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du litige est l’esclave debout qui tient de la main gauche un fouet, signe de sa profession : ce devait être un cocher. Vadserlor appréhende l’esclave, comme il est de règle dans Faction de la loi par serment {manu rem adpi’eliendere) ; mais l’imposition subséquente de la vindicte’manque.

Les auteurs qui ont jusqu’ici étudié le relief Warocqué n’ont pas reconnu le geste pourtant bien caractérisé de la manus adsertio. Suivant les uns ^, le personnage dont on ne voit plus que la main est un licteur, qui saisit la main de l’esclave pour le faire tourner sur lui-même. Suivant d’autres’, ce serait le maître, qui le ferait pivoter ; le licteur aurait déjà donné à Tesclave le coup de verge qui l’affranciiit. Dans les deux hypothèses, ce serait le rite final de l’alTranchissemcnt. Mais, Fig. 7506, — Licteurs tenant le faisceau et la vindicta. quoi qu’en dise Perse *, la rertigo n’a pas plus de valeur juridique que VimposUio pilei ^. Le pileus coiffé par l’esclave est le signe d’un affranchissement prochain promis par le maître, mais non encore réalisé. Il en est de même de la verligo ; d’après un exemple cité par Appien^, elle précède l’affranchissement qui sera fait, suivant l’intention du maître, par ses héritiers. D’autre part la coopération d’un licteur à l’affranchissement par la vindicte serait un anachronisme à l’époque où a été sculpté le relief Warocqué. On s’accorde à y voir un bon travail de l’art augustéen’; or on a établi plus haut que l’usage de recourir au licteur pour Vadsertio in liberlatem n’est pas antérieur à Dioclélien. Jusqu’à la fin du ni « siècle, le licteur est un simple figurant ; dans notre relief, il stationne la tête tournée du côté du magistrat, qui devait être représenté à gauche du fragment qui nous est parvenu.

La question posée n’est donc pas résolue par les monuments figurés. On peut toutefois conjecturer que la vindicte employée par les particuliers pour la manua consertio ne devait pas différer de celle du licteur. Peutêtre même était-il d’usage d’emprunter au licteur sa vindicte pour accomplir le rite de l’imposition. Cet usage expliquerait comment, vers le temps de Dioclétien, on a tini par demander au licteur d’imposer lui-même • Ibid. Et simut homini feslucam imponebat. — 2 Franz Ciimont, op. Cl/, p. 19. — 3 ferài’aei. Revue des Étides anciennes, VII, 1905, p. 91.— i Sat. V, 76 : Vna Quiritem ver’.igo facit. Perse recliŒ lui-même ce que celle phrase a lie trop absolu (V, 88) : Vindicta postquam meus a praetore recessi.

— ôpcrdrizet, loc. cil. — (•De bell. civil. IV, 135. — 7 Diock-tirn, Cod. Just.YU, i, 10. — spapinian. Dig. XX.XIV, 9, 17 ; Paul. eod. 21. — 9 fapinian. Dig. XLVllI, 5. 37. — lOPapiuian. Dig. XLVII, 10, 33 ; Paul. Dig. XXXVll, C, 2, 4 : L’ipian. flij. II, 9, 5. — il Papinian. Z » i( ;. XLVII, 12, 10. Cf. sur celle action prétorienne Edouard Cuq, Manuel des Institutions juridiques des Romains, p. 2S0 et 578 ; C. R. Acad. Jnscr. décembre 1913. VWEA. —1 Plaut. J/ii. gl. Il, 2, 111 ; Cic. Ad fam. X, i ; Caes. Bell. gall. II, 12, 3 ; 30, 3 ; VU, 17, 1 ; Bell. civ. II, 2 et * ; T. Li ». V, 3, 6 ; XXXVII, 26 ; Veg. la vindicte à la place de Vadserlor in liberlatem. B. — Le mot vindicta a une seconde acception : chez les jurisconsultes de l’époque des Sévères, tels que Papinien et Paul, il désigne l’acte de tirer vengeance de certains crimes (meurtre *, adultère’) ou délits (injure’ », violation d’un tombeau") en exerçant l’action établie par la loi [lex, p. 1140, n. 19 ; 1149, n. 10] ou par l’Édil du Préteur [injuria, p..’iSS]. C’est un vestige de l’époque où le système de la justice privée était en vigueur [vindicatio]. Edouard Cuq.

