Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/319

Cette page n’a pas encore été corrigée

VIT

— n3f) —

VIT

tiennent des débris de gobeleterie usuelle des m" et iv" siècles el des morceaux de fritte verdàtre’. A Wil- derspool près W’arrington, les fouilles Thomas May ont révélé des fours bien conservés qui datent de l’époque impériale romaine. On y a trouvé du cuivre, du plomb, de la chaux, du verre coloré et incolore, du verre gravé el taillé ainsi qu’une monnaie de Trajan^.

VI. Malgré leur long séjour dans le sol, les pâtes vitreuses ont, pour la plupart, conservé leur aspect pri- mitif ; certains de leurs tons seulement ont perdu leur éclat. Par contre, les verres transparents incolores ou peu colorés se sont presque tous profondément transformés Ils sont décomposés et s’effleurissent en lamelles minces. Les uns, comme plongés dans une buée, ressemblent à notre verre dépoli. Les autres, iridescents, se sont colorés de toute la gamme du prisme. L’œil est charmé par la variété de leurs tons sonores ou assourdis, de leurs couleurs caressantes ou rudes, par les accords des ors, des violets, des rouges, des bleus, des jaunes, des verts qui se pénètrent ou s’entreciioquent à leur surface. Ce somptueux vêlement fait des plus humbles verres soufflés des joyaux inestimables, très recherchés des artistes el des collectionneurs ^

B. Aperçu historique. — 1. Nous ne savons rien de précis sur la découverte du verre. Tout le monde con- naît le passage dans lequel Pline raconte que des mar- chands de nitre, ayant relâché sur la côte de Phénicie, préparaient leur repas, dispersés sur le rivage ; ne trouvant pas de pierres pour exhausser leurs marmites, ils employèrent à cet effet des pains de nitre de leur car- gaison : ce nitre étant soumis à l’action du feu avec le sable répandu sur le sol, ils virent couler des ruisseaux transparents d’une liqueur inconnue. C’est l’origine du verre*.

Puisqu’une température de 1000 à 1200 degrés centi- grades est nécessaire pour vitrifier une masse composée de sable el de nitre, cette histoire doit être classée au nombre des légendes sans valeur scientifique. Il est possible que les pâtes vitreuses aient été découvertes par les fondeurs de minerais de cuivre ; le cortex de ces minerais produit en effet, sous l’influence de la chaleur, des scories, des laitiers qui sont de véritables verres fusibles, peu diaphanes il est vrai, mais souvent colorés par des oxydes métalliques. Ces colorations ne pouvaient manquer d’attirer l’attention des hommes primitifs sur le nouveau corps, dans lequel ils ne virent tout d’abord qu’une matière brillante aux tons vifs el variés. D’autre part il se peut que la découverte des matières vitreuses soit due à la vitrification acciden- telle de certaines terres pendant la cuisson, vitrification provenant du contact de la silice des poteries avec les cendres alcalines du foyer. C’est ce qui expliquerait pourquoi l’émail a été connu avant le verre.

Quoi qu’il en soit, une sorte de pâte d’émail sur quartz et sur argile, pâte qui n’était pas chaufl’ée assez long- temps pour pénétrer la masse, était connue des Égyptiens de l’époque préhistorique. Les émaux polychromes

’ /àid. p. 13. — 2 lliid. p. ÎO sq. — 3 Pour la hililiographic concernant l’allcra- tion dos verres anti(|iies cf. Perrot et Chipiez, Bist. de l’art, III. p. 739, note -.

— * Plin. Aat. hisl. XXXVI, 05, 189. — ù Flindcrs Pétrie, Op. l. p. Ii7.

