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vicani ’, ou aux possessores vici ei à leur poslérilé . Les hnl>itants du bourg se dislinguenl donc des colons disséminés dans la campagne ^ Le ricus finit ainsi par représenter soit le centre, soit Tune des subdivisions de la circonscription territoriale qu’est le pagus. Son existence est au moins officieusement reconnue, puisque non seulement des inscriptions funéraires indiquent fréquemment le vicus dont le défunt était originaire ’*, mais que même un document officiel, la Table alimen- taire de Velleia, mentionne assez souvent, à côté du nom du pagus, celui du vicus dont relève une ferme ou un fonds de terre’.

Vici viasiorum, viasii vicani. — Il est en Italie une catégorie de vici auxquels le gouverne- ment romain dut de tout temps s’intéresser particu- lièrement : c’étaient ceux où se trouvaient groupés des campagnards cliargés, comme d’une redevance, de l’entrelien des grandes voies de communication reliant Rome à ses colonies. L’institution de ces villages de cantonniers doit remonter aux premiers grands travaux de la voirie romaine [via]. La forme archaïque viasii, pour riarii, nous renvoie en tout cas avant la lin du rv* siècle, plus haut même que l’époque du censeur Claudius .ppius Caecus (312 av. notre ère), le construc- teur de la voie Appienne, qui aurait précisément con- sacré la substitution de ;• inlervocalique à *• ".

C’est à ces « villages routiers » que Mommsen fait remonter l’origine des nombreux fora Appii, Claudii, Flaminii, Sulii, Popilii, Sempronii et autres, devenus presque tous, plus tard, des municipes. mais qui durent être créés par les constructeurs des routes pour servir à la fois de gîtes d’étape et de postes d’entretien ’.

La loi agraire de 643/111, le seul document qui nous parle des viasii ricani ’, spécifie que le territoire attribué à ces colons doit rester invariablement soumis aux mêmes conditions qu’autrefois ; il est et demeure, en droit, territoire public, mais il est remis à l’usage privé et nulle entrave ne doit être apportée à la jouis- sance des possesseurs ; il suit l’héritier et peut être vendu, mais sans devenir jamais propriété privée ’.

La redevance des viasii vicani pouva’it s’acquitter, sans doute, soit en nature par la prestation de main- d’œuvre, soit par le paiement d’un impôt spécial destiné à l’entretien de la route. Caton préférait fournir la corvée : « Aux jours de fête, dit-il, on emploiera les esclaves au travail de la voie publique ’" ■>. Plusieurs inscriptions nous indiquent que plus tard, à l’époque impériale, l’obligation des possesseurs se traduisait plutôt par le versement d’une somme d’argent ".

Cette institution d’origine italienne fut vraisemblable- ment étendue aux diverses provinces de l’Empire. Les vicus Augusti, vicus Aureli et autres, que nous signa- lent les Itinéraires, notamment le long des routes d’.fri- que ’-, représentent probablement, comme les anciens fora d’Italie, des bourgades de viasii vicani.

Les vici hors fV Italie . — Dans les provinces.

1 Corp. inscr. lot. V, n. Tilil, 7450. —2Jbid. 387 ;, 5S78. — 3 ibid. 5504 : ricani ft habitantes. — ♦ Corp. intcr. lat. II, n. 453 ; II], n. 3490 ; 1420715 ; f 4 41 3 ; V, n. 79i3. —5 Corp. inser.lal. XI, n. 1147, I, I. S5, I, tî, 43 ; 1. 66,67,1. 75,clc. ; cf. p. tu. — * Digest. 1,2, 2, 30 : / ? litteram invertit, utpro Valesiis Valerii e»ent, pro Futiis Furii ; cf. Sommer, Bandbuch d. lateinischen Laut-u. Formenlehre, p. 210. — 7 Corp. inscr. lat. 1, p. 90 = Gemmmelte Schriften, I, p. loii, lij7. — » Corp. inacr. lai. I, n. 200, v. Il, 12. — J Morainsen, L. l. — 10 De agri. tiiUura, 11, 4. — Il Corp. iriser, lat. X. n. 6054 ; IX, ii. 6075. — lî Corp. inscr.

