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en Grèce, à Chypre à Rhodes, en Italie el au nord des Alpes. Les perles oculées (n° 3) étaient déjà connues des Égyptiens au second millénaire av. J.-C. ’. A l’époque de la Cerlosa et de La Tène I (vie-v^ s.) elles affluent en Egypte, à Chypre, enPhénicie,dansla Russie méridio- nale, à Athènes, en Italie-, à Utique. à Carlhage, en Sa^daigne^ en France, en Allemagne, dans les Alpes

Fig,

orientales*. Le type orné de spirales (n<> 4) apparaît en Egypte dès l’an 1000, se propage de bonne heure en Grèce, mais ne passe au nord des Alpes qu’au m’ siècle avant notre ère. Les perles décorées d’une feuille d’or, recouverte d’une couche de verre transparent, qui, sui- vant Tischler, se rencontrent en Egypte au iv« siècle av. J.-C, se sont répandues, à l’époque de La Tène II, sur une zone géographique étendue. Elles ne sont pas rares non plus à l’époque impériale romaine.

Aux perles et éléments de colliers en pâte vitreuse se rattachent des pendeloques en forme de masque humain ■’ (n^o), qui sont apparentées aux statuettes du dieu Bès et se classent dans la grande famille des àTrorpoTtaca [amuletum, fig. 310] ’. Le nez, les yeux, la bouche de ces têtes au regard effrayant sont constitués par des fils de pâte blanche incrustés ; d’autres fils, enroulés en spirale, dessinent la barbe et les cheveux. D’après M. de Bissing, les plus anciennes de ces pendeloques sont égyp- tiennes et datent du Nouvel Em- pire. Parmi les exemplaires plus récents découverts en (îrèce, il se peut qu’il en soit sorti des fabriques rhodiennes, mais la plupart sont originaires de ces établissements alexandrins qui, sous les Ptolémées, cul- tivaient l’art de la caricature. Les spécimens recueillis à Santa Lucia (Istrie) ’, à Carthage’, à Tliarros (Sar- daigne)’, àSaint-Sulpice (Suisse)’" et à Vitry-lès-Reims (Marne)" proviennent de nécropoles de la fin du iv« ou du début du m» siècle av. J.-C.

La pâte vitreuse incrustée de fils colorés a été utilisée dans la fabrication de certaines fibules italiques à res- sort unilatéral des vii«-vi« siècles av. J.-C. [fibi’l.*] ; elle constitue une espèce d’olive ou de manchon qui forme le corps même du bijou (fig. 752-4 ’-).

II. Verres-mosaïques^’^. — Au cours de la période ptolémaïque, nous voyons naître des techniques qui

1 Kisa. Op. l. p. 154. — 2 BarDabei, Mon. aniich. dei Lincei. IV, p. 317, lij}. 160, 161. — STaramelli, Mon. antichi XXI, p. U.î, fig. 53. — 4 Le Ivpc oculé s"cst maiutenu à travers les âges, comme le prouvent les grosses perles, chargées d’yeui saillants, des colliers miTovingiens. Cf. Cl. Boulanger, U mobilier funéraire, pi. 41 ; Mon. aniichi, XII, pi. vi, n» 3. — 5 Cf. A. Kisa, Op. l. p. 93-94, fig. 19 à 21 ; de Bissing, Hev. archéol. ISOS, 1, p. 216 ; J. Déclielelle, Manuel, 11, 3« partie, p. 1317, fig. 374. — 6 Les pende- loques et amulettes, tant en pâte vitreuse qu’eu émail, abondent dans les tombes des régions soumises aux inOueuces puniques. Cf. Taramelli, Monum. aniichi, XXI, p. 137, fig. 45 ; p. 143, fig. 53, 34. — ’ Jlarchesetti. Sanla Lucia, pi. xiix, fig. 9. — & R -P. ûelatlre, Musée Lavigerie de Saint-Louis de Carthaje, I, pi. xxiv, fig. 1. 8. — 9 Perrot et Cliipiei, Hisl. de fart, 111, p. »îi, pi. I : Taramelli, Mon. anliclti, XXI, p. 134, lig. 57-5«. Pcnde-

