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VI.

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VIA

privatae les chemins qui servaient à plusieurs voisins {viae communes)’ et ceux qui étaient exploités à tilre de servitude sur le domaine d’autrui-.

Décelojipement historique. — Servius ^ et Isidore de Séville’ prétendent que les Romains avaient appris des Carthaginois l’art de construire des routes. 11 est plus probable qu’en cette matière comme en tant d’autres, ils s’étaient mis à l’école des Étrusques ^ On n’a pas seulement retrouvé en Ëtrurie les traces de nombreux

chemins antérieurs à l’époque romaine ", taillés au ciseau dans le roc, s’élevant en lacets jusqu’au som- met des hauteurs es- carpées où se dres- ’^^ salent les villes, et

loss.waiérai. bordes quelquefois

par un petit fossé la- téral pour l’écoulement des eaux de pluie (tig. 74 :27) ’ ; maisaussien plusieurs endroits, notamment ùFiésole*, à Férouse",àSalurnia’",auprèsdeGraviscae ", on a décou- vert, sous le niveau des chaussées romaines, de grandes dalles de pierre calcaire, sur lesquelles des stries, paral- lèles, ou des ornières, avaient été marquées à la longue par les roues des cliars ou même creusées à dessein. Ces pavements ne peuvent être l’œuvre que des ingénieurs étrusques et ils ont servi de premiers modèles aux Ro- mains. Mais ceux-ci ont singulièrement perfectionné les procédés qu’ils empruntaient à leurs devanciers, grâce surtout à l’emploi du mortier de cliaux et de sable usité en Egypte depuis une haute antiquité, dont ils eurent connaissance dans les dernières années duiv« siècle avant l’ère clirétienne, par l’intermédiaire des Grecs de l’Italie méridionale ou des Carthaginois’-.

De bonne heure, sans doute, des ciiemins simplement tracés à travers champs relièrent Rome aux cités voi- sines et l’extension de ce réseau primitif dut marcher de pair avec le développement des relations commerciales et les progrès delà conquête ’^ Pour les premiers siècles de la République, Tite-Live mentionne la via Gu- biiia ", qui fut plus tard prolongée jusqu’à Prénesle, la via Latina qui allait de Rome en Campanie par les vallées du Trerus et du Liris, au nord des monts des Volsques, et la via Salaria "’. par laquelle le sel des marais d’Ostie était conduit dans le pays des Sabins ;les noms queportent ces routes elqui nedérivent pas, comme ce fut ensuite la règle, de noms de magistrats romains, sont un indice de leur haute antiquité. .Mais la première voie pavée que les Romains aient construite est la via Appiu, de Rome à Capoue, ù travers les Marais Pontins, poussée ultérieurement jusqu’à Tarenteel Brindisi ; elle

1 Sicul. Flacc. loc. cit. —iDiyest. .L1II, 8,5, 23. — 3 Serv. ad Aen. 1, 4iS.

— * Uid. Orig. XV, 16. — i> Deanis, Cities and cemeteries of Etruria , I, p. I.XIII ; J. Martha. t’Art étntsque, p. 253. — (* Anziani, daus les Alélan^es de i’h'coU- franc, de /tome, 1913, p. i31, ex|jlique cerlaiueâ p.«rticti)aritcs du parcours que suivent les voies romaiucs de l’Élrurie méridionale par l’existence précé- demment, aux mêmes place-, de voies étrusques qui répondaient à d’autres besoins.

— ’ Durm, Baukunit der Etrusfcer, p. 25 ; MarlUa, Op. cit. p. 253, liç. 178 (= notre lig. 7427). — » Uennis, Op. cit. Il, p. 118. — 9 bullett. deUJnst. t88i, p. 177. — 10 Xotiz. de</li scaci, 1882, p. 55. — <l Dennis, Op. cit. I, p. 434. -.- 12 H. Niâsen, /tal. Landesk. II. p. 42 et 50. C’est sans doute le rôle joué par les Carthaginois dans la transmission de cette invention qui les a (ail considérer comme les premiers maîtres des Romains en matière de voirie. — 13 Cf. Tli. Asliby, dans les Papers of the Brit. tchoot at Rome, I, iy02. p. 1 23. — i* T. Liv. Il, 11,7 ; m,. ;; V, i.i. -13/4,, ;. Il, 39, 3.-15 /iirf. vu, s. -n/tn/. l.,29 ;Diod.

