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cette province déshéritée. Pourtant les itinérairesanciens mentionnent diverses routes rayonnant de la capitale, Ancyre’ : l’une -, vers l’ouest, rattachait cette ville à Dorylée, par Germé, d’où l’on atteignait aussi Pessi- nonte’ ; deux autres, par Cratéa-Haviopolis au nord- ouest’, et par Gangra-Germanicopolis au nord-est, à la grande roule est-ouest de Bithynie ; celle du sud-est, par Aliassus, Aspona, à Archelaïs’^ ; celle de l’est, par Tavium, àlaCappadoce.

La Bithijnie^, dans sa partie orientale, comprenait surtout, obéissant à l’allure générale des plissements montagneux, la grande voie Nicomédie, Bithynium- Claudiopolis, qui vers Cratéa entrait en Paphlngonie, suivait les aflluents supérieurs du Billaeus et continuait vers le Pont ’. Elle semble avoir été en relations avec la côte par un chemin Bithynium-Tieium’, qui fut remis en état au iv’ siècle ". De Nicée une route importante se détachait vers Dorylée’" et prenait ensuite, par la vallée du Tembris, la direction d’Ancyre. Une autre, venant de Nicomédie par l’intérieur ", contournait après Nicée le lac Ascanius et rejoignait Cius, Pruse, franchissait vers Milétopolis le Uhyndacus et poursuivait vers Cy- zique ’-.

La voie Nicée-Dorylée mettait laBilhynie en communi- cation avec les confins orientaux de la province procon- sulaire d’Asie, dont le premier gouverneur, M’. Aquilius, avait entrepris bien vite, pour raisons de sécurité, des chemins de ronde provisoires ’ qui subsistèrent, d’une direction d’ensemble sud-ouest nord-est, comme les limites mêmes de l’Asie, et qui traversaient les divers districts de la montagneuse Phrygie : voie d’Apamée à Cibyra ; voie de Dorylée à Apamée, par Nacoléa ", Bru- zus, d’où un embranchement empruntait la vallée du Glaucus, qui coule, en baignant Euménie, vcrslliérapo- lis et Laodicée ; il évitait le détour par Apamée aux voyageurs venant dés parties reculées delà Phrygie et se rendant à Éphèse. Pour d’autres, le terme du voyage était le grand port de Smyrne ; aussi l’artère capitale Apamée-Éphèse se trouvait-elle doublée par une seconde, parallèle mais de moindre importance par son transit, qui. allant droit d’abord vers Sardes, suivait bientôt la vallée de l’IIermus jusque vers Téménothyra et aboutis- sait à Acmonia ’°. Au départ de Smyrne, elle était dou- blée elle-même par la voie secondaire contournant le Sipyle et envoyant de Magnésie un chemin vers l’indus- trieuse cité de Thyatira ’

Les deux roules fluviales détaciiaient des embranche- ments : l’un d’eux, de Tralles, desservait la C« ?’/t’" par la vallée du Marsyas (Alabanda, Lagina, Slralonicée, Jus-

1 Corp. hiscr. lut. 0808. - 2 Jbiii. 3IG.3I7, 0902. — 3 Do PessinoiUc, voie djrccle sur .rclielaïs cL Tyane, mais de tracù très inccrlain (Atidersoii, Jnurn. o[ hell. stud. .VIX (1H99|, p. lio sq.). — i Aiidersoii, iltid. p. 5i se). Cr. tout l’arlicle, p. ;1H3V, pour les idcnlincalions des stations, <|ui sou- lèvent de sérieuses difiicullés. — ^ Ibid. p. 102 sq. —6 Cf. Uuge, dans PaulyWissowa. lical-Enc. III, 1, col. 508-310. — ^ Von Dicst, Petermann’s Millli. Ërgaiizungtheft 9i (1889), BI.. 2, et 110 (I89 ;i). p. 85 sq. ; restes de ponts, p. 90 et 109. — 8 Jhid. 94. p. 73. — 9 G. Mendel, IhiU. corr. hell. XXV (1901), p. 43, n» 180. — 10 Von dcr Golti, Analolisdie Aus/lùge, p. 114, 122, 400 ; Andersen, Journ. o( hell. slitd. XIX (1899), p. 70. Von Uiest (op. t., 94, p. 57) y a not^, sur le reliord, une disposilion esccptionncllc : une sorte de trottoir ùtroil, surliaussé, pour piétons on cavaliers. Les plaines de llilliynle étaient fort boncnses. — " Von Diest, dans la revue Aaien, II, p. 189. — ’2 Corp. inscr. lut. 317 et C9’IG. — 13 Chapot, l’ruv. d’Asie, p. 381. — U De Nacolea, embranchement sur Orcistns, Amorium et i.aodicéc brûlée {Corp. insf.r. lat. 7000 ; niilliairc de Siplimc .’dévore, 1*I99’1. — 16 cf. Corp. intcr. lai. 7)73. — ’6 Corp. intcr. gr. 3179-3180. — 17 Corp. inscr. lat. 470-478 ; 7190-720*. Traces visibles dans la plaine ilyrcanienne (Von Diest, op. /., 94, p. 2’)). — 18 Voies

