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aussi laperte dusexe masculin ; mais, dans cette version, il n’est plus question de l’ouverture de la boite des maux’. Dans l’un el l’autre récit, il est notable qu’Hé- pliaistos n’est présenté que comme l’exécuteur de la volonté de Zeus ; on aurait donc tort de le considérer comme ayant eu le rôle de créateur du genre humain, au même titre que Prométhée^. Il n’y a pas lieu non plus sans doute de supposer, comme on l’a fait, une forme de légende plus ancienne, d’après laquelle Héphais- tos aurait modelé lui-même dans l’argile la première femme, la déesse de la terre [tellls]^. Il n’intervient là, un peu comme dans l’anecdote de l’enchaînement d’Héra, que comme ouvrier, comme magicien. Ce mythe assez secondaire de la vie légendaire du dieu a d’ail- leurs des analogies dans l’invention spontanée d’autres peuples primitifs*. Il est permis enfin de penser qu’il a pu se développer dans la pensée grecque spécialement altique, par une sorte de confusion avec la tradition relative à Prométhée. Sur un vase d’Oxford, on voit Pan- dora sortir du sol sous le coup de marteau d’Épimétheus [PROMETIIEI’S, fig. 08OOJ ■’.

Cette représentation appelle la comparaison avec le mythe de la naissance d’.Vthéna [minerva], autre aventure où Héphaistos n’apparaît qu’en place secon- daire. Là son rôle est même ignoré d’Hésiode’^. Les plus anciennes mentions de cette aide secourable sont celles de la poésie pindarique’, et la légende apparaît comme la plus récente dans toute l’histoire du dieu. L’art, plus spécialement la peinture des vases, avait représenté quelquefois cette « délivrance » de Zeus, qui, souffrant d’un violent mal de tête, a recours à la bi- penne du forgeron pour faire jaillir, hors de son crâne fendu, une Pallas Atliéna tout en armes (fig. 7370)’. Mais on ne s’accorde point à reconnaître, dans les diverses scènes, le même « accoucheur à là hache ». C’est que,

