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F. Gaule^. — La vigne a été importée en Gaule des régions méditerranéennes’. Le vin de Marseille, d’un goût fumeux, est plus estimé en dehors du pays ’. La Narbon- naise* possède les vignobles de Béziers ’". A Âlba Ilelvia (Viviers, Ardèche), on découvre, à l’époque de Pline, une espèce qui fleurit et défleurit en un jour et par suite ne craintpas la gelée pendant la floraison ; cette variété, dite A’cu’bonica, se répand dans toute la province*. Les vins de Vienne ont un goût de poix qu’ils tiennent d’une espèce particulière de vigne ’ ; on retrouve le même plant chez les Helvètes, chez les Ârvernes, chez les Sëquanes*. Les Allobroges (Savoie et Dauphiné) cultivent une variété qui résiste au froid ; les premières gelées, dit-on, hâtent la maturité du raisin’.

La viticulture gauloise fut entravée par les mesures que les Romains adoptèrent pour protéger la produc- tion italienne. Dès l’occupation de la Narbonnaise, ils interdirent d’y faire de nouvelles plantations de vignes ou d’oliviers ’". A en juger par les textes que nous avons cités, la mesure ne dut pas être strictement appliquée, mais on pouvait la rappeler aux époques de mévente, comme le fit Domitien". L’interdiction ne fut levée que par Probus ’^ ; c’est peut-être la raison pour laquelle les grandes régions vinicoles de Gaule sont signalées principalement par des textes du Bas-Empire. Il en est ainsi pour le Bordelais ", pour la Lima- gne’*, pour la Bourgogne ’% pour la région parisienne’*, pour la vallée de la Moselle. Aux textes il faut joindre les monuments, comme les stèles funéraires représen- tant des vignerons ou des marchands devin (fig. 7511) " et les reliefs figurant des tonneaux (fig. 1281, 6682)", récipients qui à l’origine étaient peut-être d’un usage plus commun dans les pays froids, mais qui ensuite furent adoptés partout^" [cup.]. On a retrouvé à Alésia un outil en bois semblable à ceux dont se servent encore les ton- neliers pour serrer l’osier qui lie les cercles de tonneaux. G. Espagne. — Les régions vinicoles de l’Espagne

— - 1 Greppo, Essai sur le commerce des vtns à Lugdunum et dans les Gaules, Revue du Lyonnais, XIII, p. 449 ; Ern. Uesjardins, Géogr. de ta Gaule romaine, I IS76), p. 443. P. Weise, Bcitr. :ur Gesch. des rôm. Weinbaues in Gallien und an der Mosei, Hambourg, 1901 ; J. Riston, Contribution à l’hist. de la vigne dans la région lorraine, Nancy, 1914. — 2 p. ei. on importe des plants du Piceoum au delà des Alpes, PUn. XIV, 4(3), — 3 Mart. III, 82, 23 ; X, 26 ; XIII, 123 ; XIV, 1 18 ; Alhen.

IV, 152 c ; 1, 27 c : Slrab. IV, 1, 5 ; Plin. XIV, 4 (3) ; Justin. XLIII, 4, — * Sur le commerce des vins en Narbonnaise voir Cic. pro Fonteio, 9, 19, Cf. Héron de Ville- fosse dans les ilém. de la Soc. des antiquaires de France, 8" série, t. IV (1914), p. 153. — 5 Plin. XIV, 6S ; Bull, eomun. 1879, p. 64. — 6 piin, XIV, 4 (3). — •’ PUn. XIV, 3 ; XIV, 6 ; Mart. XIII, 107 ; plularch. Quaest. conv.

