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Vie

La plus ancienne effigie d’une Victoire sur les monnaies ronaano-campaniennes, dès la seconde moitié du iV siè- cle, reproduit un type hellénistique : demi-nue, la déesse attache une couronne de laurier à une longue palme ’. Le bige et le quadrige de la Victoire (fig. 858, 2322) ^ qui semblent imités de monnaies siciliennes, la Vic- toire couronnant un trophée ^ (fig. 6298,7116, 7’t73), qui est imitée de monnaies de Capoue et du Bruttium, de- viennent des types monétaires de la République romaine dès la fin du iii« siècle. Sur des as de la gens Marcia, qui datent de l’époque de Marins et de Sylla, une Victoire dressée sur une colonne, portant sur l’é- paule gauche une longue palme et élevant de la main droite une couronne (cf. Iig. 5039), repro- duit sans doute l’une des statues érigées dans Rome*. Il faut arri- ver à l’époque de César et de Pom- pée pour rencontrer la Victoire qui porte un trophée sur l’épaule ^ Après la bataille de Pharsale (706 = 48), un magistrat monétaire fit frapper un denier au type de la Victoire chargée d’un trophée, symbole de victoire, et tenant un caducée, symbole de paix’*. A la fin de la République, on voitsur de nombreuses monnaies un buste ailé de femme, qui ne peut être que le buste de Victoria (fig. 1854) ; mais la tète représente souvent un portrait, de caractère

cassci. nettement individuel, portrait de

Calpurnia, femme de César ’, por- trait de Fulvia, première femme de Marc . toine’, por- trait de Scribonia, première femme d’Octave’ ; ainsi se préparait la tradition qui donne les attributs divins aux effigies d’impératrices.

Après la bataille d’Actium, on dédia beaucoup de sta- tues à laVictoire. La numismatique d’Auguste en repro- duit quelques-unes : Victoire tenant palme et couronne, debout sur une proue de navire’" ; Victoire tenant cou- ronne et lexillum militaire, debout sur un globe" ; Vic- toire tenant un bouclier rond posé sur un cippe’- ; Vic- toire brandissant palme et trophée ifig. 7466 = 637). Mais la plus célèbre fut celle que le prince consacra dans la Curie en l’an 29 ; c’était une Victoire s’élancant d’un

I Babcion. Monnaies de la fiép. rom. I, p. XXX el li. Molif eiupruulé aui mon- naies à légende osquedAsculum, en Apulie. —2 Ibid. I, p. XXI-XXn,4un« 6. 58 n« 39.0nToil parfois des triges.au dernier sièclede la République : II, p. 169 el 248-

— 3 Ibid. I, p. 40 n" 7-10 ; p. 49 a’ Î4 : p. 30 n" i5 ; p. 56 n»» 36-37. — » Ibid. I, p. ii.— :’lbid. l,p. 379,380 (Considius, 49 av. J.-Cl. — 6/6irf. |, p. 553{L. Hos- llliusSaserna’) ; cf. p. iSO (Q. Caeciljus SIetellus Scipio), Victoire tenant un bouclier danslamain gauche, un caducée ?daDsladroite.— i Ibid. 1, p. 366 (C. Clovius) ;1I, p. 14-16 (César), 539 (L. Munatius Plancus), Î84 (L. Papiusl, UO (P. Sepulliusi.

— » Ibid. I, p. 170 (M. Antonius) ; 11, p. i4i (L. Mussidius), Î63 (C. Numonius). -1 /6irf. Il, p. 33.-io/6,d. Il, p. 53el 64. - Il Ibid. II, p. 63, année 7J6 = 2«.

— 1» Ibid. Il, p. 78 el 412 ; sur le bouclier on lit : S(enalus) C(onsullo).

— 13 Cf. A. J. Reinach, Pyrrhus et la Aike de Tarente, dans Xeapolis, I, 1913, p. 19-29. Une monnaie de Pyrrhus montre la Victoire tropaeophore, lenant de la main droite une grosse couronne de cLéne : Hcad, op. cil. p. 323. fift. 181, et notre figure 7111. Woeicke, Beitrûge zur Gesch. d. Tropaions, 1911 (eitr. des Bonn. Jalirbùcher), p. 37, donne une liste des monuments figurant une Victoire sur un globe flanqué de capricornes ; cf. S. Reinach, Jtëpert. relief ; U, p. 487, I. Sur une pâte de icrre de BerUn, Vidoire Iropieoplîore posée sur un globe au-dessus d'un aiit<>l : Furiwaensler. Brsri r d

