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I, X, XII, XIII, XIV ; le lolal s’en élève à 66 ’. Knfin la Aotilia refjionum du temps de Constanlin nous donne pour chaque région le chiffre des vici : la somme alleinl 30i ou 307, tandis que le document indique, on ne sait pourquoi ni comment, 423 r/c/. Pour les cinq régions mentionnées sur la base Capitoline le nombre des quar- tiers apparaît beaucoup plus élevé à l’époque de Con- stantin que sous Hadrien, puisque IdiNotUia en compte 143 contre 66-. Il serait aussi vain d’essayer d’accorder entre eux ces documents que d’expliquer leurs diver- gences. On ne saurait d’ailleurs se refuser à admettre que le nombre des vici ait pu s’accroître depuis Ves- pasien jusqu’à Constantin ; la progression de 265 à 30i ou 307 n’a rien d’invraisemblable, tandis que pour la quatorzième région la dilTérence entre les vingt-deux vici de la base Capitoline et les soixante-dix-huit de la A’otitia parait plus sujette à caution. Mais aucun indice n’autorise de corrections de cliiffres.

Quoi qu’il en soit, la base Capitoline et les rensei- gnements que nouspouvons tirersoildesauleurs anciens, soit d’autres inscriptions moins importantes, nous font connaître environ 140 de ces vici ’. Leurs noms peu- vent se répartir en trois catégories principales : les uns sont ceux d’une corporation d’artisans qui avait dû, à un moment donné, se trouver concentrée dans le quartier ; vicus allinriiis, argcntarius, bubularius, friimenlarius, etc. ; les autres sont des gentilices plé- béiens, rappelant sans doute, comme le suppose Jordan, les noms des édiles qui présidèrent à la construction des quartiers ou à l’aménagement des rues ; vicus /nsleius,Aciiius, Cosconiiis, Fabî-icius, Pullius... etc.*. Dans la troisième catégorie se rangent des dénomina- tions diverses, soit d’origine historique (vicus Tuscus, ainsi nommé probablement en raison de la présence d’une importante colonie étrusque ; vicus S’celeralus, rappelant la légende relative à la mort de Servius ïullius ; vicus Cuprius, de Cupra, déesse Sabine), soit dues à une circonstance telle que le voisinage d’une porte, d’un monument, d’un lieu-dit, ou l’exis- tence d’un sanctuaire, d’une statue... etc. : vicus Porlae Çollinac, vicus Curiaruin, vicus Honoris et Virtutis, vicus Loreti majoris el minoris : vicus Apol- linis, Bellonae, Dianae, Fidei ; vicus Fortunae res- picientis ; vicus capitis Africae, capilis canlei’i, colu- mnae ligncae..., etc. Quelques-uns de ces noms, ceux notamment qui reproduisent des noms propres de magistrats, permettent de dater de l’époque républicaine la constitution des quartiers ; d’autres, le vicus Tuscus et le vicus Cuprius, par exemple, nous reportent vrai- semblablement jusqu’aux origines mêmes de Rome. Un certain nombre de ces vici connus ont pu être localisés avec précision ; il en reste cependant plusieurs dont on ne saurait même indiquer à quelle région ils apparte- naient. Il serait vain, dans l’état actuel de nos connais- sances, de chercher dans les dénominations des vici des renseignements touchant l’histoire de la formation et des agrandissements de Home.

1 Corp. inscr. lat. VI, n. 975 ; cf. Kicliter, Topographie -, p. 11. — 2 Cf. Jor.lan, Topographie, I, p. 315 ; Lanciani. BuUet. corn. 1890, p. iiu s.). — 3 On eu trouvera la liste à X Index, soit de Kicliler, soit de Jordan, s. v. vicus.

— ’ Jordan, Topographie, I, p. 513 sq. — ■• Corp. inscr. lai. X, n. 1631.

— 6 Voir de même à Bénévcut ; regio Esquilinn, ibid. IX, n. 1569 ; regio viae nonae, o. I5a6. — ^ Ibid. V, o. «88. — s Ibid. o. 8ill. — » Jbid. n. 5804.