qu’à Idyma, au commencement de la Pérée rhodienne)" ; un autre joignait Antioche et Aphrodisias ; un troisième Laodicée et, par Themissonium, Cibyra, également reliée à Apamée-" ; de Sardes aussi on allait à Laodicée par Philadelphie, Tripolis et Hiérapolis ; d’Ephèse on gagnait directement Sardes par une route passant à Hypaepa et enjambant les hauteurs du Tmolus^’. Entre Sardes et Laodicée, Philadelphie était la tète d’une voie condui- sant à Acmonia, qui, poursuivant dans la môme direc- tion, longeait la rivière Tembris, s’allongeait devant Apia, Cotiaeum et atteignait Dorylée-’-. De Cotiaeum, un autre chemin menait h Docimium ^’, Prymnessus (jointe à Laodicée brûlée par Julia et Philomelium), Synnada et Apamée-*.

Enfin une dernière série de voies commerciales avait pour point de départ Cyziquc, «porte de l’Asie « ^°. Deux artères principales : l’une empruntait la vallée du Maces- tus, par Milétopolis, lladrianotherae-*, et, passant entre Altalaea et Nacrasa, aboutissait à Thyatira ; la seconde, laissant à l’est le lac .phnitis, gagnait à Poemanenumle Tarsius et le remontait pour atteindre Pergame, puis Elaca". Entre elles d’eux, plusieurs raccords : Iladriano- tiierae-Pergame et Pergame-Thyatira. Une troisième voie, par la vallée de l’Aesepus, menait de Cyzique à Adramyttium et encore à Pergame -’. Peut-être même Pergame était-elle reliée, par Stratonicée, Ancyre de Mysie, Synaus, Aezani et Cotiaeum, avec Dorylée ■-^

On voit combien est riche et complexe le réseau des routes de l’Asie Mineure, spécialement dans la province proconsulaire. Tel que nous le présente la Table de Peulinger"’, avec des erreurs certaines, il parait aussi très confus. Cependant on n’a pas de peine à y recon- naître, dans la moitié occidentale de l’Anatolie, une sorte de disposilion en éventail, comme un double entonnoir, dont les vallées de l’Hermus et du Méandre représentent les couloirs, tandis que Phrygie et Pisidie en sont le cône CT>fi»mun. Il y a là un effet naturel de la configuration du pays,-et du reste c’est avec l’Italie que se pratiquaient les échanges les plus actifs. Les voies les plus fréquentées à l’époque byzantine furent, pour une raison toute semblable, celles qui s’orientaient vers Conslantinople^’, principalemenlcelles du nord de l’Ana- tolie, alors qu’auparavant celles du sud avaient plus d’importance. Aucun document ne nous ofirc la liste des routes du Bas-Empire ; mais beaucoup se sont conser- vées dans les pauvres sentiers turcs d’aujourd’hui. C’est surtout Justinien^- qui a donné ses soins à tout le sys- tème, et vigilamment entretenu la grande artère partant

imprécises vers llériicléc du Sall.acus (P. Paris et M. Ilollcaux, Bull. corr. liell. IX (1883), p. 330 sq.) et llalicarnas^e (W. U. Paton et J. L. Myres, Geogr. journ. 1897, I, p. 40 ; Journ. o( hell. sttfl. XVI (1896), p. 201). —19 II fut restauré en 201/2 par le proconsul Lollianus Cientianus : Corp. inscr. lat. 479- 483, 094, 7 203-7 207- — 20 Amerl’c.^ourn. of arch. IV (1888), p. 209. —21 K. Burcscb, Aus Lydien, Leipi. 1898, p. 213-217. — 22 Corp. inscr. lat. 7108 sq. ; Kamsay, Journ. of hell. stud. Vlll (1887), p. 514 sq. ; Id. Cities and ôislioprics ofPhrygia, Oxford, II (1897), p. 388 sq. — 23 Milliairc de Domitien, Corp. inscr. /a(. 142001. — 2lCorp. iiiscr, lat. 7171 sq. ; G. liadct, .oui : archiv. d. miss. VI (1893), p. 473 sq. ; Bull. corr. hell. XX (1896), p. 117 ; Andcrson, Journ. of hell. stud. XVIII (IS98), p. 102 et pi. v, — 2ii Cic. i’ro .Vur. 15,33.— 26 Uccoouue par J. A. R. Munro, Geoijr. journ. 1897, I, p. 102-108 (ruines d’un grand pont romainl. — 27 Bull. corr. hell. IV (1880), p. 379 ; XIII (1889), p. 374. — 28 Munro, ihid. p. 237 ; Ramsay, Journ. of hell. stud. Il (1881), p. 44. - 29V. les argument» «•■pigraphiqucs dans Munro, op. cit. p. 200. — 30 Cf. rcxameo qu’en fait Kamsay, llislor. tieogr. p. 101 sq. — 31 Voir la carie de Hamsay [Und. ad p. 22), où les voies romaines et les byzantines sont mar.iuées de couleurs différentes. Peul-Slre »-t-il un pou simpliOé le ecliéma. — ’2 Cf. Ch. Diehl, ^uslinicn, Pari», 1901, p. i8«.