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Fig. 7o4*. — Kaïen gréco-orientale.

été dépolie par la couche de sable qu’il fallait étaler sur la plaque avant de procéder au coulage.

Notons en terminant que les Romains n’ont connu, semble-t-il, ni le procédé qui consiste à amener une paraison à l’état de disque (verre en couronne du moyen âge), ni celui du manchon coupé sur le côté, puis étalé sur une surface plane (verre en cylindre des temps modernes).

XV. Émaux sur argile et fritte sableuse. — 1. Faïences Cretoises ’. — La fabrique de faïence établie à Cnosse au second millénaire av. J.-C. nous a laissé des pièces remarquables qui dénotent, par la technique, une influence égyptienne, mais conservent, au point de vue du style, une originalité surprenante [musivim opis, p. 2091]."

La plus curieuse de ces faïences est une déesse vêtue d’une jupe-clocherecouverte d’une sorte de tablier et d’un corsage très serré à la taille et largement échancré, de façon à mettre la poitrine complètement à nu ((ig. 6398)- ; elle est coifTée d’une haute tiare de forme orientale. Trois serpents l’enlacent ; la tète de l’un d’eux surmonte la coiffure, à la manière des urfeus égyp- tiens. La poitrine, les bras et la figure delà statuette sont en émail blanc cré- meux ; les détails du costume, les riches broderies du tablier et du corsage, ainsi que les serpents, sont en émail brun. Une seconde déesse provenant de la même trouvaille est vêtue d’une jupe à six volants et lient un serpent dans la main droite ; la tête et l’avant-bras gauche manquent^ Non moins curieux sont des ex-voto dits « robes d’of- frande >> ’, qui nous font connaître les diverses pièces du costume féminin de l’époque ; on est frappé de l’ana- logie de ce costume avec les toilettes modernes. De la fabrique minoenne de Cnosse sortaient aussi des faïences, qui attestent à quel degré de perfection les Cre- tois étaient alors parvenus dans l’art de représenter les animaux. Ce sont de petits monuments en forme de poissons volants % de coquillages, et surtout une belle plaque qui nous montre, en vert pâle rehaussé de sépia, une chèvre sauvage accompagnée de ses deux faons^ Une œuvre de cette valeur est un exemple frappant de ce goût du mouvement et des altitudes pittoresques qui caractérise les artistes préhelléniques.

2. Faïences de Rhodes (fig. 7548) *. — Les faïences du VU" et du vie siècle, que l’on désigne par le terme géné- ral de « faïences de Rhodes », parce qu’elles abondent dans la nécropole de Camiros, mais dont maints exem- plaires ont été recueillis en Grèce et en Italie, com- prennent des statuettes, des vases à décor incisé et des flacons ayant un caractère sculptural. Parmi les sta- tuettes, les unes sont de type égyptien pur ; les autres sont des imitations, quelquefois assez lointaines, des figurines de la vallée du Nil’.

I A. J. Evans, Knosso» eieamtiom, 1903, 4iini(a/ of british tchool, l. IX, 1902- 03. — s Jàiil. p. 7.Ï, fig. 54.— 3 ibid. p. 77, fig. 50-57. - V Ibid. p. 8i, (ig. 5S. — ô Jbid. p. 09, fig. 40. — 6 Jbid. pi. m. — 7 A ces objets on peut joindre une série nombreuse de petits monuments de terre 6niaillce découverts à f’Iiacstos et ailleurs : .Won. nn(icAi, XIV, p. 009 à 614, fig. 77 «83.— S Daprùs Pcrrot elChipiei, Hisl. de Tari, III, pi. v. — ’ Heuiey, CntnI. des figurines aniig. du Lomrc, p. 215- ïli, n" là 10. — ’0 F’crrol cl Chipiez, Bist. de l’art, III, p. 081. — n (jirtouclie

Les vases présentent plus d’intérêt. Ce sont des ala- bastres et des aryballes recouverts d’une mince couche d’émail bleu verdâtre, sur laquelle des dessins, tracés à la pointe, ont été repassés en teinte brune ’". Les sujets, distribués en zones, ont un caractère oriental très mar- qué. Les uns sont des motifs pris à l’Egypte : cartouche de pharaon", divinité accroupie étendant les bras et déployant ses ailes, tète de lion coiffée du disque et interprétant les images de la déesse Sekhet. Les autres consistent en animaux (lions, taureaux, antilopes) pas- sant ou accroupis et entremêlés d’arbres. Ils appar- tiennent à la même tradition que le décor des coupes de bronze de Nimroud’-. Les flacons ayant un caractère sculptural représentent, tantôt des personnages entiers avec le goulot du récipient sur la tête, tantôt des bustes coupés à la taille, tantôt des têtes isolées". Le plus curieux de la série offre l’aspect d’une tête de guerrier coiffée d’un casque grec " ; il est en fritte sableuse recou- verte d’un émail bleu, en partie disparu. Les prunelles et les sourcils de l’iioplite, ainsi que les ornements du

Fi-. TiiS. — Vases

LiUés hclléDisliqucs

casque, étaient rehaussés de touches noires et jaunes dont la trace subsiste en maints endroits. Ce qui aug- mente la valeur archéologique de ce précieux aryballe, c’est qu’il porte le cartouche du roi Ouhabra, r.priès des Grecs, qui régna en Egypte de 599 à 369 av. .l.-C. (fig. 3400). D’autre part, le Musée Britannique conserve un flacon de Camiros, modelé en forme de dauphin, recouvert d’émail bleu et portant autour de l’orifice l’in- scription : « nYOEHEML j’appartiens à Pythès >> ’°.

. côté de ces pièces hors de pair, Rhodes nous a livré un grand nombre de vases-statuettes émaillés, dont le Louvre possède une série importante. Les flacons en forme de femme agenouillée, serrant dans ses bras un gros vase surmonté d’une grenouille ’*, ne sont pas les moins pittoresques de ces créations, qui fournissent à l’histoire de la plastique chez les anciens des matériaux aussi précieux qu’abondants.

3. Produits émaillés de la période hellénistique et de l’époque impériale romaine. — Les établissements égypto- grecs d’Alexandrie, les fabriques gréco-orientales d’.sie Mineure, les ateliers gaulois de l’.llier ont livré, aussi bien pendant la période hellénistique que sous l’Empire romain, des vases et des statuettes recouverts d’unémail plombifère dont le ton est tantôt jaune ou brunâtre, tantôt verl-malachite (fig. 7549) ’". Nous signalerons, parmi les pièces les plus remarquables de cette riche série, l’œnochoé découverte à Benghazi et connue sous le nom de « vase de la reine Bérénice " », un vase du

d’Apriès sur un aryballe du Louvre, Perrot et Chipiez, Op. l. 111. pi. v. Cartouche deBocchoris. vui* s. av. J.-C. ; Scinaparelli, Mon. antichi VIII, p. 89, pi. ii à tv.

— 12 Perrot et Chipiez, Op. I. Il, fig. 399, 407 et 40S. — " lleuzey, Ctttal. p. Î16-217. — Il Perrot et Chipiez, Op. I. 111, p. 670 sq. — >' Jbid. p. 080.

— ’C lleuzey, Cnlat. p. SI6. — n D’après Wallcrs, Calât, of Ihe roman pottery, pi. m, K. -6 et K. 3. — tx Ce vase est au Cabinet des médailles ; cf. Rayet et Collignon, Bist. de la eéram. grctq. p. 372, fig. 139.