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Pour le mol ux),oç, plusieurs clymologics onl cLé pro- posées. La plus vraisemblable est celle que rapporte Froehner’ : l’û de ua)iOç serait un ancien digamma et uaXoç viendrait de a)iç, sel ; il est remarquable en effet que le sel gemme, que les anciens connaissaient fort bien -, ressemble beaucoup à du verre. Le mol u'j>>o ; apparaît pour la première fois chez Hérodote. Une expression plus ancienne, Xt’ôo ; x"’^i pieire coulée’, parait avoir désigné, chez les Grecs, la pâle de verre colorée qui imitait les pierres précieuses* et que les anciens ont prise pour un corps différent du verre transparent et incolore.

Le mot émail vient du bas-latin smaltiim, qui peut être rapproché de l’allemand schmelzen, fondre (ancien haut-allemand smalijan) ^

Les identifications de Velectrum avec le verre ou l’émail ne méritent guère d’être retenues [electri’m].

IL Le verre est un corps formé d’un sable siliceux et d’un alcali (soude ou potasse) [nitrituJ. Fondues à une haute température, ces matières produisent une masse liquide, qui, en refroidissant, passe à l’étal pâteux, puis à l’état solide. La soude s’extrayait autre- fois des cendres des végétaux qui croissent au bord de la mer. Aussi s’en servait-on de préférence dans les fabriques du littoral de la Méditerranée. Far contre, les officines continentales, établies dans les pays boisés, employaient la potasse que l’on obtenait en lessivant des cendres de bois.

L’émail n’est pas autre chose que du verre fondu à la surface d’une autre matière. 11 ne faut pas le confondre avec la pâte de verre que les anciens taillaient comme les gemmes, et qu’ils incrustaient dans la pierre ou le métal. Dans l’émaillage, la substance vitreuse est soudée par le feu ; dans l’incrustation, elle est travaillée à froid, puis fixée par sertissage ou à l’aide de rivets.

IIL En principe, le verre est un corps transparent. Toutefois sa transparence peut être altérée, et môme détruite, par certaines substances étrangères qui se trouvent fortuitement dans les sables, ou qu’on y a volontairement introduites. Aussi existe-l-il, à côté du verre transparent, du verre translucide qui laisse passer la lumière, mais à travers lequel il est impossible de distinguer nettement les objets, et du verre opaque.

Pour faciliter l’étude de la verrerie antique, il faut distinguer :

1° Les substances vitreuses dans lesquelles la dia- phanéitéjoue un rôle minime ou nul, et qui n’ont été façonnées qu’en vue des colorations données par la combinaison des sables avec les oxydes métalliques. Plus fréquemment translucides que transparentes, sou- vent même entièrement opaques, elles imitent les pierres précieuses et les camées, l’écaillé, l’ivoire, l’ambre. Nous leur réserverons le terme de pâte vitreuse.

2" Les verres créés par des ouvriers qui se sont attachés avant tout à la transparence de la matière et qui onl considéré cette transparence comme la qualité essentielle du verre.

I W Froebner, La verrerie antique. Description dt la collection Charvet, p. 6.

— sCf. J. Oicitee^i.%, Manuel d’archéologiepréhistorique,eeUiqueet gallo-romaine, n.i’p.nrlie. p.713. — sPlal. rim. p. 616 : Herod. 11,69,2. — ’Cf. Kisa, O/i. /. p. 164.

— 3/4,J. p. H3. — 6 On suppose quaui alcalis vcgélaui les anciens ont su joindre le salpttre ou aiotalc dépotasse. — TOncmploie souvent leipression de verre blanc pour désigner le verre incolore ; c’est un tort, car le verre incolore n’est pas blanc.

— 8 Fouilles de Tell el Amama. Cf. Flinders fVtric, Lei arti et métiers de l’ancienne

Les premières sont d’origine plus ancienne que les seconds. Les verriers ne semblent guère s’être préoc- cupés de faire valoir la transparence du verre avant la découverte du procédé du souffiage.

