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en temps de deuil, et les mariages sont supendus’. La série des fêtes où les Vestales jouent un rôle important reprend en juillet et en août avec les con- SUALIA ; elles y figurent aux côtés du Grand Pontife -. Le 13 septembre elles préparent pour la troisième fois la moin salsa En octobre, elles recueillent le sang du cheval immolé en l’iionnour de Mars et prennent part aux EQUiRiA ^ in décembre enfin, elles officient dans la demeure d’un des consuls, en compagnie de femmes d’il- lustre maison, pour la fête nocturne de bona dea, fête d’où les hommes étaient exclus sous peine de mort. On con- naît l’histoire de Clodius, se glissant à l’occasion de cette fêle dans la maison de César, dont il courtisait la femme ’". Non moins célèbre est la scène qui se passa dans la maison de Cicéron consul, pendant la nuit du 3 au 4 décembre, en l’an 63 av. J.-C, nuit où il se décida pour les mesures de rigueur contre Catilina et ses com- plices. De l’autel domestique, sur lequel les Vestales olfraient des libations, jaillit une flamme qui fut interprétée sur-le-champ comme présageant une grande gloire au consul sauveur de la patrie ^ « Ce sacrifice, dit celui-ci plus tard, s’accomplit par les mains des vierges Vestales, dans la maison dont le maître détient Vimperium, avec un appareil extraordinaire, en l’hon- neur de la déesse dont les hommes ne doivent même pas prononcer le nom". »

Un des problèmes les plus délicats, et pour la solution duquel les documents précis nous font défaut, est celui de l’éducation professionnelle des Vestales jeunes dans VAtrium de Vesta. Recrutées dès l’âge le plus tendre, elles ne font d’abord que s’initier à leurs fonctions et à l’esprit de l’institution jusqu’à la vingtième année. Un texte de Denys d’IIalicarnasse, confirmé par Sénèque et par Plutarque S nous apprend que la période totale de la vie active d’une Vestale en titre est de trente années au minimum, dont dix consacrées à sa formation personnelle, dix à la pratique de ses attri- butions, dix autres à l’éducation des jeunes Vestales. Certaines monnaies du m" siècle, qui représentent des Vestales de tailles diiïérentes, semblent rappeler cette division réglée sur l’âgée D’autre part, on trouve chez les auteurs des mentions formelles de vierges récemment clioisies, qui commencent à s’instruire (rf(.sci>w/«p) ’" sous la direction de la Grande Vestale. Jordan remarque qu’une telle organisation devait, dans la pratique, causer des embarras multiples. Cependant les textes sont trop précis et les auteurs de qui ils nous viennent ont trop d’autorité pour qu’on puisse mettre en doute leur témoi- gnage. Les Vestales étant au nombre de six, qui devait être soigneusement tenu au complet, la plus Agée por-

I Feslus, p. 210 a ; Varr. IJng. lat. VI, 32. Cf. l’rcimcr, Ilesiia-Vcstn, p. 489 sq. — - 7 Juillcl et 21 août : Tcrl. de spactac. 5 ; cl piobablcrnent l’rudenl. V. Sijmmach. 11, IIUG. Ces fSlcs impliquent en même temps des hommages i Ops Consmu ; Varr. Linff. lat. VI, 21 ; Feslus. p. 18G. V. ot" ;,

I. IV, t, p. 212. — 3 Scrv. ad Bue VIII, 82. — *ocTonRi< fouus, t. IV, 1, p. UU sq.etio» lexlcs cilis. - f. Cic. Ad A«. I, 13, 3 ; Rarusp. resp. 17, 37. Cf. Jordan, Dcr Tempel, clc. p. 52 et 50 ; Wissowa, Op. t. p. 177. — 6 l’|i,t. Cic. 19, 2 ; 20 ; Dio Cass. 37, 33 ; Serv. «d Bue. Vlll, 105. Cf. Drumann, rtc- lehielUe Bonis, etc. t. V, p. SOi. — 7 llarusfi. resp. l. c. — " Dion. Ilnlic.

II. f)7 ; Sencc. De olio, 2, ï ; Plut. iVuma 10 ; An seni lit ger. resp. 24, p. 79 :i e. Cf. Uion. iti</. «8. Cf. Jordan, Der Tempel. clc. p. 00 sq. - " Cohen, Monnaies impf-r. III, p. 3 :i3, n« 205 sq. — <» Val. Mai. I. I, 7. — H Quatre à loriginc (vide supra), p. 732, sii depuis Tarquin l’Ancien ou Scivius Tullius : Dion. Il, 07 ; 111,67 ; IMut. jVumalO ; l-’e-t.p. 3U. U qualité do nuu-ima résultait de l’ûgo ; Suet. Caes. 83 ; Serv. at Viig. Bue. Vlll, 82, parle de trois niaximnc. Cf. Ov. /asl. IV, 639 : nalu maxima virgo ; Tac. Ann. XI, 3’ ; : virginum Veslalium vcliislissima ;

tait le titre de Maxima et même ’1 Çst certain que ce titre honorifique était conféré aux tTWs plus an- ciennes, sans doute à cause des distinctions qu’il comportait. Par exemple, les inscriptions et les statues, dont il sera question plus loin, ont toutes été décernées à des Vestales ayant obtenu le titre de Maxima. Nous renvoyons au livre de .Jordan pour d’autres problèmes que soulèvent l’organisation intérieure de l’éducation des Vestales et les rapports des jeunes novices avec les anciennes ".