• C’est à cette tradition (578-584) que se réfère une coupe du v« siècle, à tond blanc, où l’on veut retrouver le souvenir de la scène de la base de la Parlliénos ; Ho- scher, Lexic. ». v. /J-yliaislos, S057-6 = notre flg. 7314 ; Anésidora(Candora) entre Alhèna et Héphaistos qui la couronne d’une Stéphane d’or ; cf. aussi le relief, Arch. Ztitung, Vlll, pi. 17, 2 ; suivant uneautre version, c’est Athèna quicouronne la jeune Fandora de fleurs (576 sq.j.Cf. un cratère à (if ;, rouges du british Muséum, Journ. hcH. slud. XI (1890), pi. 11-12 ; Koscher, lexic. ill, 1527. — 2 C’est la thèse que développe îiapp, dans lioscher, Lexic. 1, 2058. — 3 Weisiâcker, dans Koscher, Lexic. III. 1526. — * Cf. Malien, op. t. p. 347, avec l’iuterpré- Utiou vraisemblable des passages de Lucian. Hermot. 20 ; Hygin. Fab. 142 ; Servius, arf j-Eneid. III, 35 ; Plat, l’rolag. 321 e ; Polilic. 274 c. Sur le mélange des traditions relatives à la création du genre liuiuain, tantôt par Héphaistos, tantôt par Prométhée, cf. Malien, ikid. : Iiapp, dans lîoscher, Lexic. m, 3044 sq. ; 3101 sq. — » Rapp, ;. c. ; le vase d’Oxford est reproduit dans Arcli. Jahrb. XXVI (1911), UO. — 6 Theogon. 924 si|. ; cf, aussi le fragmcnl Galen. plac. Hipp. 3, p. : 350, Miiller. La Théogonie fait nailrc Héphaistos après Alhèna. — 7 Pindar. Uymn. fragment 34 ; Oiymp. VU, 35 ; "H^aî^^-iou xZ/v-xl :.,. ,«).»i-/>àT^ lE’Aiiii. Pour les mentions littéraires plus tardives, cf. Apollodor. 1, 3, 6 ; Lucian. Dialog. deorum, 8 ; Pbilodem. De pietat. 59 ; Cornut. 19 ; Philostr. im. U, 27 ; .Nonnus, Vlll, 80 : f.„- ;i^.i-,t -o.ioYivtc’r, ;. — » .otrc lïg. 7570 d’après l.erhard, Aiiserles. Vas. I, pi. 4. La liste des peintures de vases représentant la naissance d’Athèna est donnée par Gerhard, Auseriea. Vasenbilder, 1 sq., 5 s(|. ; cf. Beondorf, Annali d. Intlit. 1865, p. 372 ; Schneider, Abhandl. d. archûol. epigr. Seminars, herausgeg. t. Benndorf-Hirschfcld, 1890, Die Geàurt der Alhene ; Waliers, Hist. of anc. poltery. II, 36 sq. Schneider compte en tout 35 vases, dont 5 seulement à figures rouges. Hépliaistos paraît du fois sculeiiienl sur les vases à figures noires, quelquefois désigné par une inscription ; quatre fois sur les vases à figures rouges ; ce qui prouve le caractère récent de son inler- ventlon. Ilailleurs les peintures ont presque toujours représenté plutôt le moment qui suit l’acte d’Héphaistos et le coup frappé ; cf. par exemple ilonum. d. Instit. IV, 56. 3, 4. Athèna est presque déjà partout visible el dés l’époque des plus anciens documents : Monum. d. Insl. III, 44 ; IX, 55 ; cf. aussi Arch. Zeit. VII, pi. 6, 1 (gemme) ; 34, 109 (Lœschcke). C’est aussi ce même moment de la légende qui est représenté par le vase Beugnot (f. t.) ; cf. Gerhard, Auserl. Vasenbild. 1, 3, 4 ; cf. aussi une coupe étrusque, Annali d. 1ml. 1865, J, K ; un miroir étrusque, Gerhard. EtTusk. ■piegel, III, 67, pi. 66. Pour les bas.rcliefs, cf. le relief Rondaoini

Fig. 7570.— Naissance d’Allii

pour le mythe de la naissance d’Athèna, comme pour celui de la naissance de Pandora, les traditions s’étaient confondues ; en particulier sous l’inlluence attique, Pro- méthée a remplacé parfois Héphaistos ’. Peut-être* la légende avait-elle été faite originairement pour le héros, non pour le dieu, et peut-être Héphaistos n’a- t-il dû |d’y intervenir qu’à son ordinaire supériorité de T£/viTï)ç. Les deux mythes de « naissances mira- culeuses », .Vthéna-Pandora, ne sont ainsi point e.ssen- tiels, tant s’en faut, à la biographie du dieu forgeron et magicien ; il serait imprudent d’y chercher tel ou tel symbolisme ’°. Du moins l’histoire de la nais- sance d’Athèna, à . laquelle les traditions littéraires ré- centes relièrenttoute la suite des rapports entre Héphais tes et la fille de Zeus ", in- troduit-elle ce qu’il y a de plus particulier dans cette vie légendaire.

Si l’on en croit en effet divers récits ’^, l’amour mal- heureux et violent du dieu pour Athèna aurait commen- cé dès la miraculeuse nais- sance. Mais ce n’est là véri- tablement quel’arrangement romanes([ue de relations qui s’étaient établies dès les origines, et sans aucun rapport cultuel ou mythique. Comme patrons des divers arts, Héphaistos et Athèna sont dt’jà associés dans l’épopée ". Cette communauté d’occupations fut bientôt mise en œuvre par la légende, à vrai dire assez grossière, dont Apollodore’* a donné le récit le plus

