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Félix’ subsiste dans les représentations de la Venus Pompeiana ^ patronne de Pompéi, colonie syllanienne ’. ÎSous retrouvons, d’autre part, sous le nom de Venus Viclrix, l’Aphrodite guerrière, Mkèphoros^. Son culte se répandit au loin % avec le même sens que celui de Victoria", qui est souvent figurée à côté d’elle ’. Pom- pée éleva en son honneur un sanctuaire qui fut inau- guré le 12 août 699 = oo*. Avant Pharsale, César lui pro- mit un nouveau temple, s’il triomphait’-' ; ses vœux exaucés, il construisit ce monument, au centre du Forum Juliuin, en le dédiant, non pas à Venus Vitiri.r, mais à celle qui va supplanter toutes les autres, à Venus Genetrix’". L’institution de ce culte correspondait, en elTet, à des sentiments nationaux autant qu’à des vues personnelles ; bien avant la première guerre avec Car- thage, la croyance à l’origine troyenne du peuple romain était déjà suffisamment implantée pour être invoquée dans des actes diplomatiques". Elle fut encore alïermie par l’établissement à Rome de la Vénus Ërycine, à laquelle Ènée était étroitement lié, en sa double qualité de fils et d’introducteur de son culte dans le Latium’-. Parmi les grandes familles, quelques- unes se flattaient de se rattacher à Énée, et par lui, à la déesse dont l’image était gravée sur les monnaies des Julii etdes .lemmii"^tig. 7402). Mais la légende d’Énée intéressait de trop près les origines mémos de Rome pour que le culte de ]’enus Genetrix ne prit pas un caractère national, surtout quand le descendant des Julii occupa dans l’État une situation prépondérante’" ; elle ne sera point seulement la mère d’Enée et de sa race, mais encore l’ancêtre et la protectrice du peuple romain ’^. Dès lors, l’union de .Mars et de Vénus, que les Grecs avaient révélée aux Latins et que nous voyons déjà consacrée au leclisterne de 537 = 217 , acquit une

1 Elle a les aUribiits du Forluiia cl de Felicilas, le gouveroall et le rameau dolivier. — 2 Corp. inscr. lat. IV, iù, 5i8, l.iJO, 2137. Hi-ibig, W andjtoi. n» 295 : cr. uo^ 7, 60, 65, 66, 296, 1479. Il y avait, d’ailleurs, UD giaud iiumbrc de cultes de Vénus en Campauie cl daos l’Italie méi-idiouale ( Preller-Jordan, p. 44è). Sigualons la Vénus Fisica de l’ompci {Corp. inscr. lat. IV, 520 ; ., 92S), que Hreller assimile à Véous Félix, et la Vénus Jovia de Capoue (Corp. inscr. lai. X, 3776j.

— 3 VVissowa. Op. c. p. 237 et n. 3. — * Wissoua, Op. c. p. 237 et n. 9 ; sur le myrte dans la cérémonie du triomphe v. Preller-Jordan, Op. c. p. 216 et 442.

— à Particulièrement dans les marches frontières (Wissûwa, Op. c. p. 23S, n. i.).

— 6 Preller-Jordan, Op. c. p. 442. n. 2 ; Wissowa. Op. c. p. 238, n. 2. — " Wissowa, De Ven. simul. rom.f.i». —iplin. .at. Mit. VllI, 20 ; Tertull. Despect. 10 : Corp. inscr. lal.V2,f. 324 ; cf. Kichler, Op.c. p. 228. - 9 Appian. Be//. cil’. Il, 68, 102 s<|.

— lOAppian. Bell. civ. 11, 102 ; Wissowa, Op. c. p. 238 ; cf. Rjchtcr, Op. c. p. 110.

— llMommsen (/îôm. Gesch. 1^, p.4T3) place en 2>j2av.J,-C. l’intercession du Sénat a,uprès d’un Séleucus en faveur des habitants d’Ilion, parents des Komaios. C’est la pre- mière manifestation officielle du dogme de l’origine troyenne. mais il était certainement plusancieu iRoscher, Lex.l. cf. I90 ;cf. Preller-Jordan, Op.c. p. 413 ; Appian. Bell. Miltirtd. 13). — ï2 V. p. 734, û. 13. — 13 V. sur la descendance troyenne des grandes familles Uion.Halic.Ant.rom. I, 85. — <4 Wissovva.fle Ven.sim.p. 13. Lalélede Vénus apparaît sur les monnaies des Jules au milieu du 11’ siècleavant J.-C.(Mommsen, ^7 e^cA. </’. rôm. J/i !n ;tt’.n"106, 107. Les Julii prélcodaienl descendre de Jules, fils d’Énéefcf. Roscker.Z,er. (. c.p. l90 ;Thédcnat,for./(om.p. 178) ; Caesur Ventre prognat us Cic. Fam. Vlll. 15, 12 ; cf Vcll. Pal. Il, 41 ; Plut. Pomp. 97) Notre li ;;. 7402 d’après une monnaiedelafamilledcsJules, au Cabinet des médailles ;cr. bubelon, Monn. Bépuil. r-.ra. 11. p. 50. n. 109. — 13 Preller-Jordan, Op. c. p. 443. — 16 Preller-Jordan, Op. c. p. 414, o. 3. Cf. Sil. liai, Ftm. IX, 290. — 1’ P. 734, n. 17. — 18 Vénus et Mars sonlsou- vent associés par les artistes (Helbig, Wandijem. a" 313-328 ; n°70 ; cf. A(/. pi. m a).