— 10 ILid. XI, n. 377, 379, 118, 419, 4il ; 379. 419, 4-17, 4U4, — " Ibid. Il,

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Les grandes villes de province sont, comme Rome’ subdivisées en vici, quartiers, et leurs rues, appelées également vici ou clivi, portent le nom du quartier qu’elles traversent. C’est ainsi qu’à Pouzzoles nous trou- vons une 7’egio clivi vitrarii sive vici lurari ’. Le terme vicus semble donc ici synonyme de regio ^ Dans la haute Italie, les inscriptions nous font connaître un vicus Herculius à Brixia un vicus pi’imus à Aquila’, un vicus Venerius à Milan Elles nous apprennent qu’.Vriminum comptait sept vici et nous fournissent les noms de cinq d’entre eux : vicus Aventinus, Dianensis, Cermalus, Velab[rus), Forensis ’°. Tous ces noms appa- raissent calqués sur ceux de Rome. Hors d’Italie, les principaux centres provinciaux semblent avoir emprunté de même à la capitale les noms de leurs quartiers. A Cordoue, nous trouvons, comme à Rome, un vicus a capile canteri^’. Anlioche de Pisidie avait un vicus Velabrus, un Cermalus, un vicus Tuscus, un vicus patricius, un vicus aedilicius ’-. En Gaule, jusque chez les Médiomalrices, deux inscriptions de Metz mention- nent, l’une un vicus Honoris, l’autre les vicani vici Pacis ". Cette analogie lient sans doute à ce que l’orga- nisation du culte des Lares augustnles dans les pro- vinces eut pour modèle celle des Lares compilales de Rome et dut y déterminer la subdivision des villes en vici.

III. Vicus, maison de rapport. — La définition donnée par Festus de cette troisième espèce de vici pourrait aussi bien, semble-t-il, s’appliquer au mot insula. Il faut entendre, nous dit le lexicographe, un immeuble urbain appartenant à un particulier et amé- nagé de telle sorte que chacun des locataires ait son entrée particulière ; les habitants de ces vici ne s’appel- lent d’ailleurs pas vicani ’*, mais habitalores, el ce mot se retrouve dans les textes juridiques avec le sens d’iiir/uilini ’^ Un rescril de Sévère et Caracalla leur donne le nom d’insularii, car ce qui caractérise la maison de rapport, c’est sa division en appartements isolés les uns des autres et desservis chacun par un escalier ’^, aboutissant à la voie publique ou à une de ces ruelles (an(/r//Jo ?7Ms) qui mettaient deux rues en com- munication. En dehors de Festus, le mot vicus dans le sens (ïinsula ne se rencontre guère que dans les lettres de Cicéron ". Ce serait donc une expression de la langue familière. Nous retrouverions dans cette acception le vieux mot vicus = Foïx&ç, ayant conservé dans le parler popu a re son sens primitif d’habitation.

Lorsque, dans une lettre àTerenlia, Cicéron parle de la vente d’un vicus ’*, c’est donc simplement d’une maison de rapport qu’il est question, et non pas de la vente d’un hameau rural, ainsi que l’entend Mar- quardt ". De même, le vicus Spurianus qu’un habi- tant de Pouzzoles, A. Plaulius Evhodus, afl’ecle, avec ses chambres à louer {cum suis meriloris), à l’entretien de son tombeau -", ne doit représenter, malgré l’épithète de Spurianus, qui ressemble à un nom propre, qu’une maison de rapport, bien plutôt qu’un quartier de Pouzzoles. Ai.uERT GbEiMer.

n. ;S48. — l2/i»i. NI, n. is’J = C810 ; 290 = 6811 ; 6815 ; 6835 =296 :6837 = 297.

— ’^Jbid. XIII, n. 1301,4303. — H Édit. Muellor, p. 371 ; voirplus haut, au début de cetarljcle. — 1= Alfenus, Dig. XIX, 2, 27 pr. ; 30 pr. ; Lal.eo, Dig. XIX, 1, 53, i. — IC Cf. Edouard Cuq, Une statistique de locaux a/fcctés à l’habitation dans la Rome impériale, 1915, p. 31. — n Ad Atlieum, I, 4, 3 ; VII, 3, 6. Cf. Jordan, Topographie, 1, p. 538, 539, n. 66, 67. — 18 JSpitt. ad famil. XIV, I, 5.

— l’J Organisation de l’Empire romain, p. 10. — iw Corp. inscr. lat. X, u. 3750.