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manipulation de celte boisson. Pour les divertissements voir ASKOLiASMOS et KOTTABOS. Le vin est utilisé en cui- sine. Il sert à la préparation de sauces (oîvoYiïpov) [g arum] et de gâteaux (oiv&jxTa) ^. Le vin est d’usage courant en médecine, soit comme boisson, soit en lotion’. On use aussi comme remèdes de la lie de vin de la lie de sapa ^ Les usages religieux ont fait l’objet de nombreuses mentions, en particulier dans les études sur bacchus [p. 394, .j93, 597, 606,608, etc.], sur les fêtes des dionysia [p. 232 à 244 ; cf. askoliasmos, tuéodai- sia]. Dans le culte privé [lares, p. 943, 948] comme dans le culte public [sACRificiL’M, p. 963, 969, 973] les libations de vin tenaient une grande place "^ ; dans cer- tains cas, au contraire, et pour certaines divinités, l’emploi du vin était interdit. cxirovSa’i aocvoi l’i^i. 19^0 [sACRiFiciiM, p. 963J. La mylho-

j iftSS logie s’était emparée de la vigne

^K.^f^rn^ j — ^^ ^^ ^^^ fruits pour en faire <^-==^'>'y^awî*teiw— ’ '^~’ (jes emblèmes attachés à la per- sonne des divinités protectrices Fig. 7516. — Bacchus eu du vin, en particulier de Bac-

gr.ippe do raisin. ^j^^^g ^y ^^ ^^^ Ihiasc’. Le diCU

lui-même se confond parfois avec la vigne et son jus ; il est 0SO1VOÇ, le dieu vin ; il est "Axpaxoc ;, le vin pur ; les Silènes qui l’entourent s’appellent OIvo ;, "HSûotvo ;, OivoTTt’wv, de même que les Ménades portent le nom de OivoivO-r,, la fleur de vigne, Mée-r), l’ivresse [bacculs, p. 6L"j], et même KpanriXï), l’ivrognerie ’. Un fds qui lui est né d’Ariane s’appelle StocauXoç, grappe de raisin. Les poètes s’attachent à décrire les effets bienfaisants du vin, qui donne l’oubli : il est itauaiXuTro ; ’. Mais nombre de légendes, comme celle d’Aiora, deLycurgue, de Penthée, en montrent les conséquences funestes et dangereuses [aiora, bacchus, p. 606 à 608] .

L’art s’attache aussi à préciser ce symbolisme par des formes concrètes : un des compagnons du dieu, sur lequel il s’appuie familièrement, prend la forme d’une vigne chargée de fruits et se nomme "AiatteXoç [ampélos, fig. 262 ; KACciii’s, (ig. 717] ; à la barbe du dieu comme à sa coiffure se mêlent des pampres et des raisins (fig. 701) ; lui-même est représenté dans une fresque avec

I Actius m, 8j ; Marquardl, Vie privée d. li. U, p. 67. n. 0. Four avoir un poulet tendre, on le plouge vivant dans du Falernc.Hor. 5ai.II,4,19. — 2Aristoph. Plut. 1121 et schoh Allien. III, lli f. — 3 plin. XIV, 22 ; X.XIII, 19 ; Pallad. XI, 14. Sur les eftetsdes vins, Cal. / ;e ajric. 114 ; Plin. XIV, 8 ; 10(8, ; Dioscor.V,l3 ; Orib. 1, p. 359 ; Galcn. VI, p. 3U ;X, p.4S3-5 ; XV, p. G48. Oncroyailqu’cninjeclanl à iavigne une dose de tlt(riai]uc, on faisait des raisins, du vin etdu vinaigre un anlidolc contre toute morsure venimeuse, Pallad. 111, 28. — * Plin. XX1I1,31. — t Plin. XXIII, 33.

— 6 Kirclier, Die sacrale Uedeutung des Weines im Altert., Giessen, 1910. Cybèle, déesse du blé, reçoit des offrandes de vin comme Dionysos ; cf. (iraillot, Culte de Cyl/éle, p. 181, 517 ; p. 120 et note 7. — 1 Cf. K. SittI, Diomjs. Treiben und Dichlen, XXIX- Progr.do Wurzbourg, 1 l’Os. — » Uarlwig, dans 5/r«ia /ye/6i !/io)ia, p. 111, pi. lu. — » Euripid. Baccli. 772. Sur un vase est inscrit le mot 5iau« ;- XuTio ; ; Wolter», Ath. Mitt. 1913, p. 197. — 10 D’après Duruy, Uist. des llom. VI, p. 733 (= Gnr. arcli. 1880, pi. ii). Cf. Deoona, /lev. arch. 1916, I, p. SI.

— H Cf. Martigny, Diet. des antiq. chrét. s. v. Vigne ; Billiard, l.a rigne dans tanliq. pi. V (cbaire do St. Maiiraien) — ’2 Aristoph. l’ax, 308 et schol. Lorsque les Nuées promettent leur intervention, elles ne semblent avoir en vue que les oliviers elles vignes : Aristoph. Nub. 1119-1125. — I3 Cal. II. rust. 1. — it Varr. /le agrif. 1, 8 :CoIum. III, 3. — ’s L’épopée lionu’riiiue connaît déjà trois modes d’appropriation du soi, élevage, agriculture, arboriculture (vin et bnilc) ; Spock, tfuii- delsgesch. des Altert. Il, p. 243. Le domaine ([ue reçoit Méléagre comprend par maillé des terres arables et des vignobles ; lliad. IX, 579-siiO ; cf. ibid. IV, 195 ; XII, 314.0’ysJ. Xl., III ; XVIl, :i32.3. — It Demoslli, LUI, 4 ; Inser. gr. XII, 62.

un corps fait d’une grappe colossale (fig. 7.tI6) ’". Enfin jusque dans la symbolique du christianisme la vigne a continué à jouer, comme on sait, un rôle très important".