— SAin^lineaii, Fouilles d’Abydot, 18951896. — " Ces tuiles sont au mus^e de Berlin. Cf. I.ep^ius, Ùenkmùler, III, pi. 3 ; Perrot et Chipiei, Hist. de l’art, I, p. 823, fig. 55V à 557. — » Klinders Petrio, Op. l. p. 188. —9 lliid.f. 129,scarab6e «Je .Mercnra. — ’0 Ibid. p. liu. — 11 I’. licinccko, Olaspcrlin vorrûmischer Heilen

apparaissent déjà aux temps les plus reculés de la civi- lisation, comme le prouve un fragment de vase portant le nom de .ha, un des premiers rois d’Egypte °. De petites faïences en forme de 8 avec incrustation de pâle noire, qui remontent également à l’époque archaïque, ont été recueillies à Abydos. On trouve d’autre part, au début de laiii’ dynastie, des tuiles émaillées qui ont été employées dans la construction de la pyramide de Saqqarah cl sur lesquelles on remarque les noms et les litres du roi Zeser’. De l’époque des pyranjides, on possède une plaquette d’émail au nom du roi Pepy*. Les émaux sont alors bleu verdàtre. A par- tir de la vi« dynastie apparait le bleu foncé’. Sous la XII’ dynastie l’émail est tantôt vert grisâtre, tantôt d’un beau bleu clair, et orné de dessins et d’inscriptions en noir [musivum opus, p. 2090 sq.].

Pour rencontrer une véritable pâle vitreuse distincte de l’émail, c’est-à-dire une substance qui se suffise à elle-même sans avoir besoin d’un fond de pierre ou d’ar- gile, il faut arriver, suivant M. Flinders Pétrie, aux environs de l’an 1600 av. J.-C». Peut-être est-il pos- sible de reculer un peu cette date ou tout au moins de prendre en bloc toute la première moitié du second millénaire av. J.-C, puisque, d’après M. Reinecke ", des perles globulaires en pâle vitreuse proprement dite ont été recueillies dans des sépultures de l’âge du bronze II, période qui correspond aux lombes à fosses de Mycènes.

A partir de celte époque, le verre, qui n’est encore que la pâte vitreuse, et l’émail constituent des matières dont les qualités expressives seront mises en œuvre, dans une intention distincte, par des artistes différents el dont il faut examiner séparément le processus histo- rique.

II. Une des plus anciennes pièces en pâte vitreuse bien datées est un œil de verre bleu imitant la turquoise el portant le nom d’Aménophis I" ’^ Mais au temps de ce pharaon la matière vitreuse n’est employée que dans la confection des perles, des appliques el des ver- roteries d’incrustation. C’est seulement à partir de Thoutmès III (entre 1500 et 1450) qu’on trouve, en Egypte, les premiers vases en pâte de verre ( fig. 7521 , 7322). Ces récipienls, montés à la main, sont les prototypes de toute une série de balsamaires polychromes qui ont été fabriqués de la même façon jusqu’à la fin de la Répu- blique romaine el qui se sont répandus, grâce au com- merce phénicien, en Orient, en Grèce el dans tout le bassin occidental de la Méditerranée (fig. 7520) ’^ Ils ont pénétré jusqu’en Espagne, au caslellnm d’Emporium el à Rhoda dans la Tarraconaise ’*. Dans l’île de Rhodes ’ en Italie’", à Carthage ", ils sont associés, dans les mobiliers funéraires, à des objets du vii^ et du vi« siècle av. J.-C. Au nord des .Mpcs, ils n’apparaissent que sporadiquement dans la seconde période liallstaltienne ".

. côlé de ces petits vases, un nombre considérable de menus objets en pâte de verre circulaient dans le monde méditerranéen depuisl’époque mycénienne(ng. 7523). Ce sont des perles de couleurs variées, qu’on retrouve jusque

aus Fitnden nôrdtich dcr Alpcn, Àltertûmcr unscrer /icùlnischen Vorzeit, V, 3, p. Ii0-7i. — 12 Flinders Pétrie, Op. l. p. 1*0. — 13 Cf. J. Uéclieletle, Op. l. Il, i> partie, p. 789. — 1* A. Kisa, Op. l. p. 180. — 15 Ed. Potticr, Calai, des ras^s du Louvre, p. 151 et lii7. — <& Marchesclti, Santa Lueia, p. Îi3 ; Zannoni. La Certosa di Bologna. p. 296. — 17 R.-P. Delatlrc, La nécropole punique de Doutmés, Mém. de la Soc. des antiquaires de France, LVl (1895), p. 3i.ï. — m J. Dé- cheletla, Op. l. i’ partie, p. 789.