— i»Visso«a, Op. c.p. 328 ; Preller-Jordan, Op. c. p. 414. Romulus est parfois conçu, d’ailleurs.comme fils de Mars et de Vénus (Preller-Jordan, ibid. a. 4). — ’iO Wissowa, Up.c. p. 32S,n. 7. Sur ce temple, v.Thèdenat, Op. c. p. 181 si|. Au centre du fronton, OD voyait Ma^^. Vénus et - cbise on Romulus. Venus était encore groupée avec .Mars danslacelladu temple. .Notre lig. 7401 (statues de la cella du temple de Mars Ultor sur un Las-relief antH|ue) = notre (ig. 4-S4T. Notre fig. 7404, d’après une monnaie de César Auguste au Cabinet des médailles ; cf. Babelon, Mnnn. Képitbl. rom. II, p, 49, n. 106. — 21 Dio Cass. LUI, 27 ; à Cumes, on célébrait l’anniversaire de César (12 juilletiparunesup/Wica<ioàMarsUltoretà VeousGeuetrii (Wissowa. Op.c. p. 238, n. 6). — 22 La stalueduculle fut eiécutée par Arcésilas (Plin. Nat. hist. XXXV, 135 ; cf. p. 732, n. 7). On voit peut-être Vénus Ijeiictrii auprès d*.ugu8le sur un magni- |J4ue fragment de rclieCde Raveune iStrong, /tom, Sculpt.f, 90). i ;Ile est représentée

Fig. 7404. — Tèlc de Vénus ’ une monnaie de César .Vuguste.

nouvelle importance". La déesse de la dynastie julienne forma avec le père de Romulus un couple tout-puissant, qui présidait aux destinées de la cité’^ On leur rendit des honneurs communs dans le temple de Vénus Genetrix, dans celui de Mars Ultor (flg. 7403), consacré par Auguste’^" (fig. 7-iOi), et dans le Panthéon d’Âgrippa -’. César célébra la consécration du temple de Vénus Gene- trix ^’^ le 26 septembre 708 = 46, par des jeux-’ qui duraient, à l’époque d’.Auguste, sous le nom de Ludi Vicloriae Cae- saris, du 25 au 30 juil- let^*. Auguste, qui pré- sida à tout un mouve- ment patrioti :iue et religieux, dont V Enéide est le plus beau témoignage, prit un soin particulier de ces jeux-°. S’ils ne se maintinrent sans doute pas après la fin de la dynastie, l’étroite liaison, établie surtout par César entre Vénus et la cité, subsista longtemps ; l’empereur Hadrien associait encore Vénus à Ronia dans le fameux Templum Urbis-".

On signale bon nombre d’autres cultes de Vénus à Rome, tels que celui de Venus Calva -’, celui de Venus Salacia, qu’on disait patronne des courtisanes, et qui semble avoir été d’abord une divinité marine-*, celui de Venus Efjuesiris-, déesse qui correspond sans doute à la Pelagia hellénique^". De même que les images sacrées et les rites étaient empruntés aux Grecs", la conception d’Aphrodite, déesse de la beauté et de l’amour s’est de plus en plus répandue à Rome^’^. Cependant le caractère primitif qui se traduisait dans la Vénus italique n’a jamais cessé de se faire sentir, même dans la Vénus hellénisée. La forme capitale,