V, 3, 10. — 8 Plin. XIV, 3 ; XXIII, 24 (47). — 9 Plin. XIV, 4 ; Colum. III, 2, 16 ; XII, 23. A mesure qu’on avance vers le nord de la Gaule, le raisin y mûrit moins facilement ; Strab. IV, 1, 2. — lO Cic. De rep. III, 9, 10. — u Sucl. Dom. 7 ; Pbilostr. Vita Apoll. VI, 42 ; Vit. Soph. I, 21, 12. — 12 Hist. Aug. Prob. 18, 8 ; Eutrop. IX, 11 ; Aurel. Vicl. Caesar. 37.— 13Salïian. De gubern. Z)ei,U,i ; Auson. De ostr. {ep. 9) 21 ; la tiillula d’Ausone, dans le pays de Bazas, compte 100 arpents de vigne, Id. Idyll. III, 21-22. — 1» Sid. Apoll. Episl. IV, il. — ’5 Pancgyr. vet., Grat. actio Constant. Aug. 6-8. Ou en parle, il est Vrai, commode vignes déjà très vieilles. — icjulian. Misopog. 4. — 1" Auson. Mosell. X, 25. Un négociant en vins de Lyon est originaire de Trêves, Corp. inscr. lai. XIII, 2033. — 1* Marchand de vin tenant de la main droite une lasse, de l’autre une pipette (à Aulun, Espérandieu, /lec. des bas-reliefs, III, n» 1S98) . vigneron portant un tonnelet sur l’épaule (àAutun, ibid. III, nM882 ; Duruy, Bist’. ’les llom. V, p. 638 = notre Og. I.îll) ; marchand versant le vin d’une cruche dans un gobelet (Bourges, Richter, Handel und Verkehr der wichtigst. Vôlker des Mitlelm. p. 219). — 19 Bas-relief du musée de Trêves ; Billiard, op, (. p. 112, fig. 63 ; p. S37, Gg. 180 ; cf. ibid. p. 375, lig. 121. - 20 plin. XIV, 132 ; Strab. V, 1, 8 ; V, 1. 12. H. Hubert {Nantosvelta, déesse à la ruche, dans Uél. Caynat, p, 281 suiv.) met en doute que les lonneaui des monuments gallo-romains soient toujours des tonneaux à vin ; il a dressé la liste (p. 287-289) des monuments où le dieu au maillet Sucellus a comme attribut un tonneau et il croit, d’après des rapprochements mythologiques, que Sucellus est un dieu de la bière. Sans vou- loir discuter ce dernier point, nous remarquerons du moins que les dix monu- ments cités proviennent tous de régions connues par ailleurs comme vinicoles,

7511. — Marchand de vin.

sont la Bétique ^’ avec les vinsde Cadix " et de Sagonte ", la Tarraconaise^* avec le vitium Laeninum^’ et le vinum Laurone ?ise," les îles Baléares". La Lusitanie est pauvre en vins-’.

H. Afrique. — On rencontre la vigne en Mauritanie ", en Tunisie^", en Cyrénaïque".

L’Egypte a connu la vigne de très bonne heure : dès le Haut Empire des Pharaons on distingue une dizaine d’espè- ces de vins ’^ ; les Égyptiens en faisaient une grande consommation^^ et étaient dits pour ce motif ^iXoivot’* ; de plus ils mangeaient des raisins frais ou séchés’ Les principaux crus sont ceux de la région Maréo- tique près d’Alexandrie =, de la bouche Sébenny- tique", de Tainia ’ de Mendès ", du nome Arsi- noïte ", de la Thébaïde et de Coptos *’, de la première oasis *^

2° Viticulture. — Les plantations de vignes se font en automne ou au prin- temps, suivant les terrains et les climats ". Il est préfé- rable de ne pas mélanger les espèces ’*.

La vigne se reproduit*’ par greffe", par bouture et par marcottage. Le greffage se fait, de préférence par temps sec, de l’équinoxe d’automne à l’époque de la germination. Les trois procédés de Caton" restent les plus usités, mais avec des perfectionnements*’. Un seul pied fournit un grand nombre de greffes : en deux ans, Columelle plante deux jugera devignobleavecles greffes provenant d’un seul cep ". Les boutures sont soit des boutures à crossettes [malleolus)’", soit des boutures à talon ^’, considérées comme les plus vivaces, soit des

7 de Bourgogne, 2 de Limagne, 1 de la Moselle. — 21 Strab, III, i, ; l’oncle de Columelle, qui habite la Bétique, possède des vignobles (Colum. XII, 21).

