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on n’a retrouvé de milliaires romains que dans le voi- sinage immédiat de Patras ’ et près d’Attiènes% sur la Voie Sacrée d’Eleusis, ainsi que dans la vallée de Tempe ’ et le sud de la Thessalie ’, et ils ne datent guère que de la fin du m siècle et des débuis du Iv«^

C’est donc un peu pour mémoire que nous rappellerons les voies portées sur les anciens routiers. La Table de Peutmger en indique une épousant à peu près les con- tours de la plus grande partie du Péloponnèse, par Corinthe, Sicyone, Patras, Olympie, Pylos, Méthone, Messène, Sparte et Asopus ; une autre prenant en dia- gonale la presqu’île, par Corinthe, Tégée, Mégalopolis, Lacédémone, avec des embranchements : Olympie-Méga- lopolis (le long de l’Alphée) et Tégée-Épidaure. En Thes- salie, la tête de ligne était Larisse : on allait de là à Pharsale, Hypata, Élatée ", Platées, Mégare et Athènes. Une autre route colière, partant de Mégare, suivait au nord les bords du golfe de Corinthe, et par la vallée de l’Acliéloiis atteignait Actium et Nicopolis, puis les rivages de l’Épire et de l’Illyrie ’.

La prospérité de la Macédoine^ était un peu supé- rieure ; pourtant cette province aussi fut négligée : la route militaire, déjà construite sous la République, qui traversait le pays de Dyrrachium à Tliessalonique, la Via Egnatia, n’était importante que par ses aboutis- sants, fort peu par les stations de son parcours : Lych- nidus sur le lac d’Ochrida, Héraclée de Lyncestide, Édesse et Pella. Des milliaires déterrés, les uns ne remon- tent qu’à Caracalla ’", les autres attestent une réfection cent ans plus tard". Thessalonique était aussi reliée à la Mésie par un chemin dont on a retrouvé un milliaire de 306 dans le Vardar, près des ruines de Stobi ’-. De l’autre côté de la Chalcidique, la Via Egnatia avait son prolongement le long de la mer Egée, par Ampliipolis ’^ Pliilippes, Topirus. Aenus, Périnthe et Byzance ". De Thessalonique, une autre route, après Béroa et Pydna, contournait l’Olympe et gagnait Oloossone ’•', puis Larisse en Thessalie.

En T/irace, province impériale, on ouvrit des routes militaires aussitôt après l’annexion : l’administration lit construire et livra aux commerçants, dès 61 ", des postes de refuge, où les voyageurs trouvaient un asile que l’état du pays rendait nécessaire’". Les milliaires s’y échelonnent, dans le temps, plus qu’ailleurs". De Périnthe et d’Aenus partaient deux voies sur Andri- nople, puis Philippopoli ; une autre de Périnthe sur Anchialus. Le long du Ponl-Euxin, une route raccordait les bouches du Danube en Scythie avec Byzance, par Tomes, Odessus et Anchialus ".

Les îles de vaste superficie avaient, comme les conli-

1 Corp. inscr. lat. Ui0326 ; cf. Ath. Àlilt. XXIIl (189S), p. 359 (M. Aurèle el L. Verus) ; 573 lArcadius et Honorius) ; 730" (Carus et associés).

— 2 Milliaires d’Arcadius et Honorius à Uaplmi’ IJbiii. 57ii : DioclùlieD i7306j, ValentiDien el Valcns, et un empereur indistinct du m’ siècle {Inscr. graec. 111, 405-406). - 3 Corp. inscr. lat. 14*06 32.33 (Hadrien, et Julien ^i. — * /i.rf. 14 iuo3i-36 (létrarcliie). — ô Moinmsen, thid. p. 50. — 5 Cor/), inscr. lat. 13 550- 60 (Hadrien.. — 7 Enibiaocliements vers Oponlc, Delphes, Tliespies-Thébes- Oropos, d’après Vllinirairt d’Antonin (p. 154 sq. éd. Partliey). — 8 Milhaire de Julien (ou Joviènf^atre Dyrracliinra et Apollonie {Corp. inscr. lat. 7365).

— » Mommsen, ibid. p. 06. — 10 Corp. inscr. lat. 711.71Î = 7303-4 (Caracalla reuituit), 14Î07 ; L. Couve, Jiutt. corr. hall. XIX (1895), p. 111. .Milliaiie d Alexandre Sévère près Dyrracijium (Corp. intcr. lat. 70 !)). — " Jiid. "10, 14i0ii3’ :-38. _ 12 làid. 13316 ; Tai. t>eut. : Édesse, Héraclée, Stobi, Pella.

— 13 Milliaire de Caracalla, Corp. inscr. lat. 14 207. — 14 Tab. Peut. ; Jtm. Anton, p. 151 sq.. 156 sq. — ’• Corp. in.icr. lat. 708 = 7361. 7360 (Uioclélicu).

