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terpellaient : Vigilasne, rex ? Vigila ’. Une règle du cérémonial étail d’itivoquer Janus le premier et de conclure l’invocation par Vesla. La religion de Vesla est encore en rapport, comme en Grèce et pour les mêmes raisons, avec celles de Mercure et de Vulcain -. A l’origine, Vesta n’a dû connaître ni temples, ni images ; chaque champ ensemencé, chaque feu allumé représentait le lieu où l’on vénérait Tellus et Vesta ^ Lorsqu’on érigea un sanctuaire à celle-ci, il dut être forcément couvert, puisque l’entretien du feu était impossible en plein air. On construisit donc une hutte en ciiaume, plus tard un édifice en pierre, qui n’eut ni la même forme, ni les mêmes dimensions que l’habita- tion proprement dite *. La forme ronde à toiture coni- que, percée d’un trou où passait la fumée, rappelle celle des huttes primitives dontles monnaies delà République nous ont conservé l’image, (fig. 7-413 ;* : et même on s’abstint placer une image cultuelle, parce que ce sanc- tuaire était moins la demeure de la divinité que l’abri de son symbole, la flamme sacrée ^ 11 semble bien, comme l’a fait observer Helbig, que de bonne heure, en Grèce et à Rome, la divinité même de Vesta ait été ainsi déterminée par des notions de cosmogonie naïve, dont la terre ronde et le feu intérieur constituaient les éléments principaux (on les trouve dans la philosophie de Pytha- gore) ’. Le feu permanent s’incarne dans Vesta, qui, pour cette raison, est identifiée avec la terre, et l’être de la divinité se réfléchit dans son temple et dans le foyer. La Terre est ronde, rond aussi le temple de Vesla et la coupole défend la flamme contre la pluie. Cette cou- pole, d’airain aux temps civilisés, fut d’abord de chaume ; les murs mêmes n’étaient qu’un assemblage de roseaux ; particularités qui se retrouvent dans les maisons primitives du Latium*. L’autel ne s’y distin- guait pas du foyer ; il servait aussi bien aux usages domestiques qu’à la célébration du culte. Mais le raffi- nement du sens religieux, marchant de pair avec le pro- grès du bien-élre, eut pour effet de séparer de la cuisine le foyer de Vesta [culina], de même que le />( ? / !!<», armoire aux provisions, devint un local spécial, à la porte duquel veillaient les Pénates, placés sur l’autel de Vesta. C’est
’ Serv. Aen. X, 228. La formule a olé, par Virgile, placi’C dans la bouche de Cymodoc^c, inlerpt-llant Knèn : verba mtnt sacrorum, remarfiue le com- iiienLaleur. — ’^ Vesla correspond à Mercure comme di’osse du mois. V. les menolog. rustic. Coloseanum et Valleuse, avec Volcanus pour la première fois au Uctisternium de l’an 217 av. J.-C. (T. Liv. X.ll, 10, 9), ce qui indique que ce fui sous l’inlluencc des idées helléniques. Cf. une fresque pompéienne, llelLig, Wandgcm. no 03, et une inscripiion de Lyon, Orelli-Henzen, .’iOSO. V. aussi la légende de la naissance de Servius Tulliua ; .Serv. aii Aen. Vil, 078 ; Schol. Veron. ibid. G81, cl Scliwcgler, Itoem. Gesch. p. 714. — 3 Wissowa, op. l. p. 29 ; sur l’origine et l’enlrelien du feu, v. Jordan, Der Tcnipei âer Vesta, p. 80. — « DoMus, 11, 2, p. 319, fig. 2300 et 2307. Cf. Jordan. Vesta vnd die Laren, p. 8 ; id. Dcr Tem/jel, etc., p. 82 »q. ; Topogr. d. St. llum. I, 2, 203, 422 ; Helbig, Jtntiker in der Pveht’ne. p. 30 sq. ; les soubassements de V Aedes Vtrstae subsistent probablement sous la partie est du temple des Caslores ; cf. Bursian, Jahresbe- richl. 1873, p. 772 sq ; 187i-7 ;i, p. 102. — 5 V. Kosl. p. 302 : rotundum, cl p. 100, ignis : Ov. Fast. VI, 203 st|. 291, 295 ; Trist. 111, 1, 29 ; Plut, Num. W : Serv. ad Aen. Vil, 133, et, comme point dc]’comparaison. Min. Nat. hiitt. XXXIV, 7, parlant do la toiture en airain, sous forme de dôme, d’un temple à Syra- cuse : Serv. ad Aen. IX, 408 : Aedes rotutidnc tribus diis dieitnt fieri debvre : Vesta evet Herculi vel Mercurio. — c Aug. Ciii. D. IV, 31 ; Plut. A’iim. 1 : Clom. Alci. Strom. I, 15, 71. — ■ ! Helbig. IJiiltetl. dell’ Instit. 1878, p. 9sq. Cf. I.anciani, Notizie d. scavi, 1883, p. 471. — » Les rcpréscntalions du lemple do Vesla sur les monnaies de la Itépubtique sonl d’un médiocre intérêt parce que trop petites ; seules celles qui datent du m" siùcle et suivants ont nue valeur archéolo- gique. V. le médaillon de Jutia Domna.’qui avait fait^reronstruire le temple et l’avait enrichi de se» dons ; Cohen, Mt^dailles impfr. IX, p. ’i'i’i ; n*» 121-123 ; 1 03-209 ; au premier plan, devant le temple, un autel rond avec 3 Vestales de cba([ue cdlâ(cf. notre (Ig. 7412),oitcoptionnenemontuiie seule. Cf. Jordan, /^cr Tempelder Vesta, p. 22 ; Hccker, Hoem. Alterth. p. 422 sq. 289 ; Ijilbcrl, OcscliiclUe uiid
la disposition que Virgile a en vue lorsque, dans VEnéide, il décrit et Vatriutn de Priain à Troie et la maison du roi Latinus à Laurente^.
