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immédiatement à l’ouest du fleuve’. Entre elle et la Syrie, la jonction s’opérait dans cet angle intermédiaire que dessine l’Euphrate entre Samosate et Mélitène. Cette dernière ville, également distante — et fort di- stante — d’Antioche et de Trébizonde, occupait une posi- tion de premier ordre. De Samosate on y arrivait par deux roules : l’une suivait à peu près les zigzags du fleuve^ ; l’autre, prenant à travers les terres, n’a plus laissé aucune trace, sauf le pont bien connu de Kia- chta^. Mélilène commandait un carrefour de vallées : celle du Tochma-Sou actuel, suivie par la route de Césarée de Cappadoce ; l’Euphrate vers le sud ; l’Arsa- nias iMuiirad-Sou) à l’est, couvert par les places de Dascusa et Ziata ; au nord l’Euphrate supérieur (Kara- Sou), que la voie riveraine continuait d’accompagner, de près ou de loin suivant l’orographie, en passant à Dascusa, Zimara, Analibla, Carsaga, puis quittait sou- dain pour faire un détour vers une autre position cen- trale, Salala (Sadagh) ’. Là, nouveau carrefour ’- : à l’est, les sources de l’Euphrate, derrière lesquelles com- mençait l’Araxe, avec une route qui, par Elegia et plus tard ïhéodosiopolis (vers Erzeroum), conduisait à Ar- taxata ; à l’ouest les roules du Pont et de Caippadoce ° ; au nord celle de Colchide, parle Lycus-Boas (Tc/iorok), et celle de Trébizonde, voie accidentée dont s’écarte peu la chaussée moderne, au bord de laquelle les « khans » ont conservé certains noms de stations des anciens iti- néraires’.

Asie Mineure. — Ramsay, dans un ouvrage classi- que’, a délini comme suit le plan de cette élude : 1° la grande roule royale, avec ses embranchements sur les districts voisins ; 2ovoiesreliantavecSardes et Smyrne le nord de la Phrygie et la Galatie ; 3° roules militaires pour la garde de la frontière orientale ; 4° roules mili- taires construites vers la fin du i" siècle avant notre ère, pour défendre la province de Galatie et réduire les tri- bus de montagnards en Pisidie et Isaurie ; 5° voies com- merciales secondaires conduisant du nord-oueslau sud- est de la péninsule.

Le plan aurait l’avanlage d’être très clair ; mais il res- terait incomplet, et Ramsay lui-même ne l’a pas exacte- ment suivi. De plus, nous commencerons par les voies militaires vers les confins orientaux, qui se raccordent étroitement avec celles que nous venons d’étudier. Dans cet ensemble, il y a peu d’itinéraires absolument nou- veaux ; la plupart de ceux de l’époque romaine étaient déjà en usagesous les dernières dynasties helléniques. Le tracé est présenté trèsditléremmenl, en bien des cas, dans V Itinéraire d’Anlonin et la Table de Peulinger ; mais souvent un tracé approximatif résulte suffisamment de l’indication des villes principales situées sur le parcours, et cela est particulièrement vrai pour les caries de dimensions réduites. Les roules d’Asie sont bien loin

< Cf. Vorko, (itoyr. journ. ISOO, II, p. 323 sq. — i Quelle n’avait pas quitli’ depuis BarlialissiJS (v. S’ipra. p. tilS.n. 12). Au nord de Zcugrna, l’r. Ciiniout en a relrouv^’ un tronçon avec d’énormes pavés (BuU. de l’Acad. r. de Heigiq. cl. d. lettr. août 1907). — 3 Chapot, op. cit. p. 348, fig. 2t ; llumann et l’uchstcin. Jteise in Nordsyrien, p. 303 sq. ; pi. xi.i à xi.iu. — ’ Four cet itinéraire, cf. Yorko, op. l. p. 3i0 sq. (restes de dallages el de ponts). — s Cliapot, op. cit. p. 3Si sq.

— 6 V. infra. — ’ Yoi-ke, ibid. p. iOi ; Curaont, Sludia Pontica, Bruiellcs, Il (190C), p. S’il sq., carte sxvi. — » Uislor. geugraphy of Asia ,1/mor, p. 33 sq.