— *6 .Néron fit faire tahemas el praetojta per vias mililarvs [Corp. inscr. lat.

nents, besoin de chaussées pour l’acheminement des marchandises aux points de débarquement. Les deux plus grandes du monde grec, Chgpre et la Crète, ne furent pas, à ce point de vue, complètement oubliées. Dans la première, à part une voie qui la traversait, de Citium à Soli, par Golgi et Tamassus, on se borna à une route côtière sur tout le pourtour (sauf la pointe du nord-est) par Salamine, Chytri, Cerynea, Lapethus, Soli, Paphus Nova et Palaepaphus, Curium, Amathonle, Citium-". En Crète, dès les premiers temps de l’occu- pation romaine, il existait déjà une route traversant l’île-’. Plusieurs inscriptions semblables rappellent l’activité d’un légat de Claude, qui restaura xàç ôSoù ; xat Toùç àvopoêïjjiova ; "■’. Ce dernier mot, énigmalique, corres- pondrait, d’après IL Eslienne, à l’àviîpdSaapto ; défini par Hésychius comme un chemin étroit ; mais on a proposé également d’y voir un montoir de pierre, comme on en dressait de distance en distance, pour aider les cavaliers à enfourcher leurs montures -^ Les mentions incorrectes de la Table de Peutlnger montrent seulement que Cydonie (La Canée) et Gorlyne se trou- vaient reliées par terre.

En Egypte, le système des routes et des ports, orga- nisé, sur le modèle des Pharaons, par les premiers Ptolémées, avait été ruiné, comme toute leur adminis- tration, pendant les troubles qui signalèrent le règne des derniers Lagides. Personne ne nous dit expressé- ment qu’Auguste ait rétabli les routes de terre et de mer ; cela est certain cependant’" et résulte implicite- ment des termes dans lesquels Strabon " nous parle encore de la voie de Coplos à Bérénice, des données de Pline l’Ancien -° sur celte route, qu’à raison de la cha- leur intense on parcourait surtout la nuit ; les relais comportaient des points d’eau {hydreumala) ; tout le trajet (237 milles) demandait douze jours. Une seconde voie, partant aussi de Coplos, menait à un autre port de la mer Rouge, plus au nord, Myos-Hormos. Toutes deux, suivies par les marchands de l’Inde, de l’Arabie, de l’Ethiopie-’, étaient infestées par les brigands et les pillards, dissimulés dans les cavernes de la montagne, qui assaillaient les riches caravanes-’ ; les postes mili- taires, de distance en distance, étaient eux-mêmes en sûreté dans les grottes" ; quelques voyageurs, sauvés des Trogodytes el des Arabes, ont gravé là des proscy- nèmes^". Hadrien construisit plus lard (vers 137) la via noua conduisant, « à travers une région peu stlre », de sa chère ville d’Antinoils, près d’Hermopolis, jusqu’à Bérénice : celle-là n’allait pas directement de la mer Rouge au Nil ; elle décrivait un angle très obtus ; long- temps elle longeait la mer, laissant à gauche les mon-

6123 = 14 20734,). — ’■ Mommsen, Hist. rom. X (1887), p. 209. — ’» Corp. inscr. ioM4 20735,(Hadrien), l3 715(Aurélicn ;, 13 716 (Tacite), 14 207,37 (Conslanlin et associés). — 19 T’ai. Peut. ; hin.Anlon. p. 105.— 20 Cf. V. CLapot. Les Romains et Cypre {.Wélamjes Cagnat, Paris, lyl2), p. 62 sq. ; Corp. inscr. lat. 6732, tra- vaux de Vcspasien, plus tard de Constance ; 218, de Sévère et ses fils ; 219, d’Au- rélien, Dioclctien, Jovieu. — 31 Dittenbcrger, .Syll.^ 929 (= /nscr. gr. ad r. H. perl. 1, 1021, ilaous), I. 60 et 64. — 32 Inscr. gr. ad r. R. p. I, 980 (Lyttui), 1013-4 (Hierapytna). — 23 p. Foucart (ibid. 980), d’après Plut. C. Gracck. 6. — 2V Mommsen’, Op. cit. XI (1889), p. 243. - ^■^ XVH, 1, 45, p. 815C.- — 23 lyat. hist. VI, 102. Une inscriplion de Coplos (Cor/j. inscr. lat. 0627 ; époque d’Au- guste selon Mommsen) se rapporte aui castra et réservoirs construits le long de cette roule par la main-d’œuvre légionnaire. - 2î Ael. Arislid. Or. XLVill, p. 485 Dind. ; Strab. XVIi, p. 7980. - 2» Xen. Kplies. IV, 1. - 29 Pl,n. l. c. : hydreuma Trogodyticum, ubi praesi’lium excubal. V. la l’eregrin. S. L. du IV siècle, éd. Garaurriiii, Roma, 1885, p. 41. On a également relrouvé des restes de castMa (Lelronne, //«. dts xr<s» : I, p. 149). - 3» C. .’. gr. 4830A. «38. 4838 c