5 ::4. — Kibuie à uianclK de pàtc vitreuse.

permirent de développer toutes les qualités expressives des pâles vitreuses à décor pénétrant dans la masse. Vers la fin de la République romaine, l’idéal des verriers d’Alexandrie était d’imiter et de surpasser en éclat les gemmes translucides. C’est alors qu’apparurent en Egypte les verres-mosaïques, comprenant les fameux murrhina vasa, que Pline" croyait faits d’une humeur qui s’épaississait sous la terre [murrhina vasa]. A Rome, ces produits furent d’abord connus par les magnifiques exemplaires que Pompée avait rapportés d’Orient à la suite de ses expéditions contre Mithridate. Un peu plus tard, les officines campaniennes en fabriquèrent proba- blement sous la direction d’ouvriers alexandrins et en ex- portèrent sur les marchés de la Gaule et de la Germanie. Ces verres-mosaïques comprennent surtout des vases, mais aussi des plaques décoratives de meubles’^ et des perles de colliers ’". Les vases ne sont pas très variés dans leur forme ; c’est la phiale unie ou ornée de côtes qui domine. Tous les grands musées d’Europe et d’Amé- rique possèdent quelques beaux spécimens de verres-

Fig. 7525. — Vel’res-mosaïi|ues.

mosaïques (fig. 7525) ". Très recherchés aujourd’hui des collectionneurs, ces produits avaient déjà dans l’anti- quité une valeur considérable ". Leur fabrication néces- sitait des opérations successives qu’il convient d’exami- ner séparément. On prenait des fils de verre différents de calibre et de couleur, les uns opaques, les autres trans- parents ; on les groupait d’une certaine manière (les com- binaisons varient à l’infini), puis on les faisait adhérer les uns aux autres par la fusion. Une fois refroidis, ces fils ne formaient plus qu’une seule baguette qui présen- tait, en section, un dessin plus ou moins compliqué. En découpant dans cette baguette des tranches minces, le verrier obtenait des plaquettes offrant toutes le même décor". Ces plaquettes étaient ensuite utilisées de diverses façons :

1° L’ouvrier les disposait dans un moule les unes à côté des autres, puis les portait aune haute température de façon à les faire prendre en une seule masse ^°.

2° Après les avoir placées dans le moule, il les unis- sait à l’aide d’une bulle de verre incolore, soufflée par l’intérieur.

3° Il les disposait dans un certain ordre sur un plateau métallique chauffé, puis il les ramassait autour del’ex-

loques trouvées près de Cagliari iSardaigne). — m A. de Molin, Soc. préhist. suisse, 3> rapport, p. 4. — » Bosleaui-Paris, Nouvelles fouilles du cime- tière gaulois de Vitry-lés-Ileims, Assoc. franc, p. l’arancem. des sciences, Pau, 1892, II, p. 016. — 12 Dessin inédit de Morin-Jean, .iaprés l’original du Musée de Florence.— I3 A. Kisa, Das Gins, p. 501 <q. ; Miss Edith H. Hall, Tke Muséum journal, décemb. 1913, p. 134 sq. — " Phn. A’at. Iiist. XXXVII. 8 (25). — 13 A Kisa, Op. l. p. 503, fig. lO’J à 176. — 16 /Mrf. p. 12’J sq., fig. 25. — 17 Fig. 7325 d’après Kisa, ûas Glas, fig. 203 a et 204. — 1» Sui- vant Pline, Pétrone possédait un de ces vases qu’il avait payé 300 000 sesterces. Cf. Plin. Aat. kist. XXXVIl, 7 (24). - " Pour varier l’elTet, on coupait quelquefois la baguette en biais ou dans le sens de la longueur. — 2i> Ce procédé de fusiou directe éUit déjà en usage avant l’invention du verre