zeus, 418, pi. 6, 6 (notre Cg. 4231) ; Preller-Roberl, Griech. Myth. 182, 2. Sur Thaleia, Malien, p. 353 ; l’union avec les Paliques n’est pas primitive ; cf. Hesych. s. v. n«.’A,>o.’ ; Malten, p. 333. — 22 plutarch. De vit. X orator.i 43 E. Malten, p. 336, cite encore comme descendant d’Héphaistos le ,o»Tiit<i’Ao ; ■taéO»-., Anthol. Palat. XIV, 33.-23 En général, Malten, p. 358 sq. - 24 Schol. ad Iliad. XIV, 296.

— 25 Eratoslh. Calast. 32 ; C. Robert, p. 102 sq. ; Schol. iNicandr. Theriaca, 13 ; une peinture mentionnée par Lucien, De domo, 28, représentait Héphaistos suivant des yeux Kédalion, qui emmène Orion vers le couchant. — 26 Hesych. s. V. »ii8«).oy ; Wilamoviilz, 243, CO.