VINEA’("A(jf7reXo ; ^, à(i.7r£).oyeXaJvr|’). — Mantelet, baraque qui servait, dans l’attaque des places, à couvrir les travaux de l’assiégeant. Elle rappelait par sa forme les treilles où on faisait grimper la vigne [trichila], d’où son nom. « Cette machine, dit Végèce, se compose d’une charpente légère et on lui donne sept pieds (2 m. 07) de haut et huit (2 m. 37) de large sur seize (4 m. 74) de long, avec un double toit de planches et de claies. On garnit aussi les côtés avec une clôture d’osier, impénétrable aux coups de pierre et aux traits, et, par crainte du feu, on couvre le tout, en dehors, de cuirs frais ou de couvertures de laine ; on joint de front plusieurs de ces machines, sous lesquelles les assiégeants pénètrent en sûreté au pied des murailles pour les saper. » Les pieux qui formaient les montants étaient aiguisés à leur extrémité inférieure, de sorte que les soldats, portant avec eux la machine sous laquelle ils avançaient, pouvaient la planter en terre à l’endroit choisi. Ces pieux étaient de longueur inégale ; les plus courts devaient être encore assez longs pour qu’un homme pût se tenir debout sous la partie la plus basse de la toiture. Les peaux étaient suspendues, et non tendues ; en cédant au choc des projectiles elles en amortissaient la violence*. En somme la vinea rentrait dans la catégorie des testudines ; aussi un auteur l’appelle-l-il h.j.-Ke.loyyiM^-r^ [oppuGNATio, fig. 5415]’; mais la tesludo arietaria ^ par exemple, n’avait qu’une étroite ouverture sur son plus petit côté et présentait une forme en rapport avec le bélier qu’on y logeait [aries, fig. 514, 515, 516 ; OPPUGNATIO, cf. fig. 3410, 5411]. Au contraire la vinea était une chambre rectangulaire, ouverte sur un des côtés longs, par lequel on l’appliquait au pied du rempart, et elle abritait des terrassiers armés de marteaux, de pics et de pioches (fig. 5414, 3416, 5419). De plus la tesludo arietaria était faite pour supporter le poids énorme du bélier, par conséquent en charpente massive ; la vinea se composait « e lignis levio7’ibus’ ».

On s’est demandé si la vinea était de l’invention des Grecs’; mais il serait bien extraordinaire qu’ils n’eussent pas connu avant les Romains une machine de siège aussi simple, quand ils en ont tant inventé d’ingénieuses. Ce qui parait probable, c’est que le nom MU. IV, 13 ; Lucan. 11, 506 ; III, 437 ; Sil. liai. Pun. XIII, 110. — 2 ApolloJor. Poliorc. dans Wescher, Poliorcét. des Grecs, p. 141. — 3 Anonym. Poliorc. dans Wescher, /. c. p. 208. — * Apollod.i. c. compte cinq pieux dans la longueur. Épaisseur de chaque pieu : environ 12 doigts (0 m. 23) de circonférence. Distance d’un pieu à l’autre : 3 pieds (1 m. 48). Soit, pour la longueur totale de la machine, 20 pieds (5 m. 92). Celle de Végèce est donc un peu plus courte. — 6 Anon. Poliorc. dans Wescher, (.c. p. 208 et (ig. p. 211. — 6 eg.Mil. IV, 14 et 15, les dislingue formellement. — 7 Veg. Mil. IV, 13. Sur la dislinclion qu’il faut faire entre la f. et les autres testudines, v. Marquardl, Manuel d’ant. rom. XI, Organis. milit. p. 267-268. — 8 Vitr. X, 14 et 15, qui traite des tortues d’après les Grecs, u’en parle pas. Apollodore, l. c. (temps d’Hadrien), ne prouve rien. V. Droysen, ffeerwesen, dans ilermaun, Lehrbuch d. gr. Antiqu. II, p. 228, n. 3.