Winckelmann, Mon. vign. 14, éd. Eiselein, et le puteal de Madrid (Schneider, /. (. pi. I, 1) ; cf. surtout la grande scène du fronton Est du Parthénon ; Collrgnon, le Parthrnon, fig. 53. — 9 Sur les reliefs (relief Rondanini, puteal de Madrid), et même au fronton Est du Parthénon, Schneider reconnaît, au lieu d’Héphaistos, Prométhée (nu, imberbe), l. l. p. 5. Pour le mélange des tradi lions littéraires, cf. d’abord la version altique d’Euripide, Ion, 407 k ; Schol. Pindar. Olymp. VII, 66 ; Apollodor. I, 20. Malien, op. t. p. 347, remarque justement que, d’après son nom comme d’après son caractère, c’est Prométhée qui s’associait le plus natu- rellement à la forme de la légende racontée par Hésiode, Theog. 886-900. Zeus aurait avalé .MilT. ;, sa première femme, au moment où elle était enceinte d’Athèna ; cf. Wilamowitz, (. l. 240. Pour le froiilou du Parthénon, l’interprétation de Schneider (cf. !(app, Roscher, III, 3085) est combattue par Pclerseu, Jahrb. d. Philol. 1881, 383 ; Bnrgtempel der Alhene, 87, 1. — lo Voir d’ailleurs, pour le remplacement d’Héphaistos par Palaimon, Malien, op. l.p. 347. Celte tradition est donnée pour celle de Mousaios (Scliol. Pindar. Olymp. Vil, 66) et d’Eumolpos (cf. Philod. De piet 59 ; Gomperz, p. 31). Une autre version du mythe attribue le rôle à Hermès ; Philod. /. /. ; Sch. Pindar. l. l. Hermès était représenté sur un des reliefs du temple d’Athèna Chalkioikos à Sparte (Pausan. Ill, 17, 3). — " Cf. Lucian, Dial. deorum, 8 ; Philostral. Jmag. H, 27, p. 430 k ; Etymol. Magn. s. v. ’Epi/.9tO ;. — ’2 Malien, Heph. op. l. p. 347, avec les références ; mais il ne faut pas tirer argument de la scholie de Pindare, Olymp. Vil, 86, et du passage d’après lequel les Rhodicns auraient donné à Athèna des offrandes sans feu, à cause de la haine de la déesse conirc Héphais* tos, haine provoquée par une agression [laquelle semble en réalité plus tar- dive] ; cf. Mommsen, Fesle der Stadt Alhen. 346. — " Cf. par exemple, Odyss. VI, 233 sq. : 4ï> ;j rSo. ;, !v "Hsaiixo ; S^Saiv, xai n«V).iî ’Al)>iv, ; Hymn. homer. 20 ; Solon, 12, 49 ; de même dans Hesiod. Theog. 573 : Frg. 63, 72 (parure de Pandora : cf. la coupe à fond blanc, Koscher, I, 2037 = notre fig. 7314 ; Waltcrs. Dist. o( ancient pott. Il, 36 sq. ; peut-être sur la base de la Par- thénos, el au fronton Est du Parthénon). Sur une coupe à figures rouges, style d’Euphronios, cf. Wollers, Alhen. ililt. XIII, ISSS, 104 sq. Héphaistos (inscription) offre une coupe à Alhèna ; cf. de même, le relief archaisant de la coll. Jacobsen : Arndt, Olyplolh. Nij-CarUberg, pl. 20 ; Reisch, Oeslerr., Jahresh. I, 1898, 82. Pour l’association sur ks monnaies (à Samos, Thya- teiia, Magnésie du Méandre), cf. Malien, op. l. p. 333. — i* Apollodor. III, U, 6 : cf. Sckol. ad Iliad. B, 547 ; [Eralhost.], Cal. 13 ; Hyg. Asl. Il, 13 ; Fab. 160 ; .*erviu9, Comm. ad Ueorg. I, 205 ; 111, 113 ; Tielze», ad Lycoplir. 111.