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Dionysos put réussir à ramener sur l’Olympe Héphaistos dont il avait gagné la confiance, et qu’il enivra ; un âne ou un muletaurait été la monture du dieu disgracié, qui, sitôt revenu, consentit à délivrer sa mère ’. L’anti- quité de cette partie de la tradition est prouvée par la date des premiers témoignages littéraires et par di- verses œuvres d’art ; elle remontait au moins à la seconde moitié du vi" siècle". L’intervention heureuse de Diony- sos avait retenu l’attention des mythographes, plus que l’échec d’Ares ; la pièce d’Êpicharme, KwfjiadTai -q "lïaaitjxoi ;, traite un sujet qu’a repris fort souvent la peinture céra- mique, depuis le vase François (fig. 7568) ^ Exception- nellement dévelop- pée, la peinture du vaseFrançoisrepré- sente Héphaistos en route pour l’Olym- pe, monté sur un mulet, et accompa- gné de Dionysos et des Silènes. Les dieux attendent ; Héra est encore en- chaînée ; en face d’elle Zeus ; parder- rière, Ares, qu’Athé- na semble railler pour sa tentative manquée ; on recon- naît aussi Aphro- dite, future épouse du forgeron infirme, fiancée offerte pour payer son intervention magique. La peinture des vases à figures rouges devait reprendre assez souvent, avec des développements plus ou moins étendus, ce sujet, qui, sans doute, fut traité aussi par le grand art (fig. 7569} ’. Dans la scène de l’Olympe, la délivrance proprement dite n’a pas inspiré moins anciennement les artistes : on la voyait sculptée de la main de Gitiadas dans le temple d’Athéna Chalkioikos à Sparte^, et elle est mentionnée parmi les reliefs du trône d’Amyclées, œuvre de Bathyclès de Magnésie^. La tra- dition qui donne Aphrodite [venus] comme épouse

’ Cf. le cratère de Bologne, dans Antike Denkm. 1, pi. 36 (= notre fig. 7569) ; cf. Arislid. in Bacch. p. 29. Certains auteurs [tardifs ?] dits : alii, dans Servius, ad Bucol. IV.JOiï, introduisent une variante : (léphaislos aurait enchaîné Héra pour apprendre d’elle par force quels étaient ses parents ; maladroite correction, d’après Malien, op. l. 34+, de la tradition relatée par Hygin, Fabul. 166, d’après laquelle Héphaistos se serait refusé à délier les chaînes d’Héra, sous préteite qu’il n’avait pas de mère ; le retour d’Uéphaistos et l’artihce de Dio- nysos avaient fait le sujet de la pièce d’Epicharme, Béphaisios ou les Buueursi cf. la note suivante. — 2 Mentions dans Pindare et Épicharme (KioiA«<iTa îî ’Hçmtctoç) ; cf. Photius, Suidas, s. v. "Hçaç Seuuoùî jicb ’Hoaifrtou. Une trace du poème de Pindare se trouve vraisemblablement dans Plularch. Aniator. 751 d :

iî .« ni.Saoo ; £5, T»v -Hçn.aTOv ivtu X«j ;t»v ix -r,i ’H(a ; ,s.i.6«. (cf. le où

gt’/.DTiiti ^iftXatt d’Hésiode, Theogon. 927 ; sur Tcxpression avtu Xototiaiv, cf. Pin- dar. Pyth. Il, 43 ; pour Alcée, cf. Bergk, Lyric. gr. fragm.i, 11 : iimt «iSv i»r,5iv’ 'O’nuni :.’»» *î<r«i «la ; iréSiu. I.e vers de Sappho, 66 : ’Oh’ 'Ajiu ; 5«i» ; «ly ’Asai^ov iiriv ^ia est attribué par Wilaroowitz, /, l. 219, à Alcée. — 3 Notre fig. 7568 d’après le vase François, Areh. Jahrbuch. Inst. 1913, p. 2i9, fig. 8 ; Waentig, De Vulcano in Otympum reducto, Leipzig, 1877, 27, et Bulleltino, 1879, 22- : Loeschcke. dans L. von Schroder, 8t, 1 ; il faut meUre à part le vase François, et deux vases à ligures rouges, qui représentent l’attente des dieux ; les repré- sentations les plus fréquentes, surtout les peintures ioniennes arcba’ùjues, montrent de préférence le retour d’Uéphaistos accompagné par Dionysos. Sur les origines de cette scène et son primitif développement, cf. Salis, Areh. Jahrb. XXV (1910), 137 ; Lœschcke, dans SchrSder, 84 ; Athen. .Vin. XIX (1894), 316, I. — V Liste des vases avec représentations du retour d’Uéphaistos : Waentig, /. l. 18 sq. ; Lenormant-de Wiltc, Élite céramogr. I, 41-49 ; Gerhard, Ausertes. Vasenbild. I, 3s ; Uoscher, Lex. Mylh. I, 2030, fig. : représentation d’Ué- phaistos ivre ramené sur l’Olympe (cf. /i’(i/e, I, 42 ; Slackelherg, Graber der