IIL La VITICULTURE AU POINT DE VUE ÉCONOMIQUE. — La

culture de la vigne tient une place éminente dans l’agriculture antique. Pour Aristophane elle symbolise toute l’économie agricole ’■'. Caton lui donne le premier ang " et, en dépit de certains agronomes qui préten- daient que les frais de culture absorbaient le produit du vignoble, Varron et Columelle se rangent à l’avis de Caton’*. L’extension de la viticulture suffit à montrer qu’on la considérait comme très lucrative. En Grèce, dès l’époque homérique ’^ il est rare qu’un domaine rural ne contienne pas de vignes ’^ Mais il est difficile de savoir la proportion relative des différentes cultures" : à Iléraclée, le domaine de Dionysos comprend 2 hec- tares 1/2 de vigne sur 331 hectares 1/2 ; le domaine d’.théna est partagé en lots de 6 hectares 1/2 environ, contenant des vignobles de 63 à 130 ares ". En général, les terrains plantés en vigne dont nous connaissons la superficie sont peu étendus " et nous faisons une constatation analogue lorsque nous connaissons le nombre de pieds de vigne d’un domaine ^°. Il y avait cependant de grands vignobles, comme ceux de Gellias d’.grigenle qui produisaient 30 000 métrètes, soit plus de 11 000 hectolitres de vin -’. La vigne, comme l’olivier et les arbres fruitiers, a gagné du terrain sur les autres cultures -- : dans le domaine de Dionysos à Héraclée elle passe de 2 hectares 1/2 à 3 hectares 1/2, au détriment des champs de céréales-’. L’Italie a connu la même évolution ; l’agriculture y passe par trois phases, forêts, céréales et vignes, jardins’^'. Comme en Grèce, les domaines réunissent diverses cultures ^^ : lorsqu’on dresse le cadastre, on doit spécifier soigneusement ce que produit chaque parcelle de terrain ^’. Les vignobles semblent en général plus étendus qu’en Grèce : Caton et Varron établissent leurs calculs en partant d’une vigne de 100 jugères, 23 hectares- ; la propriété d’Ausone comprend 700 jugères de bois, 200 de terres arables, 30 de prés et 100 de vignes -’.

Pour calculer la valeur et le rapport des vignobles, il faut connaître d’abord la production ^’. Nous n’avons guère de chiffres que pour le monde romain. La produc- tion varie selon l’exposition ’", selon le mode de

Les actes de vente gréco-égyptiens mentionnent fréquemment des vignobles, àtircel^-ow, yîl insiXïin : Bry, op.l. p. 184. — ’7 La propriété donnée parles Athéniens eoEubée au fils d’Aristide comprend une égale quantité de terres arables et de plantations, vignes et oliviers, Plutarch..-lris(. 27 ; Demosth.XXI, 113. La propriéléde Phénippe, qui a environ 300 heclarcs, est en grande partie occupée par des foréis ; les terres ara- bles produisent annuellement plus de I OOUmédimnes {520 licclol.) d’orge, les vigno- bles plus de 800 métrètes (300 hectol.) deviu, Dcniosth. XLII,5 ; 7 ; 20. — I8i ;„iraud, o ;î./. p.55G, 506. — 19Sur les onze vignes qu’une ville Cretoise assigne à ses bienfai- teurs, deni ont 19 ares, six 38 ares, une 93 ares, une 190 arcs, une 2 hectares, Aei). t !(. jr. X(1897),p. 13S. Desvignesd’llyctlos ont57et76 ares, Inscr. gr.,, n» 280S ; des vignes do 13, de 18 ares fonU’obJot do donations, liev. iH. gr. II (I8S9), p. 10 ; Bull. corr. hell. XXIV (1900), p. 322. — ’JO Les domaines d’Apollon contiennent do 590 ii 2 550 pieds de vigne, Jnscr. gr. XI, 287, I. 153-173. A Mitylène, propriété de 4 020 pieds, Athen. Milt. IX (1884), p. 89. — 21 Diod. XIII, 83. — 22 Guiraud, op. l. p. 513-514. — 23 itid. p. 566. — a Wimmer, Hist. Lnndschaflk.p. 71-81. — a’i Plin. .Epi’jf. V, 6. — 26 /),j. L, 15, 4 ; cf. Corf. Theod. IX, 42, 7. Vignes dans le cadastre antique de Lesbos ; Gagnât et Lafaye, /nscr. gr. adres rom. perlin. IV (lOOSi un. 109 ii 112. — 27 Gat. Iles rust. I ; 11 ; Varr. De agr. I, IS ; 19. Vignoble de 60 jugera, Plni. XIV, .H, 4. — 28 Anson. /dijll. III, 21 sq. ; cf. Sid. Apoll. ICpist. III. 4 ; VllI, 8. — 29 Barbagallo, La produz. média relut, deiccrcat i e detla rite nella Grec, nella Sicil. e ncW liai. ant. dans //il’, di slor. ant. VllI (1904), p. 477-504. — 30 Les vignobles de plaine donnent plus de vin que ceux de colline ; Culum.lll, 2.