I Cette existence des Vestales leur assurait devant l’opinion un prestige dépassant de beaucoup celui qui entourait, à part les pontifes, les autres représen- tants de l’action religieuse dans Rome et dans l’Rmpire. La légende et l’histoire s’accordent pour en témoigner, depuis les origines jusqu’à la chute de la religion (païenne. Le plus éloquent des interprètes (Je ces senti- ’ ments de vénération est Cicéron ; dans son plaidoyer pour Fonteius, il fait intervenir la sœur de son client, laquelle fut Vestale’-. « Elle tend vers vous ses mains suppliantes, celles-là même qu’elle a appris à lever vers les dieux immortels. Prenez garde de répudier ses supplications ; il y aurait danger, il y aurait insolence à repousser celle sans les prières de qui Rome ne saurait subsister. » Quand une Vestale, par hasard, rencontrait un condamné à mort qu’on menait au sup- plice, la grâce était de droit. Pline l’Ancien mentionne la croyance, ayant cours parmi le peuple, que la prière seule des Vestales suffisait à retenir dans Rome les esclaves qui avaient projeté de fuir. On racontait que César, dans sa prime jeunesse, ne dut son salut, devant les soupçons de Sylla, qu’à l’intervention des Vestales. Pour traiter avec plus de chances avec son compétiteur et assurer la paix, Vitellius proposa de joindre à ses envoyés les vierges Vestales. Un exemple de cette croyance à leur influence morale est l’anecdote légendaire sur Claudia Quinta, Vestale qui réussit seule à remor- quer d’Ostie à Rome le navire échoué sur le sable et portant l’image de la Magna .Vater venue de Phrygie (fi g. 22 43) ’^

De cette vénération découlent des privilèges qui met- tent la Vestale sur le même rang, au point de vue juri- dique, que les pontifes et les flamines’*. Pour qu’elle remplisse sa fonction sacrée, elle ne saurait rester sou- mise à la puissance paternelle ; elle échappe à l’autorité de ses tuteurs, toute autorité extérieure au temple étant jugée inconciliable avec la notion du sacerdoce de celle en qui réside la divinité, et qui est comme la statue vivante de Vesta ’^. La Vestale sort donc de la puissance paternelle sans subir la capitis deminutio ’". Elle ne

Dio Cass. I.IV, 24 : ij nptoeiiouja. Cf. Jordan, Op. l. p. 50 sq. Une septième Vestale est mentionnée au milieu du vi« s. ap. J.-C c’est-à-dire à la veille do leur suppression. Velus orbis deseript. éd. Golhofr. p. 4 ; et Ambros. Ep. 18, Il : vixseptem Vestales eapiunlur puellae. — 12 Cic. Pro Font. 17 ; Plm. lYat. hist. XXVIII. 13 ; Suet. Caes. 1 ; Vitelt. 16. — 13 Cic. De harusp. resp. 13, 27 : T. Liv. XXIX, 14 ; Suet. Tib. 2 ; Aurel. Vict. De vir. ittusir. 46. C’est ce dernier qui nous apprend que Claudia est une Veslale. Cicéron cl T. Mvc en font une matrone II eiisle une Veslale Chiudia, fdlo ou sœur d’Appius Claudius Pulclier, vers 140 av. J.-t7.,qui empêcha un Iribun d'arracher sou pi>re du char de triomphe ; Cic. Pro Caelio. 14, 31 ; Val. Ma«. V, 4, 0. Il existe un bas-relief, au Musée du Capitolc, qui représente l’épisode du navire remorqué par Claudia : Sculpt. ri. Mus. Capit. T. 1, Alrio, lab. 24. = Duruy, Hist. des Bomams, I. p. .127 = noire

(ijj. 4043. 14 V. Ft -vf.A, t. II. 2, p. ll.’îfi : G. fiuy, Bévue des études anciennes, 1903,

p. 3 sq. : .’.» fiamen Oia/is et la l’irgo Vestalis. Cf. Aron, tes Vestales et le /lamine de Jupiter, Paris, 1904. - »> Plut. Qiiaest. Bom. 111 : .’.iisio ciiJu/.nv »«i ufH-. ;,-’«"» :»»• - "■’ V. May. "/’■ ’ p- ’ I «’1 ; l’auly. Beal-Eneijclop. VI, 2, p. 2508.