Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/335

Cette page n’a pas encore été corrigée

VIT

nM2 —

VIT

(TToô-iiov, joue le même rôle ’. A Rome, les Arvales portent pendant les cérémonies du culte une cou- ronne d’épis liés par une vitta blanche (fig. d98oj- ; les Quindécemvirs, quand ils accomplissent leurs fonc- tions religieuses, ont une couronne de laurier d’où s’échappent les deux bouts d’une longue bandelette (fig. 6009) ’. Ce qui frappe Denys d’Halicarnasse comme insignes dislinctifs du flamine, ce sont le bonnet et les bandelettes [flamen] ; quand le flamine ne se coiffait pas du bonnet à apex, il ne pouvait sortir que la tête voilée de vitlae (dTÉixjxaToi) ’ ; d’autre part, le fil de laine dont s’enveloppe Vapex n’est qu’une forme atténuée et un vestige rituel de la vitta. Le clergé des cultes importés d’Orient, prêtres et prêtresses de la Grande Mère des Dieux, prêtres de Bellone, porte sous le voile liturgique les infulae vittatae qui descendent très bas sur la poi- trine (fig. 1986 = 4059, 3482) ’. De longues et larges bandes, posées sur les épaules et formant écharpe autour du buste, prototype de l’étole, paraissent corres- pondre à la même idée rituelle ; sur des statues de prêtresses d’Isis, cette bande est décorée d’emblèmes et d’attributs divins (fig. 4103) ^. On voit souvent aussi des bandelettes croisées sur la poitrine ; dans certaines régions de la Gaule, elles semblent être un insigne de pèlerins païens Aussi bien la vitta n’est-elle pas réservée aux prêtres ; elle joue un rôle dans les céré- monies d’initiation aux mystères ; et l’initié conserve toute sa vie, comme une amulette, celle qu’il portait au jour de sa consécration ’. Un rite calhartique de certains mystères, d’après Photius, consistait à nouer des bandelettes de laine autour de la main droite et du pied ’. Dans les mystères phrygiens, lorsqu’on célèbre un taurobole privé ou public, une bandelette ceint la tête du myste ou du prêtre qui reçoit le baptême de sang’". La vitta joue également un rôle dans les rites gréco-romains de supplication : le sup- pliant tend à la divinité dont il implore la protection soit une ritln, soit un rjuiieau garni de vittae ". Enfin