à Héphaistos après son exploit n’a pas été unani- mement suivie. Une version d’Hygin, qui semble résulter de la contamination avec certaines autres par- ties de la légende, attribue le même rôle à Athéna ’. Mais en faveur d’Aphrodite témoignent les récits lit- téraires les plus anciens, notamment le poème de Démodokos inclus dans un des chants de VOdi/ssée’. Toute celte partie de la vie du dieu forgeron cesse d’ail- leurs à peu près d’être illustrée par la poésie et par l’art vers la fin du v» siècle ’.

C’est un mythe spécialement hésiodique que la par- ticipation d’Uéphaistos à la création de la femme.

Déjà reconnu com- me magicien, il est convié par Zeus à pétrir dans l’argile le corps de la pre- mière femme ’". De là naît la légende de la création de Pandora [prome- THEUs], légende sou- vent interprétée par la plastique et la peinture ". Les deux traditions lit- téraires, celle de la Théogonie et celle des Œuvres et jours, sont un peu différentes. Selon les Œuvres, Zeus aurait voulu châtier le genre humain à cause du rapt du feu ; il enjoignit à Héphais- tos de créer, avec l’eau et l’argile mélangées, une jeune femme semblable aux Olympiennes, mais animée de pas- sions humaines ; les dieux la dotèrent de pouvoirs surna- turels et ainsi elle fut appelée Pandora ; mais elle devait ouvrir le réceptacle des maux qui ravagent la race mor- telle. La tradition delà T’/ie’ogro/iie attribue la création de cette entité symbolique plus spécialement à Héphaistos et Athéna (fig. 7314). Le dieu orne la jeune créature d’une Stéphane d’or, qu’ila lui-même artistiquement ciselée ; mère d’une race funeste, cette première femme cause

BeUenen, pi. 40) ; on a pensé que la plupart de ces vases à ligures rouges dérivaient de la peinture du temple de Dionysos à Athènes (Pausan. I, 20, 3 ; Reisch, Eran. Yindob. 1893, 1 sq. ; Ton Salis, Anh. Jahrb. 1910, 134), temple qui avait été bâti entre 421 et 415. Uais il semble ({ue plusieurs de ces vases soient antérieurs à ces dates ; l’original ’dans la grande pein- ture aurait été, d’après von Salis, un tableau composé vers 440, et dont certaines représentations nous conserveraient le souvenir : cf. un stamnos, Gerhard, Auserles. Vasenb. I, 58 ; un cratère de Munich, l-’urtwaengler-Reichhold, Griecb. Vast’.nrnal. pi. 7 ; un vase, Élite céramogr. I, 43 ; un cratère du Louvre, Élite céramogr. 1, 46. Ensuite viendraient, comme inspirées vraisemblablement du tableau du temple de Dionysos à Athènes, des vases de style plus récent, comme le cratère de Bologne (Ant. Denkm. 1, pi. 36 = notre fig. 7569). — • Pausan. III, 17, 3. La peinture du vase Mazocchi (Miillcr-Wieseler, 11, 18, 195), semble rappeler un drame satyrique, comme celui d’Achaios (Wclcker, yach.tr. 300) ; les personnages sont en costume de comédie ; ëNëVa.VIOS (Ares) combat ^a !.1AAU1 : (Héphaistos) devant le trône d’Héra enchaînée, probablement pour le forcera délivrer sa vic- time ; cf. Jahn, Arch. Zritung, XI, 167. — 6 Pausan. III, 18, 16. — Mygin. Fab. 166 ; même tradition dans Servius, Comment, in Vcrgil. Bucol. IV, 6Ï , c’est en Attique que la contamination se serait faite ; cf. Wilamowitz, 222.

— ^ Odyss. Vni, 266 sq. ; cf. Wltamowitz, 224 ; les motifs semblent ceux de l’hymne homérique, mais interprétés avec une intention sarcastique. C’est la même interprétation satirique que développait le drame d’Achaios ; cf. l’bilod. Ite piet. 127 ; Wilamowitz, p. 217, 2.-9 .Malien, op. l. 340 ; Wilamowitz, 217.

— to Kf.v.’Si.» 5. à pouViiî, Ilesiod. Theogon. 571 sq. ; Opéra et diea, 6u.

— Il S. ïîeinach, Hi’pcrt. de la statuaire, I, 105 ; ce thème était représenté sur la base de la l’arlhénos de Phidias ; Winter, .rch. Jahrb. XXII (1908), p. 68 sq. ; Petersen, llurgl. der Athene, 51,1 ; sur la légende de Pandora, en dernier lieu,. C. Robert, Pdndorn, dans rflermcs, XXIX (1914), p. 17.39.