Page:Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines - Daremberg - V 2.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée

VIO

Le vin de l’État est donné gratuitement à certaines corpo- rations en paiement de leurs services ; une autre part est vendue au peuple. Aurélien fut le premier à ordonner celte vente ’ ; en 3G3, Valentinien décide que le prix de vente sera inférieur d’un quart au cours ^. L’arca vinaria est administrée par un rationalis vinorum". Avec toutes les données qui précèdent il ne nous est pas possible de calculer exactement le revenu des vignobles, ni même de contrôler les chiffres donnés par les anciens. D’après le compte détaillé que reproduit Columelle *, la vigne aurait rapporté 18 p. 100. On a, il est vrai, reproché à Columelle de ne faire entrer en ligne de compte ni les mauvaises années, ni même les frais d’entretien des esclaves, les frais d’amortissement ^ Cependant, indé- pendamment des chiffres, il ne faut pas négliger les exemples dont les agronomes latins se sont servis pour montrer combien une exploitation habile accroissait la valeur d’un vignoble". Ainsi un certain Parridius, qui possédait une vigne, en donne un tiers à sa fille aînée sans que le produit diminue, puis un second tiers à sa fille cadette, et le dernier tiers lui donne encore autant que le vignoble entier ’. Au temps de Pline, le gram- mairien Palémon achète dans Vager Nomentanus un vignoble pour 600000 sesterces ; il en confie l’exploita- tion à l’affranchi Acilius Sthenelus ; huit ans plus tard, la récolte était vendue sur pied 400000 sesterces, et, deux ans après, Sénèque achetait la propriété quatre fois plus qu’elle n’avait coûté ’. La plus-value, qui résultait de plantations nouvelles, était si bien reconnue que le fermier, qui de son plein gré avait planté des vignes sur son fonds, avait droit aune indemnité du propriétaire en cas d’éviction ’. En somme, même en tenant compte des exagérations possibles, nous ne serions nullement autorisés à rejeter les opinions des anciens sur l’impor- tance économique de la viticulture. A. J.rdé.

VIOLARIUS ("looaTtTviç ’). — Teinturier en violet, plus exactement en pourpre violette [violacea purpura) [PLRPUR., p. 777]. Les violarii sont cités, avec les flam- wa/’// (teinturiers en orange), les carinarii (en jaune), molocinarii (en mauve) et avec les inanulearii (fabricants de tuniques à longues manches), patagiarii [patagil’m], dans rénumération comique des dépenses folles d’une

’ S :st. Aug.f Aurel. 48, I : Homo, Essai sur te régne de l’emp. Aurélien, p. 179- 1 80. Pour raciliter ces distributions, Aurélien songea à étendre la culture de la vigne en Italie. —2 Cod. Theod.X], S. — 3 Xotil. digitit. Or.lV, i. —i Colum. 111, S, 8. I.élude détaillée en est faite par Billiard, op. l. p. 1 18 sq. — 5 Salvioli, Le capita- lisme antique, p. 193 sq. ; .Maccliioro, L’impero rom. nelV età dei Severi, Jtiv. dislor. ant. X (1903), p. 213-4, a essayé d’élablir à combien revenait rétablisse- ment d’un vignoble de 100 jugèrcs : achat du fonds, des plants, achat et entretien des esclaves pendant les deui années où la vigne nouvelle ne produit pas. Les frais, pensc-til. étaient si élevés que l’on n’avait pas intérêt à transformer des terres arables en vignobles. Cf. Billiard, op. l. p. lU-7. — 6 Un client d’iséc double la valeur de son domaine en y faisant des plantations, Is. 1.X, 28. Cepen- dant Beloch pense que dans un pays comme lAttique, peu fertile et soumis à une culture intensive, les frais de production devaient être élevés et atteindre au moins la moitié du revenu brut : Beloch, Das Volksvermôgen von Attika, dans Hermès, XX (I8S5), p. i43. - t Colum. IV, 3. - 8 Plin. XIV, 5. - 9 Dig. XIX, J, 55 ; cf. XIX, 2, 61. Dans l’inscription d’Aïn-Ouassel (/ieiuc arch. 1692, 11, p. 148, n" 90, et p. 379 ; Année épigraph. 1692, n»’ 90 et (24), col. 3, 1. 6-11, esl exemple de loul loyer pendant sept ans le fermier qui a planté en vignes des terres en friche. — Bioi.iocn*pHit. — Bacci, De vinis, cerefis. ac coniii’. (1391) ; lîendclla, Trnclalus de rinea, vindemia et vino (lCi9) ; Turncbus, De riiio ac ejus usa et aOnsu, dans le Thésaurus de Cronovius, IX, p. 517 (1C97-1702) ; Barry, Observât. on Ihe wines of Ihe ancienlt (Londres, 177,i) ; S. Ilcudcrson, The hisl. ofancient and mod. mines (Londres, 1824) ; Bôltigcr, Die l’/lege des Wcint dans se» Kleine Scfiriften, III, p. 186 (1839) ; Uiinizcr, Der Tl’eintnu im rôm. Gall. u. German., Jahrb. d. Allert. P’reund. im Rheinl. Bonn, 1843, II, p. 9-32 ; H. von Carlowili, Versmh einer Culturgesch. des Wcinhaut (I84C) ; A. Jullicn, Topographie des vins. 4« édit. (1848) ; A. F. Magcrstcdt, Weinliau der Rùmer (1858) ; C. Lamarre, De rilitius algue vinis ap. Homanos 1863) ; GSII, Das Wein und Diertrinken im

1124 —

VIR

maison de ville-. Il nefautpas confondre les i’/o/a ;v/ avec les violaries, mentionnés par une inscription de Rome ^ de forme archaïque, en même temps que les coronarii et les rosaries, et qui sont probablement des marchands de violettes pour fêtes funèbres ’. Victor Cuapot.