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l’administration romaine respecte en général l’organi- sation sociale et les habitudes des populations diverses qu’elle soumet. Néanmoins l’application progressive à tout l’Empire des principes de la législation romaine, l’action personnelle des gouverneurs et, par-dessus tout, l’influence de la civilisation latine, tendent à rapprocher la situation des bourgades étrangères de celle des vici italiens.

En pays grec, la xa>|jL-/i qui avait été à l’origine l’embryon de la cité, formant par elle-même un petit État, avait fini par perdre, au profit des villes, toute souveraineté et presque son entière indépendance [kômè]. Elle était donc tombée à peu près à l’état de vicus, tout en continuant cependant à former une communauté capable de posséder, de rendre des décrets honorifiques et d’élire ses magistrats {xa)jxip ;/at). Nous trouvons en tout cas ces bourgades réunies, autour d’une ville chef-lieu, en une même circonscription adminis- trative et financière.

En Asie, au moins dans certaines régions, telles que la Carie, où les villes sont plus rares et les villages plus nombreux, les bourgades (xùJjAat, xiTomiai) " restent longtemps l’unité politique la plus vivace. Elles peuvent avoir un patrimoine et en loucher les revenus ; elles ont des assemblées qui statuent sur l’érection des monu- ments et élisent des magistrats. Elles relèvent néan- moins, au point de vue judiciaire, des magistrats d’un chef-lieu. Parmi ces vici d’.Vsie, les uns s’élèvent au cours des âges à la dignité de cités, tandis que des villes déchoient au rang de simples villages ". Les vicis- situdes d’Orcistus, bourg de Phrygie, autrefois une ville, devenue sans doute au m* siècle un simple vicus de Nacolia, puis rétabli vers 330 dans son état ancien, sont particulièrement intéressantes ".

En Tlirace, en Moesie, en Pannonie et en Dalmatie, où l’influence grecque se mêle en une certaine mesure à l’œuvre de la colonisation romaine, le nombre assez élevé d’inscriptions dues à des vici semble témoigner de l’importance de ces bourgades"^.

En Egypte les agglomérations rurales ne sont, au début de la domination romaine, que des collectivités sans personnalité ni communale ni juridique. Elles ne possèdent ni administration propre, ni fortune mobilière. Mais dès la fin du ii’ siècle on constate, là comme ailleurs, une tendance au développement des bourgs ; leur fortune se constitue peu à peu ; au iv» siècle ces villages forment une communauté maîtresse de son administration.

Mais c’est surtout dans l’Occident latin, dans la pro- vince romaine d’Afrique, en Espagne, en Gaule et sur la frontière germanique que l’on peut se rendre compte de la vie et du développement des rici.

En Afrique se rencontrent, d’une part, des colo- nies " et des municipes, ces derniers assez nombreux, et d’autre part, des castella et des rici. Il semble qu’à la différence des vici les castella, dont l’existence

lat. VIll, p. 19, 243, 258 ; Itinéraire (CAntonin (M. Parlliey-I’iiulcr), p. 19, 54, 26. — 13 Foucart, Butt. de corr. tvell. IX, ISsS, p. 303. — il V. Cliapot, La province romaine d’Asie, Bibiioth. de l’École des hautes éludes, fasc. 150, p. 96- 98. _ 13 Corp. inscr. lat. III, p. 07. — 16/4irf. n. 3170, 3625, 3673, 3776, 3777 ; III Supp. 232891, 14 20715, 14 U3, Il 409, 14 4123, 14 21426, 14441, 14 442, 1421433, 14 447. — 17 P. Jauguct, ta me municipale en Érji/ple, Bibiioth. d. Écoles franf. d’Athènes et de Rome, fasc. 104, passim el parlicul. p. 391. — U P. ci. Cirla, lladrunièlc, clc. ; cf. t’orp. inscr. lai. VIll, p. 1U99.

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