Une conséquence logique de la croyance que les liens sont nuisibles, c’est que les nœuds les plus lâches sont les moins dangereux, ou même, relativement, les plus salutaires. Pour les pansements 3[3], qu’il fallait bien attacher, on avait coutume de se servir du nœud dit nodus Herculaneus, qui était, comme il a été démontré plus haut [NODUS] et, ailleurs, par M. Wolters 4[4], un nœud peu serré et des plus faciles à dénouer. M. Heckenbach 5[5], il est vrai, est d’avis que le nodus Herculaneus était, au contraire, un nœud extrêmement difficile à défaire. Cette opinion, qui d’ailleurs se rencontre déjà à l’époque byzantine 6[6], n’est corroborée par aucun témoignage ancien 7[7]. Il suffit, pour la réfuter, de renvoyer à un passage connu de Festus, d’après lequel la ceinture de la mariée était attachée par un « nœud d’Hercule », que le mari devait défaire lui-même 8[8].
Si les anciens cherchaient à se préserver de l’influence pernicieuse des liens, ils s’efforçaient aussi, inversement, d’utiliser à leur profit, et de plusieurs façons, la force magique qu’ils leur attribuaient. Ils tâchaient, en premier lieu, de diriger cette force contre leurs rivaux et leurs adversaires (devinctio, κατάδεσμοζ). Le plus souvent on se contentait de prononcer ou de graver sur une tablette de plomb les paroles par lesquelles on déclarait lier l’ennemi 9[9] [TABELLA, p. 4] ; mais il arrivait aussi fréquemment qu’on le liât en effigie. On a trouvé en Attique une figurine en plomb qui porte des entraves aux pieds et aux mains 10[10], [cf. MAGIA, fig. 4786 à 4789]. — De plus, les anciens comptaient sur la puissance des liens pour combattre le mal qui les menaçait ; non qu’on leur reconnût, du moins à l’origine, une vertu vraiment curative, mais on supposait qu’ils pouvaient par une influence magique guérir les fractures, arrêter les maladies accompagnées d’un flux, d’une inflammation, de tumeurs, etc. Cependant on allait aussi jusqu’à prétendre lier la fièvre et, d’une façon géné-
VINDEMIA (Τρύγη, τρύγητοζ). Vendange. — L’époque en varie suivant les contrées. En Afrique et en Bétique
Il est bon de faire surveiller le vignoble à l’époque des vendanges, pour empêcher le grappillage 6[23]. Si l’on veut s’éviter la besogne, on peut vendre la récolte sur pied au plus offrant 7[24].
- ↑ — 1 Jambl. Vita Pyth. 85 : θύειν χρή άνυπόδητον καί πρόζ τά προσιέναι ; cf. ibid. 105 ; Ziehen, Leg. Graec. suer. II, 1, no 91 ; Inscr. Graec. V, 1, 1390, 15 ; Athen. Mitt. XIV, 1889, p. 413 ; Gruppe, Griech. Myth. p. 912, n. 6 et 7 ; Heckenbach, De nuditate sacra, p. 23-31 ; Mélanges Holleaux, p. 301 sq.
- ↑ — 2 Michel, Recueil d’inscr. no 434, 25 ; Ziehen, Leg. Graec. sacr. II, 1, no 117, 17 sq. : μηδέ ύποδεσιν μηδέ ἃλλο δέρμα μηδέν ; Inscr. Graec. V, 1 1390, 22 sq. ; ; Varro, De ling. lat. VII, 84.
- ↑ — 3 Plin. Nat. hist. XXVIII, 64.
- ↑ — 4 Welters, Zu griech. Agonen, p. 8.
- ↑ — 5 Heckenbach, Op. l. p, 105.
- ↑ — 6 Apostolios, Proverb. VIII, 64, a (Leutsch, Paroem. graeci, vol. II, p. 448).
- ↑ — 7 Ceux qui défendent cette opinion partent d’une fausse interprétation de Senec. Epist. 87, 38, et combinent à tort Cornut. 16 avec Macrob. Saturn. I, 19, 16.
- ↑ — 8 Paul. Diac. p. 63 : cingulo nova nupta praecingebatur, quod vir in lecto solvebat... ; hunc Berculaneo nodo vinctum vir solvit ominis gratia.
- ↑ — 9 Wuensch, De fix. tab. Att. ; Inscr, Graec. III, app. 3 (1897) ; Audollent, De fix. tab. praeter Atticas, thèse, Paris, 1904,
- ↑ — 10 Wuensch, Eine antike Rachepuppe, Philologus 1902, p. 26-31.
- ↑ — 11 Plin. Nat. hist. XXVIII, 42 ; 48 ; 218.
- ↑ — 12 Bekker, Anecd. I, p. 273 ; Phot. Lex. s. v. κροκούν.
- ↑ — 13 Benndorf, Vasenbilder, pl. l., 4 ; Monumenti, II, pl. 59 ; S. Reinach, Rép. des vases, II, p. 317.
- ↑ — 14 Virg. Ecl. VIII, 73 sq.
- ↑ — 15 Deonna, Rev. arch. 1914, XXIII, p. 53,
- ↑ — 16 Plat. Resp, . p. 364, c : καταδέσμοιζ τούζ ... πειθοντέζ σφισιν ύπηρετείν.
- ↑ BIBLIOGRAPHIE. Frazer, Le rameau d’or, trad. fr. Strebel et Toutain, t. I, 1903, p. 319 sq. ; Hirschfeldt, De incantamentis et divinationibus amatoriis apud Graecos Romanosque, diss. de Kœnigsberg, 1863 ; J. Heckenbach, De nuditate sacra sacrisque vinculis, p. 23-31 ; 69-112 (Religionsgesch. Versuche, IX, 3, Giessen, 1911) ; Wolters, Faden und Knoten als Amulett, Archiv. fur Religion Wissensch. 1905, Beiheft, p. 23-20 ; von Bissing, Aegyptische Knotenamulette, ibid. p. 23-26.
- ↑ 1 Hesiod. Oper. et d. 611 ; Plat. Leg. 844 d ; Colum. XI, 2 ; Varr. R. rust. I, 34 ; calendrier de la Panagia Gorgopiko, CALENDARIUM, fig. 1030, et DIONYSIA., fig. 2423. Les conditions météorologiques influent sur la récolte, Mart. 1, 57 ; Athen. 1, 26, c.
- ↑ 2 Vendanges en Syrie à la fin de novembre, Chron. de Josué le styl. 53 ; Chapot, La front. de l’Euphrate, p. 31 ; cf. Plin. Nat. hist. XVIII, 74.
- ↑ 3 Plin. XIV, 4 ; Colum. III, 2, 16 ; XII, 23.
- ↑ 4 Colum. XI, 2 ; Geopon. V, 45.
- ↑ 5 Varr. Del. l. lat. VI, 16 ; Dion. Halle. VI, 17 ; Gromatici lat. I, 33, 28.
- ↑ 6 Suet. Calig. 39 ; Varr. R. rust.. II, 10 ; cf. Cant. Cant. 5. De là le proverbe τρυγάν έρήμαζ, vendanger des vignes non gardées, c’est-à-dire faire le brave quand on ne court aucun danger : Aristoph. Eccl, 886 ; Vesp. 638.
- ↑ 7 Cat. De agr. 147 ; Plin. Epist. VIII, 2.