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œuvre d’art peut dater du i" siècle de notre ère’.

Avec les statues, mais sans qu’on ail réussi à les re’partir sûrement entre elles, on a exhumé des piédes- taux munis d’inscriptions, dont nous avons parlé plus haut-. Les plus récentes sont les plus prolixes, carac- tère qui leur est commun avec les inscriptions triom- phales des m"" et iv« siècles ^ Les plus anciennes donnent le moins de biographie possible, se bornant à mentionner la charge des Vestales et le trait caractéristique de leur gestion. Les dédicants sont ou des collèges sacerdotaux ou des prêtres isolés, des parents, des affranchis, des subordonnés, ceux-ci en témoignage de gratitude *. Dans le nombre on remarque deux firtores atlaciiés à la maison des Vestales ; ces ficforcs avaient pour métier de confectionner les gâteaux sacrés et de modeler des ex- voto qu’il était d’usage de suspendre dans les temples ^ Outre la reconnaissance qui a dicté la plupart des hom- mages, il faut y noter une admiration expressive qu’on devine sincère. Remarque qii a son intérêt : aucune des statues dont la tête subsiste ne donne l’impression d’une femme ou vieille ou sur le retour. Toutes sont dans la force de l’âge, remarquables par la beauté plutôt que par la grâce ". Une statue d’homme a été trouvée dans la maison des Vestales ; Lanciani a émis l’hypo- thèse, très plausible, qu’elle représente un de leurs protecteurs, contemporain de Symmaque ’.

L’une des inscriptions, datée du 9 juin de l’an 364 après J.-C, offre une particularité curieuse : le nom de la Vestale glorifiée, pour sa science et pour sa vertu, par les pontifes et le promagister, a été martelé ; c’est-à-dire que, postérieurement à l’hommage, l’intéressée s’en était rendue indigne. On a supposé qu’elle avait manqué à son vœu de chasteté ou qu’elle s’était faite chrétienne ; l’histoire de ce temps mentionne les deux cas et les deux hypothèses sont également plausibles ’. Ter- minons en observant que sur dix-sept inscriptions mises au jour, une même Vestale, de la fin du iv’ siècle, Flavia Publicia, en a inspiré six pour sa seule part ; elles émanent de personnalités très diverses ; dans le nombre [figurent deux centurions qui témoignent de

1 Jordan, lab. IX, 10 ; cf. p. ni. Reproduite de profil clic/. Th.’donal, Forum Romain, p. 3i7, Og. 57 (= noire fig. 7*18). V. le coninienlaire chez Jordan, p. 4i, n° 5-7. Cette belle statue a été transportée au Musée des Thermes. Il y a d’autres images de Vestales, moins caractérisées cl ({uel<]ues-unes même douteuses ; ainsi celle de la V. (>laudia Quinta, ap. Baumeisler, Denkmaeter, art. KïBELE (lîg. se* ; Rhea Silvia, ap. Millin, Galer. mylh. 180, 654- et 12, liOl, celle-ci assise ; chez Clarac, Statues antiques, 770 C (Berlin) ; ibid. 771, 772 ; 765, 7fi6). La Vestà Giustiniani (= notre lig. 7411) est parfois présentée comme une Vestale ; ibid. 1887. — 2Thédenat, Op. l. .ppeudice, p. 385 sq. ; cf. ibid. 3iO sq. ; Corp. inscr. lat. VI, 2157 sq. ; les témoignages vont de 240 à 301. Cf. Jordan, Ephem. epigraph. III, p. 291. — 3 Jordan, Op. l. p. 44 sq. ; 46, etc. — 4 Id. p. 43. — ’. Thédenat, Op. L p. 323. Cf. t. H, 2, p. 1113 ; le collège des pontifes avait les siens. — 6 f^our la statue (fig. 7418) que nous reproduisons, la chose est évidente ; l’ensemble des trois autres (lab. VIII, fig. 1, 2, 3), malgré certaines mutilations des visages, donne la même impression. — 7 Lanciani l’a identifié avec Veltius Agorius’l'raetextatus, préfet de Rome ; Thédenat, Op. l. p. 325 sq. — 8 Thédenat, p. 321 ; cL p. 386. L’éloge est aussi sobre ({ue complet : ob mkhitum castitatis | runiciTiAE ai>q. in SACKis I HF.i.iGloTtmuSQrF. | DocmiNAË MuuBiLis, clc. La conversion au christianisme semble l’hypothèse la plus probable. — 9 Elles sont, chez Thédenat, numérotées 1, 8, 12, 13, 14, 15. L’inscription 13 émane des deux centurions ; ibid. p. 32G.

— ’0 Symmach. Ep. X, Cl ; cf. Cod. Theod . XII, 3, 8. — n Zosim. IV, 33 ; Amhros. Episl. 18, 57. Non seulement les Vestales de Rome, mais aussi celles d’Alhc se mainlinrenl jusqu’à celte épo(|ue ; il semble même que celles d’Albc aient gagné en prestige sur le déclin. V. Ambrosch, ftocm. Stud. I, p. 18.

— 12 Minuc. Fcl. Octav. cap. 25, 10 sq. Cf. Symmach. Kp. II, 36 ; IX, 123.