vittne enroulées autour des couronnes de feuillages, voir surloul nos fig. 1531, d’après un monumenl découvert au théâtre de Dionysos, et 63S0. — 1 Paul. Diac. 433 ; cf. J. l’iey, De ianae usu, p. 41. — 2 plin. Nat. h. XVIII, i, 1 ; Henzen, Aet. Arval. p. 24-26, 28 : « vittae spiceae ». — ’ Notre figure 6009 d’après un relief du Louvre = S. Reinach, Hépert. état. I, p. 106 ; cf., à propos des prêtres d Apollon, Virg. Aen. III, 81 ; Val. Place. Argon. IV, 548. — * Dion. Hal. Il, 64 : « l-.{ «ofijiiim ; -rSy ,tiluv ti %a (rTi)init<o« ». Helbig, Sitzungsberichte d. bayer. Âkad. phil. Cl. 1880, p. 588, montre que ces »«>- [laia ne peuvent être que le pilum de laine dont parlent Varron, De ling. lat. V, 84, Paul. p. 87, et Serv. ad Aen. VIII, 664 : « lauigorosque apiccs », Sur la valeur symbolique de ces oTÉ^ijxaTa de laine cf. Ilelbig, loc. cit. p. 510 ; J. Plcy, op. cit. p. 37 sq. — â Cf. Prudent. Peristeph. 1011. A nos figures ajouter le portrait de Labcria Felicia, prêtresse de la Mère des Dieux, à Rome : Gusman, An décoratif de Rome, pi. 100. — B Ajouter : Jahrbuch d. Jml. 1910, Anzeiger, p. 254, fig, 2, statue trouvée à Hermoupolis. -.- 7 Espéran- dieu, Bas-reliefs de la Gaule rom. III, 2407, 2410, 2411, 2414, 2437 (temple des sources de la Seine), et dans Herue archéol. 1909, I, p. 358 sq. et Jievue études anciennes, 1915, p. 276 et pi. ui, déesse locale, à Bourges. Pour les nom- breux exemples étrangers à la (Jaulc et cités par Slepliani, voir S. Kcinacli, Antig. du BosplioreCimm. p. 152-153 (index), cf. p. 117. — «Cf. Creuzer, ioc. cit. Lobeck, Aglaophamus, p. 702 ; Pauly, liealencyct. VI, s. v. Vitta. — 9 Phot. Lex. p. 133, éd. Naber (t864), I, p. 333 ; cf. l’analogie de ce rite avec la coutume signalée supra au sujet de la bandelette de victoire. — 10 Cf. Pruilcut. Peristeph. X, 1011 : « mire infulatus, fcsta vittis tempora ncctcns », et 1044 sq. : « ostcntat uduin vcrticem, ... vitlas niadentes ». La fosse tauroboliipic est considérée comme la tombe où le mystc dépouillera le vieil homme pour renaitre à une vie nouvelle, <• renatus ». Il est donc possible que la bandelette ait en même temps un rôle funéraire ; v. infra. — n Virg. Aen. VU, 237 ; VIII, 128 ; Horat. Carm. III, 14, 7 ; Ovid. Ars am. Il, 401 ; Stat. Theb. Xll, 492 ; Tite Uvc XXV, 25, 6. Sur un vase de Ruvo, homme tenant un rameau auipicl est suspendue une longue bandelette : S. Reinach, Jtcpcrt. vases peints, I, p. 497. 4. — 12 Klorirs, I, 12,7 : n Fidcnae ad terrorem movendum facibus armatac et discoloribus ser- ) cntiuni in moduro vittis fnriali more proce^scranl ». Tite Live, IV, 33,

S52. — Dionysos couronné d’une bandelette.

lorsque les habitants de Fidènes marchent contre les Romains en brandissant des torches et des vittae de diverses couleurs, « furiali more », ce n’est pas seule- ment pour produire un effet de terreur ; ils accom- plissent un acte religieux de devotio ’-.

De tout ce qui précède on peut déduire que la bande- lette, dont on voit ceindre la tête de tant d’éphèbes ou même d’enfants, dans toutes sortes de scènes de la vie familière, n’a pas seulement une valeur d’ornement, un caractère de fête ; elle a surtout une destination religieuse et prophylactique ".

L’insigne de consécration aux dieux orne aussi les images des dieux’*. En Grèce, la bandelette n’est pas seule- ment un des principaux attri- buts de Nikè (fig. 697), qui la remetaux vainqueurs (fig. 1074, 4329, 6979, 7451), ou qui la consacre aux dieux nicèpho- res . La plupart des divinités grecques portent le axk^]i.<t ; il n’y a, ce semble, d’exception que pourles dieux des Enfers". Nous le voyons plus particu- lièrement sur le front ou entre les mains d’Aphrodite " et d’Éros (fig. 2186, 5800, 73oo)", d’Apollon ",d’Alhéna-°, de Dionysos (fig. 7532) ’■^’, d’Héra- clès (fig. 1983, 7556) ’^^ de Poséidon^’, de Zeus-’. Apollon le noue à sa lyre -°, Athèna à son bouclier (fig. 5058) ou à sa lance ^% Hermès à son caducée (fig. 4938) ^ et les divinités de l’Abondance, ainsi que les souverains déifiés, à leur cûrnucopia (fig. 1961). Un relief nous montre une jeune .tliénienne ceignant d’un bandeau la tête d’un Hermès’*. Dans la religion gréco-romaine il est question de vittae décorant les statues cultuelles de Cérès^’. On avait coutume d’en parer la Mère des Dieux, Cybèle ’". Les textes en signalent

ne parle que des torches. — 13 Cf. Van Hoorn, De vita atque eultu puerorum (1909), p. 52. — it Stephani, Comptes rendus de ta comm. arch. de Saint-Pétersbourg, 1874, p. 137 ; Pley, op. cit. p. 68 sq. — ’5 Cf. la Nikè posée sur une main de la Parlbénos de Phidias et les uombreux exemples cités à l’article Victoria. — 16 Cf. Pley, op. cit. p. 68. — n Cf. Stephani, p. 171.