. 7467. — Victoire t

1 -Jui"’ . ’^^■^

globe, offrant de la main droite une couronne el portant dans la gauche un tropliée. Elle provenait de Tarenle, où Pyrrhus l’avait fait ériger pour commémorer son succès d’Héraclée (280). Auguste se contenta de flanquer le globe de deux capricornes, son horoscope, et peut-être de niodifier les armes de la panoplie ’^ Nous avons vu quelle place occupe désor- mais la Victoire auprès des empereurs dans l’art offi- ciel, en particulier dans les reliefs historiques . Cette Victoire impériale est géné- ralement plus solennelle que la Nikè des rois hellé- nistiques ; ses formes un peu alourdies ajoutent en- core à sa gravité romaine. Toutefois, à dire vrai, l’Em- pire ne semble avoir créé — ^Fig. 740s. — Vicioiio dt- i.jon. aucun type nouveau. Les

Victoires tropaeophoresdeCartiiage (tig. 7130) etd’Apol- lonie (fig. 7131) ’■• sont des variantes de types connus ; la célèbre Victoire de Brescia, écrivant sur un bouclier (cf. fig. 7472), est une transposition d’un type d’Aphrodite du w" siècle, dont nous possédons une réplique romaine dans la Vénus de Ca- poue (fig. 7396) ’" ; le beau bronze de Lyon, dans la simplicité de son attitude et de son costume, dérive d’un type de jeune fille du w" siècle (fig. 7468) ’" ; les deux Victoires assises de Lyon et de Reims" reproduisent un modèle as- sez rare, mais que nous avons déjà ren- contré sur des monnaies de la Répu- l)lique(fig. 7453j el que Rome importa, ce semble, de la Grande-Grèce ". Les innoinbraiiles figurines de bronze qui proviennent de laraires publics ou pri- vés el qui, pour la plupart, représen- tent la déesse debout sur le globe, palme et couronne en main, ne témoignent Fif. 7109. :— ’Vicionc d’aucune invention-", fjuelques-unes dOstic.

ne sont pas sans mérite, telles les gracieuses statuettes de Casse ! ilig. 7467)’-' el de Constantine ’-- : mais elles répètent à satiété, presque toujours sans le moindre souci d’art, un type usuel, d’origine grecque. L’intluence liel-

ijeichn. S/eine, Berlin, 2816 ;Ro8chcr, III, col. 354, fig. 25. — liCf. supra, p. 839 sq.

— r> .Musée de 6". Louis de Carlhage, 1899, pi. i-ji ; S. Rein.ich, Répert. stat. II, p. 379, 2 et 4, et p. 38", 3. — 16 Sludnicika, loc. cit. p. 402 et pi. xu, 57 et 59 ; s. Reinach, iï< !per(. stat. I (Clarac), p. 348, 1, et p. 320, 5 ; Brumi-Bruckmanni Denkm. 298 {cf. 297, la Vénus de Capoue, et 299, la Victoire ligurée sur la colonne Trajane = notre fig. 7472). La Victoire de Brescia, dont le bouclier est une restitution moderne, paraît dater de l’époque des Flaviens : cf. Furtwaengler, il/eis- terverke, 631. — n Jullian, Go//ia, p. 269 (= notre fig. 7468) ; S. Reinach, op. cit.

II, p. 383, 7 ; cf. Bulle dans Roscher. III, col. 357. — 18 S. Reinach, op. cil. Il, p. 395, 7, et p. 396, 1. — 19 Cf. supra, p. 837, au sujet du temple de Victoria Virgo. Sur des vases peints : S. Reinacli, liépert. vases p. II, p. 216, et notre fig. 7464. Sur des monnaies d’Élis au v s. : Head, op. cit. p. 420, fig. 228 = notre fig. 7H9.— 20 Cf. S. Reinach, / ?-’ ;ier(. stat. II,p.379-39C passim, p. 807 ;

III. p. 116-117 et 558 ; IV, p. 234-237, 241, 333. On trouve aussi des Victoires en ar-ent ; cf. Longpérier, Œuvres, II, p. 454, et S. Reinach, Musée de St-Germain, bronzes fig. p. 69, n. 4, Vict. de Limoges, ornée d’une plaque d’or sur la poitrine.

— 21 Notre fig. 7467 d’après Sludniczka, loc. cit. pi. iv, fig. 27. — 22 Jievue archéol. 1890, 1, pi. iiv ; Musée de Consl. pi. vui ; S. Reinach, op. cil. p. 385, 6 ; cf. Roscher, III. col. 354, fig. 26.