— 9 llogartii et Munio, .Modem and ancienl roads in JSaslern Asia Minor, p. 709 sq. — ’0 Corp. intcr. tat. p. Î063 >q. ; n" 12 ’iî à 12212. — 11 Strab. p. 663 G. — 12 Cf. Joli. Clirys. Ep. ad niijmp. ,III, p. CtO Migno ; L.V.X. p. 047. 13 Sur la roule d** .Mniada iMélitôncj à .Waracli, cf. le récit de voyage de

d’attester le même travail soigneux que celles d’Italie ; le dallage ne devait pas êlre continu ; les vestiges les plus sûrs sont fournis par desmilliaires, des restes de ponts, des enlailles dans le roc en pays montagneux. La contrée était généralement pacilique ; ce sont des raisons com- merciales qui ont avant tout déterminé les grandes lignes du réseau.

La Petite Arménie avait deux centres : Mélilène el Satala ; la Cappadoce également : Césarée ou Mazaca, el Sébaslée (Siens). De la première, une voie peu directe, très reconnaissable aujourd’hui, conduisait à Mélitène par Comana, Cocussus el .rabissus’. Une très riche série de bornes ’" rappelle toutes les réparations faites par Septime Sévère et ses fils, Élagabale, .lexandre Sévère, Maximin, Pupien, Balbin et les Gordiens, les Philippes, Dèce, Galle el Volusien, Dioclélien. C’est dire toute l’importance de cette arlère durant l’époque trou- blée du iii« siècle. Il y avait déjà là une route commer- ciale vers 100 av. J.-C. " ; Sévère a dû, le premier, lui donner des fondations de pierres ; le premier sans doute il abandonna le rêve d’annexer la Grande Arménie ; aussi forlifia-l-il les lignes intérieures. Cette roule, vers 400, commença d’être beaucoup moins fréquentée, à cause des brigands isauriens qui la rendaient périlleuse ’^, et l’on suivit dès lors plutôt les roules de Cilicie au sud, celles de Sébaslée au nord. Un tronçon, partant du sud, menait aussi de Germanicia (Marach) à Arabissus ", par la haute vallée du Pyramus. Césarée et Sébaslée étaient elles-mêmes reliées directement. Sébaslée était la clef d’un grand nombre de communications" : routes vers Comana de Cappadoce, vers Arai)issus, vers Mélilène, vers Zimara, vers Satala par Nicopolis ’", vers Comana de Pontet vers Ancyrc.

Le Pont fournissait une voie d’accès en Arménie, d’abord par le médiocre chemin de Trébizonde, puis par Amisus, capitale commerciale de la contrée (alors que Sinope en était la capitale stratégique) el seule porte ouverte sur l’intérieur, entre .maslris et Trébizonde, à travers la chaîne puissante dominant le Ponl-Euxin ". Le négoce s’y acheminait par une route d’origine royale ’ venant deSébastopolis el Zéla ; à Amasée elle en croisait une autre, très ancienne aussi, parallèle au rivage, qui, d’.Vndrapa, près de IHalys, et par Euchaita, suivait en gros la vallée de l’Iris, puis celle du Lycus, et vers Nicopolis se raccordait à la route Sébaslée-Satala. L’importance politique éventuelle de celle arlère apparut déjà dans les guerres de Pompée et de Milliridate ; le vainqueur y fonda Nicopolis, agrandit et rebaptisa Néo- césarée, Magnopolis, Néapolis, Pompéiopolis. Les mil- liaires’* ne rappellent pas moins de vingt reconstruc- tions entre 97 et 323. Comme, depuis Vespasien, les provinces du Danube devenaient de plus en plus les quartiers généraux de l’armée romaine, cette route du

E. Loliinann (Glob. XC (1900), p. 50). — " llogarth, ilid. p. TI9 sq. Mais actuel- Icmout encore le réseau routier de la Cappadoce centrale demeure très confus ; on croit voir que V Itini’nurf d’ Antunin a incorporé l ;s emlirancheraents dans les routes principales, ce qui le rend incomprélicnsiblc. — ’*> Cf. Hogartli, p. 722 S((. — "^ Cf. Arlh. Munro,/ioacis in J’onlus, royal and roman (Journ. of liell. slud. XXI (1901), p. 5200). — 17 Traces visibles, avec pavement, à nii-chemiu entre Amasée et la côle (llosarlli, J/oJern and nne. rooiis, p. 73Si. — IS Journ. of hell. stud. XXI, p. 02 sq. ; adi. XX (1900), p. 159 sq. Voir aussi la table cbrouolegique au Cor ;i. inser. lat. p. 2316,10. l’remier remaniement sous Kerva (la roule militaire cappadocienne ne date vraiment que de Soptinie Sévère), d’autres tous Hadrien, Aulonin le l’ieui, Septime Sévère, Aleiandro Sévère, l’robus, Uiocléticn, Valcutiuien et Valeus. Faibles traces ; mais restes niagniliques d’un pont sur l’Ilalys iMi nro, ibid. XXI, pi. iv).