— 18 Notre fig. 7555 = Minervini, Monum. antichi ined. Naples, 1852, pi. xv ; cf. S. Reinach, op. cit. 1, p. 59, 2, p. 65, 2, p. 122, I, p. 156, I, p. 241, etc. ;

II, p. 315 : vitta nouée sur le bras d’un Éros ; Jlépert. reliefs. II, p. 19, 2 ;

III, p. 73, 2 (palme avec vitta). — 19 Stephani, loc. cit. p. 154, 163, 173 ; Anniioii-c de numism. III, 1868. pi. ii, 2 :i. — 20 Aelian. Var. hist. IX, 39 ; Schol. Plat. Politic.m, 308 A ; Virg. Aen. Il, 168 et 296 ; Sil. liai. Pun. XIII, 62 (à propos de la prétendue Minerve troyenne de l.aurentum) ; Stephani, loc. cit. p. 164, 167, 170, 174 ; Schreiber dans Arch. Zeilung, 1883, p. 283 ; Roscher, Lex. d. Mythot. III, I, col. 1330, fig. 0, s. v. PalMion. De noire figure 5058 rapprochez le vers de Virgile, Aen. II, 168 ; « Virgineas ausi divae conlin- gcrc vittas ». Voir aussi notre fig. 5673. — ’-i Notre fig. 7552, terre cuite de Tarente, d’après E. Pottier, Les statuettes de terre cuite, p. 207, fig. 67 (= Arch. Zeitung, 1882, pi. xui, ii» 5). Cf. S. Reinach, /îec«ei(de(e/csn«r. pi. 146, 244-245 ; S. Reinach, Itépert. vases peints, I, p. 14, I, p. 144, i, etc. (bandelelte ceignant la tète) ; p. 168, 2 ; Colliguon-Couvc, Cat. vases peints mus. nat. Athènes, n<" 1871, 1888 (band. en main). — ’-2 Benndorf, Griech. u. sicil. Vasenb. pl. xi.iv et p. 92 ; cf. FurLvvacngler Griec/i. Vasenmulerei, III, p. 53, fig. 24 ; Stephani, p. 151, 167, 17.1., 173. — 23 Cf. Ile,ld, / ?. nimi. p. 838, fig. 368. — 24 Cf. Stephani, p. 169.

— 2S S. Reinach, Bcpcrt. rases peints, II, p. 27, 28, 29, 45, 284, 335. — 2b S. Rei- nach, op. cit. II, p. 317, 1 ; Mionnet, Suppl. V, p. 556, n" 380 ; Roscher, loc. cit. fig. 5 (pierre gravée). — 27 Millin-Reinach, Peintures de vases ant. I, 51, et II, 7.

— 28 S. Reinach, /li-pert. reliefs. Il, p. 79, 1. — ati Juveual VI, 50 : » paucao adeo Ccreris vitlas contingcre dignac ». Allusion à un rite mystique’ ? Cf. Ovid. .Met. v, 110. Dans une peinture relative au cuKe de Céiès on voit une femme attachant des vittae ii un rameau feuillu : Koux-IJarré, Uerc. cl Pompéi, V. pi. vi.

— 30 Arnob. Adv. nat. VI, 33. Voir aussi les longues bandelettes ’le la iléesse syrienne ; Babelon, Les rois de Syrie, pl. xxmi, 2-3 ; cf. ftevue archéol. 1904, 11, p. 250, fig. 28, monnaie de Damas.