IV. Les sables employés à la fabrication du verre con- tiennent tous, en plus ou moins grande quantité, des oxydes métalliques qui produisent des colorations plus ou moins intenses. Varier ces oxydes pour obtenir des tons différents, en augmenter le pouvoir colorant, c’était chose relativement aisée. Aussi, dès l’époque la plus reculée, les anciens étaient-ils passés maîtres dans l’art de colorer les pâtes vitreuses et les émaux. Mais pour agir en sens inverse, pour créer du verre incolore ’, il fallait déployer plus d’ingéniosité et trouver le moyen d’éliminer les oxydes ou d’en paralyser les effets colo- rants.

On rencontre déjà, dès le xvi" siècle av. J.-C, quelques exemples de pâte de verre incolore*. Toutefois, avant la connaissance du procédé du soufflage, cette pâte est restée à l’état de rareté. Pour l’obtenir, il fallait se pro- curer des matières premières sans oxydes métalliques, du quartz en poudre et de la potasse exemple de fer. Le désir de décolorer la matière vitreuse est lié à celui de la rendre transparente ; il ne pouvait devenir impérieux que lorsqu’on fut capable de souffler du verre très mince. Sous l’Empire romain, surtout après la mort de Commode, le verre dépourvu de toute teinte, et par conséquent d’une parfaite transparence, se vulgarise, sans doute parce qu’on a trouvé un procédé facile et économique pour neutraliser les propriétés colorantes des oxydes métalliques, surtout des oxydes de fer. Peut- être employait-on à cet effet le bioxyde de manganèse, colorant complémentaire appelé, dans l’industrie moderne, le savon des verriers.

Il est moins probable que les industriels de l’antiquité aient fait usage du minium’ ; il est possible qu’ils n’aient utilisé les oxydes de plomb que dans la colora- tion des pâte.s vitreuses et des émaux.

V. On a trouvé en maintes localités des restes d’offi- cines antiques de verrerie, notamment à Tell el Amarna (Egypte), à Tyr (Phénicie), à Lyon (Rhône), à Sainte- Menehould (Marne) ’", dans la forêt de Mervent (Vendée) ", dans le Poitou’^, aux environs de Namur (Belgique), dans les monts de l’Eifel et sur les bords de la Nahe, à Worms, à Trêves, à Cologne et jusqu’en Angleterre à Wilderspool". A Tell el Amarna, M. Flinders Pétrie a découvert les restes de trois ou quatre fabriques remontant à la xvm"- dynastie, au temps d’Aménophis IV . Dans ces décombres se trouvaient des creusets, des morceaux de quartz, des débris de verroteries et d’émaux de toutes les sortes". Dans les monts de l’Eifel, les fouilles exécutées par les soins du musée de Trêves ont mis au jour du verre à vitre, des baguettes de verre rouge et vert, des débris de vases remontant les uns au début de l’époque impériale romaine, les autres au m" et au IV’ siècle de notre ère’°. Les trouvailles des bords de la Nahe, exposées au musée de Wiesbaden, con-

Égtjpte, trad. de l’angl. par Jean Capart, p. 143. — 9 Suivant certains archéologues, le minium ou sesquioxyde de plomb n’aurait pas été utilisé pour la fabrication du cristal incolore (Strass, Flintglassjavantlexvii* s. de notre ère. Cf. Robert Schmidt, Das Glas, p. 1. — lOCr. Bev. archéol. 1903, 1, p. 277 ; Bull, arckéol. 1904, p. 82-S5. — il Morin-Jean, La verrerie en Gaule sous l’Empire romain, p. 256. — 12 Benjamin Fillon, L’art du verre chez les Poitevins, p. 18G. — ’3 A. Kisa, Op. l. p. 12. _ 1* Cf. Flinders Pétrie, Op. l. p. )43. — ■ A. Kisa, ûp. t. p. 14.