— 2î Bull, eomun. 1879, p. 48, n. 7. — 23 Mart. IV, 40, 15. — 2» Mari. XIII, 118 ; Itin. Anton. 402 ; Sil. Ital. III, 370. — 25 On a corrigé Laletanum (Mart. I, 27, 9 ; 49, 22 ; VII, 53, 6) en Laeetanum d’après Strab. III, 4, 8, confirmé par une inscription {Corp. inscr. lat. II, 4220) ; Iliibner, Hermès, I, p. 340. — 26 plin. XIV, 71 ; Bull, eomun. 1879, p. 61-2, n. 18-19. — 21 plin. XIV, 71. — 28 Strab. III, 4, 7 ; suivant lui, le climat ne permettrait pas la viticulture sur les côtes du golfe de Gascogne, ibid. 111,4, 16. — ’29 Strab, XVI, 4, 4 ; Besnier, Arch.maroc. VU, p. 275.

— soTissot, Géog. delaprov. rom. d’Afrique, I, p. 302-5. A Tacapé, dans lapetilc Syrte, la vigne passe pour donner deux récoltes annuellement, Plin. XVlll, 22, 51.

— 31 A, Raioaud, Quid de nat. et fruct. Cyrenaicae Pentapolis ant.inonum.tra- diderint, p. 110-llt. — 32 Loret, La Flore pharaonique, p. 101. — 33 Hamsès III en oiïre d’énormes quantités auï dieux, Zeitschr. f. tïgypt. Sprache, XI (1873), p. 65 ; les guerriers et les prêtres en reçoivent une ration journalière, Wilkinson, Mann, and cusl. I, p. 391 ; l’ivresse est fréquente, ibid. p. 392-4. — 34 Athen. I, 34 b-c. Les Egyptiens mangent du chou pour éviter l’ivresse ; Schol. Aristopli- Eq. 539. — 35 Joret, Les pL dans Vantiq. I, p. 186 ; Plin. XIV, 9, 7 ; XIV, 2*. 18 ; Bull. Inst. égypt. 1886, p. 260. — 36 Hor. Carm. I, 37, 14 ; Colum. III, î, 24 : Virg. Georg. II, 91-2 ; Strab. XVII, 1, 14 ; Alhen. I, 33 d, 33 f ; cf. Mahmoud E !- Falaki, Antique Alexandrie, 1832, p. 93 ; Wcedon, Beport on Mariout district, dans Cdiro scient, journal, VI, n» 72-73, sept. oct. 1912, avec la bibliographie.

— 31 Plin. XIV, 74, — 38 Athen. I, 33 e. — 39 CIcm, Alex. Paedag. Il, 2, 68.

— W Strab. XVII, 1, 35. — H Ces vins peuvent se boire impunément, même pen- dant les accès de fièvre, Alhen. I, .S3 f. — «2 Strab. XVII, 1, 42. Sur les vignobles égyptiens, }iry,Ess.sur la vente dans les pap. gréco-égypt. p. 184 ; cf. Thcophr. Caus. pi. III, 2.0-8. — 13 Colum. III, 14 ; à Cos, on fait les plantations à l’époque des vents éiêsiens ; Plin. XVII, 30 (18). — « Colum. III, 21 ; Plin. XVII, 35 (22).

— 4i Sur les modes de reproduction de la vigne, voir Billiard, op. l., 2» part, ch. II. — ’«Theophr. Caus.pl. I, 6 ; Colum. IV, 29 ; De arb. 8. Sur les procédés de greffage en général, insitio, inoculatio et emplaslrulio, Plin. XVIll, 22, 23, 26. — 47 Cal. De re rust. 41. — *a pli„. XVII, 25, 15. Pour forer le trou où sera placée l’ente, on se servira de la . tarière gauloise •. yallica terebra. Cf. Colum. IV, 29 [TBRBBriAJ. — «’j Colum. III, 9. — su plin. XVII, 35(21) ; Colum. III, 0 ; III, 10. — si Plin. XVII, 35 (21) ; Colum. III, 18.