— " Zosim. V, 38. — BiiiuociiAi’ujc. Aron, Les Vestales et le /lamine de Jupiter, Paris, 1904 ; Auer, Dcr Tcmpel der Vesta und das liaus der Vestalinnen, Vienne, 1888 ; Corpus inscriptionum latinarum, t. VI, n"» 2127 sq. ; I)nma«7ew*iki, hhandlungen zur roem. Religion, p. 178 sq. ; Dragontlorff,

leur gratitude : ob eximiam erga se benevolenliam. V. P’i.N DES Vestales et du culte de Vesta. — De tous les organismes cultuels de Rome, celui qui avait pour siège la maison des Vestales s’est défendu le plus long- temps et le plus complètement contre toute altération et toute innovation ; il s’est imposé par son prestige moral-et religieux à la vénération des foules et à la solli- citude des gouvernants. Pendant dix siècles entiers, il a rendu à l’Ëtat romain le service que ses fondateurs semblent avoir prévu et voulu dès l’origine : il a confié à un petit groupe de vierges, pures et saintes, l’autel d’où montait, vers la divinité chaste par excel- lence, la llamme en qui vivait l’âme de la cité d’abord et finalement celle de la civilisation romaine dans le inonde entier. Le respect que cette institution suscitait devait triompher même, pendant quelque temps, de l’hostilité de principe que le paganisme inspirait aux empereurs chrétiens. Constantin respecta les privilèges de la maison des Vestales et la religion du temple de Vesta ’°. Gratien, qui avait dépouillé la dignité de Grand Pontife et confisqué les biens de tous les temples, porta atteinte le premier à l’institution des Vestales ". Dans le même temps Minucius Félix, ne pouvant atta- quer son esprit même, s’attacha à dénigrer ses minis- tres ’^ Sous Eugène, le Sénat s’intéressa encore à leur cause, que défendit Symmaque et qui, un instant, sembla pouvoir triompher, ce qui provoqua la protestation de saint Ambroise. C’est sous Théodose seulement que le collège des Vestales fut définitivement dissous ; un historien parle de la dernière, survivant seule et âgée, au désastre de sa maison, qui fut celui du paganisme romain ". J. A. Iln.n.

VESTIARIUS (’luLotTtoTrojXv, ;). — Marchand de vêtements. Le sens de ce mot, qui ne se rencontre guère qu’en épigraphie, où il est devenu substantif [vestitor, plus rare, doit être synonyme^), est garanti par les textes juridiques, qui donnent les expressions plus dévelop- pées : negolianles vestiarii ’, negotiator vesticnnus ’. Parmi ces négociants, il y en avait sans doute de spécia- lisés^ ; car on trouve aussi des vestiarii tenuiarii ^

Die Amtsiracht der Vestalinnen {/Ihein. Muséum, 1896, p. 281) ; E. Fchric, Vie kuUische Keuschheii im .Utertum, Giessen, 1910 ; Fustel de Coulanges, La Cité antique, p. 21 sq. (19’ édition) ; Gerhard. Oriechische .Mythologie, Berlin, 1854, t. I, p. 285 sq. ; Gilbert, Geseliichle und Topographie der Sladt Hom im .iltertum, 3 vol. Leipzig, 1887 ; Jordan, Vesta und die Lareu, Berlin, 1865 ; Der Tempel der Vesta und das Baus der Vestalinnen, ibid. 1SS6 ; Topographie der Stadt Rom, I, 2 (1885) p. 421 sq. ; Klausen, Aeneas und die Penaten, Hambourg et Gotha, 1839, t. I, p. 166 sq. ; II, 62* sq. ; Lanciani, Notizie d. scavi, 1878, p. 341 sq. ; 1879, p. 39, 68, 113, et lab. VII ; 1883, p. 472 sq. ; L’Atrio di Vesta, dans les Atti dei Lincei, t. XIII, 1884, p. 54 ; iMaes, Vesta e Vestali, Roma, 1884 ; Marquardt, Roem. Staatsver- maltung, t. III, p. 336-347 ; May, Le flamen Dialis et la r’irgo Vestalis, Revue des études anciennes, VIL 1905, p. 9, 15 et pass. ; Pauly, Real-Ency- clopaedie, t. VI, 2, p. 2493-2510 ; Preller-Jordan, Roemiscke Mythologie, t. II, p. 15b sq. ; Prelier-I’lew, Griechische Mythologie, t. I, p. 312 sq. ; Prcuner, Hestia-Vesta, Tiibingcn, 1864 ; et art. Hestia chez Roscher, Ausfiihrliches Ltxikon. etc. t. I, p. 2605 à 2653 ; S. Rcinach, Revue archéologique. 1897, il, p. 313 ; Cultes, Mythes et Religions, t. III, p. 192 sq. ; Schwcgier, Roemische Geschichte im Zeitalter der Koenige, Tûbingen. 1867, t. II, p. 539 sc|. ; Thédenat, Le Forum Romain, 4> édit. 1908, p. 83.91 ; 312-333 ; Welcker , Griech. Goetterlehre, 3 vol. Gijttingen, 1857-1863 ; Wissowa, Religion und Kultus, Munich, 1902 ; Wuscher-Becchi, Die Kopftracht der Vestalinnen, Roem. O’iartnlschrift, 1902, p. 343.

VESTIAHIUS. — 1 Par exception une inscription donne negotiator vestiariua (C. i. lai. III. 3816). — 2 Lamprid. Alex. Sev. 41, 3 : fullones et vestitores. — 3 Cod. Just. X, 48,7. — 4 Scaev. Dig. XXXVIII, I, 45. Aegotialor artis vestianae (C. i. l. III, 5800). — « CL le negotiator sagarius de Pouzzoles : C. i. I. X, 1872 ; son tombeau (à Naplcs) dans VV. Altmann, Rôm. Grabaltûre, Berlin, 1905, p. 217 sq. fig. 177. — â C. i. l. V, 6777 (et 7378 ?) ; VI, 1926, 9977.9078.