VIRBIL’S [DIANA, p. 134].

VIRGA. — L’élymologie du mot est incertaine. S’il n’y a aucun compte à tenir de celle que Servius propo- sait dans l’antiquité : dicta [virga) quod vi regat il est malaisé de choisir entre les hypothèses des savants modernes, dont les uns proposent les racines varg ou vr/i, qui expriment toutes deux l’idée de croissance, tandis que les autres rapprochent le mot du latin vireo^. Ce qui parait certain du moins, c’est que le sens primi- tif du mot est : branche, rameau, tige de végétal. Caton l’emploie pour désigner des branches de myrte’ ; Varron l’applique aux rameaux du grenadier’ ; Pline aux ramilles de l’arbuste qui produit l’encens ■’, ainsi qu’aux tiges du lin ’ ; Ovide aux tiges du pavot et du lys ^ Par- fois virga s’oppose à semen, pour signifier la branche ou la bouture qui se plante ’, parfois aussi pour signi- fier le greffon ^ Détachée de l’arbre ou coupée, la branche ou la tige, que désigne le mot virga, suit des destinées différentes, sert à de multiples usages ; il en résulte que le terme lui-même reçoit des sens très variés. La vii’ga peut être une baguette, badine ou canne légère tenue à la main ; c’est avec une virga que, dans deux épisodes bien connus, Tarquin l’Ancien abattit les plus hautes têtes de lys du jardin qu’il parcou- rait’", et qu’un légat romain, C. Popilius Laenas ou Cn. Octavius, traça sur le sable le cercle dans lequel il enferma le roi de Syrie Anliochus, en lui intimant l’ordre de répondre aux injonctions du Sénat romain avant de sortir du cercle ". C’est sans doute dans le même sens que Pline emploie le mol, lorsqu’il indique qu’il est fort utile aux voyageurs, qui doivent faire une longue route à pied, de tenir à la main des virgae my}’ti’^. Mais peut-être l’auteur attribue-t-il à ces branches de myrte quelque action magique. La virga élaitaussi la houssine dont les cavaliers ou les cochers se servaient pour exciter les chevaux. Martial et Juvénal emploient le mol dans ce sens " ; c’est très probablement

Allert. dans Austand, 1863, p. 193 et 393 ; L. Denman. The u.ine and ils fruit (Londres, 18641 ; A. Schultïc, Gesch. des Weins und der Trinkgetage (1867) ; G. Lebmann, De vini apud liomanos apparatu cultuque (1872) ; Thudichuui et Dupré, A treatise on Ihe origm, nature and varielies of wines (Londres et New-Vork, 1872) ; Th. Keppel, Die Weinlese der alten Itômer (1874) ; Koch, Die Baume und Straùcher der ait. Griechen (1879) : Thudicbuni, Traube und Weine in der Culturgesch. (1881) ; Blûmner, Griech.Privatalterth. dausleXe/irÂucAd’Her- mann, :)• édit. IV, p. 229-235 (1882) ; Becker-GôU, Gallus, III, p. 413-4,42 (1882) ; B. Hoffmann. Die Getrânke der Griechen undJîômer, in deutsch. Archiv. fur Gesch. der Medicin, VI, ^iii,f.îti ;Vigxiim,De la culture de lavigne che : les anciens(ki, 1883) ; Rcichel, Beitrâge zur Gesch. desalt. nViii4au(t886) ; Bcaurredon, la viti- culture dans l’antiquité (1892) ; Alarquardt, Vie privée des fîomains, trad. franc. II (1893), p. 69-94 ; P. Weise, l’eier der Wt iH(/aurfery ?ômer (Hambourg, 1897) ; Curtel La vigne et le vin chez les Romains (1903) ; Bassermann-Jordan, Gesch. des Weinbaus (Francfort, 1907) ; Billiard, La vigne aans l’antiquité (Lyon, 1913).

VIOLARICS. — I Dans les gloses. — 2 Plaut. Aulul. III, 5, 36 (510). Ces der- niers rapprochements sont à l’origine d’une inscription suspecte donnée par J. Spon {Miscetlauea eruditae antiquitatis, Lugduni, 16S"i, p. 224) d’après Rei- nesius (p. 634). Add. l’inscription ligoricnne d’un violarius dans Doni (8, 78) ; cf. lleoien, Bull, delf Jnst. 1869, p. 125. — 3 Corp. inscr. lat. VI, 169. — 4 Waltiing, Corporat. profess. Louvain, I (1895), p. 88, note 2.

VIRGA. — 1 Ad Aen. IV, 242. — 2 Vanicck, Gr.-lat. eigmot. Wôrterbuch, p. 920. — 3 R. rust. 101. — ^Deagric. I, 59. — ^ Nat. hist. XII, 30. — 6 Ibid. XIX, 3.-7 iletam. X, 190 sq. — « Plin. Nat. hist. XVII, 30. — 9 Ovid. Mctam.

XIV, 630 sq. — 10 Id. Fttst. Il, 706. — " T. Liv. XLV, 12 ; Plin. A’a/. Aisf. XXXIV, 11. Pline est le seul des auteurs anciens qui attribue l’incident à Cn. Octavius ; tous les autres nomment à ce propos G. Popilius Laenas. — IS Plin. ISat. hist.

XV, 29. - 13 Martial, Epigr. IX, 2Π; Juven. Sal. 111. 316 sq.