sur la Colonne Trajanc " comme la statue de culte du temple de la déesse i|ui était le plus important d’Aucôno ...S. Ueiuach, /(ei’. arch. 1903, 1, p. 394, f. 1. — 23 Dio Cass. Xl.lll, 22. — 24 On les nommait aussi Ludi Veiieris Genelricis : cf. Mommsen-.Mar- quardt, Op. c. Il, p. 272. Après la mort do César, sa statue fut érigée dans le temple de la Genefnj ;, qui devint ainsi temple de Vénus et de César (Thédeual, Op.c. p. lui). — 25 Dio Cass. XLV, 6 ; Suel. Amj. 10 ; Mon. Ane. IV, 12 ; cf. Mommscn.Marquai-di, Op.c. Il, p. 91, n. 7 ; ll,p. 21l,n.3 ; VVissowa, Op.c. p. 238, n. 8. C’est Auguste qui fit achever le lemplc de Vénus Genetrix. — 2» Dio Cass. LXIX, 4, 5 ; Preller-Jordan, Op. c. p. 445 et u. l ; Wissowa, Op.c. p. 239 ; cf. p.22 ; de nombreuses monnaies d’An ton in le Pieux, qui représentent cet édifice, portent comme inscription soit liomaeAelernaCy suit VeneriFelici.^. Richter, Op.c. p. 103 sq.— 21 Serv. ad Acn., 720 ; cf. Preller- Jordan, Op. c. p. 447 et n. 2. C’est vraisemblablement une ancienne divinité assimilée à Vénus (Pâuly, Real-Eneycl. p. 2450). — 28 Preller-Jordan, Op. c. p. 418. — ’29 On le disait fondé par Énée (Scol. Il.W, S20 ; Serv. ad Aeu. 1, 720 . Cf. Gruppe, Gr. Myth. p. 1146, n. 7. - 30 Preller-Jordan, Op. c. p. 447. — 31 VVissowa, Op. c. p. 237 ; cf. p. 1 63. — 3â C’est, en particulier, la conception des poètes latins. L’influence grecque se fait aussi sentir chez lesartislos ; Aphrodite se parant {iiehî%^ ’^'andgem. n303- 306) ; (e .y’ U9«mcn( de Paris (llelbig. Op. c. w"’ 1282-80} ; Aphrodite et Adonis (Hclbig, Op. e. n»> 329-331 ; 335-34U). Adonis, d’ailleurs, fut vénéré à Rome (Mommsen-Mar- quardt. Op. c. 1, p. 100). — Bibliographie. Lajard, Jiecherches sur le culte, les symboles, les attributs et les monuments figurés de Vénus en Orient et en Occid. (Paris, 1837) e. Allai (Paris, 1849) ; Scheiffelc, Venus iV3,»^, lieal-Encyclop. VI. Stuttgart, 1.832) ; Alf. Maury, Hist. des religions de la Grèce an/i^i/e (Paris. ! 837- 59), I, p. 484.-496 ; J. Bernoulli, Aphrodite, Leipzig, 1873 ; Decharine, .Vythol. de ta Grèce antique (Paris, 1879), p. 194 etsq. ; Prellcr-Robert, Griech. .Vythol. (Ber- lin, 1877 sq.), p, 345 el sq., et à VInde.r, s. v. ; Roscher et Furlwhngler, Aphrodite (Roscher, Lex. d. griech. undrôm. Myth., Leipzig, 1884S6) ; Tûmpel et Diimmier, Aphrodite (Pauly-Wissowa, fleal-Encyclop. 1, Stuttgart, 1894) ; Otlo Gruppe, GriecA. Myth. und Reltgionsgesch. lOaiidb. d’iwan v. Millier, V, 2, Munich, lUUO) ; E. Curlius, Stadtgesch. e. Athen (Berlin, 1891), it l’Jndex ; A. Moramsen, /"es(e d. Sladt A/Aeii (Leipzig, 1898), à VJndex ; .Martin P. .Niisson, Griech. Feste von relig. Bedeutung mit Ausschl. d. attischen (Leipzig, 1900), à VJndex ; l’nrtwiingler, Meislerwerke d. griech. /’(a.s(i*(LcipzigBerbn, 1893),à l’/i.dca ;; Collignon, Uist. de ta sculpt. grecque (PsLfis. 18115), à l’/ni/cr ; Collignon, Scopns e/ Praxitèle Paris, 1907), àl’/nrfex ; Preller-Jordan, /16m. .Vythol. (Berl. 1881 sq.)l,p. 434etsq. : Momni- sen-Marquardt, Man. d ant. Bom. (trad. Humbert, XII el XIII, Paris, 1889-90) à V Index ; Thédenat. Le forum ttomain (Paris, 1897), à l’Index ; Otto Kichter, Top.der Stadt Bom [Handb. v. Iwan v. Mullor, 111, 3, 2, Munich. 1901), kYln.lex ; a.fii- iav.i,Heliy. und Kulluid- (tiimer [Handb. d’iwan v, Mûllcr, V, 4, }luni( ;h, I90j),