Les fouilles de Pompéi nous ont apporté des preuves multiples d’une installation où le respect des divinités domestiques se concilie avec les besoins matériels de la famille. La chapelle où on lui rend hommage est située d’ordinaire dans le jardin du péristyle ; plus rarement elle est constituée par une niche pratiquée dans le mur, en retrait sur le foyer qui servait à cuire les ali- ments’". Si la confusion originelle des deux systèmes se manifeste dans les installations d’un temps rapproché, elle ressort aussi des pratiques de certains cultes anciens où Vesta intervenait : ainsi de celui qui a pour objet Jupiter Dapalis, inséparable de la déesse du foyer et dont les origines se perdent dans une haute antiquité ". Vesta est, chez les Romains de vieille roche, la divinité préposée à la préparation du repas de famille’-. Ovide, sans oublier d’ailleurs le proverbe grec : àcp’ 'liatîai ; àip/effOii, après avoir déclaré : praefa- miir Ve.i/am, (jiiae loca prima tenet, nous apprend que la coutume existait aux vieux temps, pour prendre lus repas en famille, de s’asseoir sur de longs bancs devant le foyer, avec cette conviction que les dieux y prési- daient. Un commentateur de Virgile, qui, pour l’expli- cation des mêmes faits, s’était inspiré d’exégèses plus variées, raconte que, le repas terminé et la table desser- vie, les convives faisaient silence, tandis que les restes étaient portés au foyer et livrés au feu : un jeune enfant proclamait les dieux propices et leur rendait grâces’^. Ailleurs nous trouvons des traces d’hommages rendus à Vesta au début du repas, sous la forme d’une offrande qui rappelle la première libation chez les Grecs. Chez Virgile, cette libation préalable est adressée, il est vrai, à l’Océan, mais par une nymphe des eaux, accomplissant habituel le rite au fond de ses liumides retraites "^. Tous ces témoignages, les uns poétiques, déformant la sim- plicité des anciens usages, les autres fldèles à la tradi- tion, précisent le rôle de Vesta dans la religion domes- tique et son caractère primordial de divinité du feu ’^
C’est là l’aspect de Vesta que l’on peut appeler phy-
Topofjr. I, p. 301 sq. , Auer. Der Tempcl dcr Vesln, pi. vu et vui (lenlative de reslauralion) ; de même, Boni et Uressei, jVo/i :ie d. scari, 1900, p. 187 ; et Zeitschrift fiir Numismat. t. XXll, 1809, p. 27 sq. — 3 Plant. Aul. Il, 8, 13 ; -^at. De re ruxt. 143 ; Serv. ad Aen. IX, 048 ; Virg. Aen. Il, 486 sq. ; VII, 39 sq. Cf. Preuner, Hestm-Vesta, p. 91 sq. (luanl au passage d’Ovide, l-’ast. VI, 301 sq. il est corrompu et obscur. Chez les Komains. quoiqu’il serve à la préparaliou de lii nourriture, le foyer est l’autel des Pénates (Serv. ad Aen. XI, 211 ; cf. Virg. Aen. I, 104 et Hacr. I, 24, 22), c’est-à-dire de Vesta. Cf. Preuner, op. l. p. 26 sq. commentant Sil. liai. Pan. VII, 174 sq. — 10 Ovcrbeck-Mau, Ppmpei.. 89-033 ; Jordan, Der Tempel der Vesta, p. 77 ; sur le Forum en triangle, restes d’un temple en rotonde (3 m. 70 de diamètre) ; ce qui en subsiste csl le toit circulaire qui protégeait une fontaine. — " Cat. De re rust. 132, 2 ; l’oirrandc consiste en vin : postra, dnpe facta, serito mitium, panicum, aliiim, lentim ; cf. ibid. U3 ; Wissowa, Annali dcl. Inslit. 1883, 100 sq. ; Religion und fdtltus, p. 142. — 12 A ce titre la déesse esl devenue la patronne des boulangers et l’une qui fait tourner la moule ligure dans ses félcs [vkstaus]. fig. 7415, 7410) ; voy. LAÏUS, p, 919, lig. 4351. Cf. la fable exotique chez Ovide, Fast. VI, 319 sq. (VoslaelPri.ipe).— I3 0v. Fast. VI, 305 S(|. ; Virg. Aen. VU. 176. Cf. vacun* et Serv. ad Aen. I, 730 ; Val. Max. IV, 4, 11 ; Piop. V, 1, 21 sq. — i* Geonj.. IV, 37». Vesta, dans ce passage, est mis simplement pour ignis, comme ailleurs Cérés pour le pain et Bacchus pour le vin. — 1" 1 1 n’y a pas de traces, diins le culte romain, d une intervention de Vesta dans la célébration du mariage ni, après les couches, comme en Grèce auK .-lm ;i/iii(romies. dune purifiralion de la mère accouchée cl du nouveau-né. Cependant on allumait le tiambcau nuptial au foyer, mais sans i|uo Vesla fiU noramSe. Cf. Varr. ap. Sorv. ad Aen. IV, 107 ; De ling. lat. V, 61 ; Ov. Fast. IV, 708 ; l’est. Epit. p. 2 et 87. C’est ii-dii-e que la .jeune épousée étail reçue p,lr son mari cum aqiia et ùjni. Cf. Varron chez .onius, aux mols/’a.cel/’ei/.r ; Suidas, Nojpii ;. Cf. Uilbert, «eJcA. und Topogr. Jlom. I.p. :i.il, uole 3 ; Kossbach, Die roem. Ehe, p. 301 sq.