était l’œuvre d’Appius Claudius Caecus, censeur en 312 av. J.-C. ; il est peu vraisemblable qu’elle ait été tout entière dallée dès le début ". D’autres suivirent, à com- mencer peut-être, dans les dernières années du iv« siè- cle, parla riaCVof//», à l’intérieur del’Étrurie méridio- nale, de Rome à Forum Clodii, en attendant qu’elle fût prolongée jusqu’à Luca ; puis la via Aurélia, de Rome à la Ligurie par la côte d’Élrurie, due sans doute à C. .urelius Cotla, consul en 2il ; la via Cassia, encore en Étrurie, de Rome à Fiésole’" ; la via Ftaminia, de Rome à Ariminuin, sur l’.^driatique, par l’Étrurie et rOmbrie, construite, croit-on, par C. Flaminius, censeur en 250 ; la viaAemilia. au nord de l’Apennin, d’Ariminum à Placentia, par Bononia et Parma, œuvre de M. Aemilius Lepidus, consul en 187 ^’, etc. (tig. 7433). Les directions suivies par ces routes nous renseignent sur leur véritable caractère ; ce sont avant tout des voies stratégiques ; elles étaient destinées à faire communiquer la capitale, par l’itinéraire le plus direct, avec les colonies militaires ([ui jalonnaient les étapes des Romains dans la péninsule et consolidaient leur domination. En 174 les censeurs Q. Fulvius Flaccus et .. Postumius Albinus mirent en adjudication publique, pour la première fois, la con- struction des chaussées et des trottoirs des routes hors de Rome, ainsi que le pavage des rues de Rome elle- même--. Parmi les hommfs qui ont le plus contribué pendant l’époque républicaine à l’essor du réseau rou- tier, à son embellissement, à son aménagement com- mode, il faut surtout citer C. (jracchus ; on lui dut pendant son tribunat, en 123 av. J.-C.,une/ej ;5’empro ?u’«  viaria.en vertu delaqueileil (it tracer des voiesnouvelles, droites et continues, renforcées de pierres de taille que liaient du sable et du ciment, combler ou traverser par des ponts le lit des torrents et les bas-fonds marécageux, placer des bornes par intervalles pour permettre aux cavaliers de se mettre en selle, et indiquer sur des co- lonnes, de mille en mille pas, le chiffre des distances [milliarium]^’. Sur ce dernier point C. Gracchus parait seulement avoir transformé en règle générale un usage plus ancien ; on ne connaît pas moins de neuf milliaires d’Italie antérieurs à l’année 123^*^ ; le premier en date, sur la via Appia, à la station d’Ad Médias, remonte aux environs de l’an 230^=. Au temps de César, l’Italie entière était sillonnée de routes qui rattachaient Rome à toutes les villes importantes. Dans les provinces les travaux de voirie étaient loin d’être aussi avancés. On ne connaît en dehors dt ; l’Italie qu’un petit nombre de voies romaines antérieures à l’Empire ; comme celles de la péninsule, elles avaient un caractère essentiellement militaire. Les deux principales sont la via Domilia en Gaule et la via E’jnatia dans l’Europe orientale. Le nom de la première n’apparaît qu’au temps de Cicéron^’ ; il

X, 36 ; Aur. Vict. Vu : Ut. 34 ; l’rocop. fleU. qoth. I, 14. — 18T. Liv. X, 23 cl 47 ; X.VXVIII, 28, 3 ; meutiou de travaux de dallage, saxo quadrato ou silice, exécutés sur les premières sections de la via Appia en 296, 293 et 189 av. J.-G. U api-ès une inscription {Corp. inscr. lat. X. n» 6824), le dallage entre Tripuntium et Forum Appii ne fut commencé que par .erva iviam ex glarea silice slerneiidam inc/i’javit) el achevé par Trajan en l’an lOOap.J. C. Cf. H. .Xissen, fompeian. .Stiidie», p. 519. — 19 Anziani. (oc. cit. p. 241. — ’^0 Jbid. p. 242. — 21 T. Liv. XX.XIX. 2 : Corp. inscr. lat. XI, n" 6641, 6642, 6645 (bornes milliaires au nom de M. Aemilius Lepi- dus, retrouvées dans les environs de Bononia). — 22 T. Liv. XLl, 27. Voir sur ce texte les interprétations dilTérenles de H. Nisscn, Pompeiait, Studien. p. 521, el Mommscii, Zum rôm. Strassenwesen, dans VUermes, 1877, p. 4S6 (Gesamm. Scimften, V, p. 63). — 2J Plul. f. Gracch. 7 ; App. Bell. cil). I, 23. — 2'> 0. Hirschfeld.dans les Sitzunysber. der preuas. Akad. der Wissensclu 1907, p. 167. — ’iâ Corp. inscr, ht. X, n« 6838 el Add. p. 1019. — 26 Cic. Pro Font. 4.